[Chronique] Le testament de Marie – Colm Tóibín

[Chronique] Le testament de Marie – Colm Tóibín

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Mon fils s’était laissé capturer. Au cours des heures que j’ai passées dans cette maison avec ses disciples, j’ai bien vu que, pour eux, c’était dans l’ordre des choses. Son arrestation faisait partie des étapes nécessaires de la grande délivrance qui surviendrait dans le monde. J’ai failli leur demander si cette délivrance signifiait qu’il ne serait pas crucifié, mais libéré au contraire. Je me suis ravisée. Tous ces gens ne parlaient que par énigmes, et j’ai compris qu’aucune de mes questions ne recevrait de réponse claire. J’étais revenue dans le monde des idiots, des bègues, des contorsionnés et des malcontents.
Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas, et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger.

Merci à Net Galley et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture !

Mon avis

Marie, mère de Jésus. Son fils vient d’être crucifié et elle est enfermée chez elle, avec deux de ses disciples qui veulent lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu pour pouvoir écrire ce qui est aujourd’hui le livre le plus lu au monde : la bible. Ils tentent de construire un mythe sur son fils et ses proches, et elle refuse de jouer à ce jeux-là. En attendant la délivrance, Marie revient sur la vie de son fils…

Le testament de Marie est un texte très court (120 pages), mais il n’en a pas fallu plus pour revenir sur les passages visés par l’auteur. Colm Tóibín nous propose ici une autre vision de la vie du fils de Dieu : et si tout n’était qu’une mascarade ? Une vaste blague ? Et si Lazare n’était pas si mort que ça au moment de sa résurrection ? Et si le vin était déjà dans les cruches d’eau aux noces de Cana ? Bien sûr, tout cela nous est conté sous forme de suggestions, et chacun en fait l’interprétation personnelle qu’il veut. L’auteur ajoute également que les apôtres étaient mal vus par Marie et son décrits comme étant des gens un peu simplets, mais avec un mauvais fond :

 J’étais revenue dans le monde des idiots, des bègues, des contorsionnés et des malcontents.
Marie à propos des apôtres de son fils.

Marie n’est pas décrite ici comme la mère du sauveur de l’humanité, mais comme une mère tout ce qui a de plus simple et qui a cherché à protéger son fils de ce qui se tramait dans l’ombre. Elle voyait, selon le point de vue de Tóibín, son fils et ses suivants faire tout un tas de mises en scènes qui l’ont tout simplement menées à sa perte. Jésus était-il au final conscient que cela se terminerait ainsi, ou au contraire a-t-il été manipulé quand le vent a commencé à tourner pour sa petite troupe ?

Racontée du point de vue de Marie, l’histoire est très courte et donc se lit très vite. Mais c’est aussi grâce à l’écriture fluide de l’auteur et une bonne traduction de Anna Gibson. De plus, Tóibín a un vocabulaire riche, mais rien de bien complexe, ce qui rend la lecture agréable.

En bref, Le testament de Marie est une bonne fiction historique qui plaira à tous, et surtout à ceux qui aiment remettre en cause leurs connaissances. Pour ma part, ayant déjà lu la bible, imaginer une autre version de l’histoire ne m’a pas du tout dérangée !

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