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Tag: drame

[Chronique] Cruelles – Cat Clarke

[Chronique] Cruelles – Cat Clarke

cruelles

  • Éditeur : Robert Laffont (2013)
  • Pages : 419
  • Genre : Drame
  • Prix : 17.90€
  • Acheter Cruelles

Lors d’un séjour avec sa classe en Écosse, Alice et sa meilleure amie Cass sont coincées dans une cabane avec Polly, l’asociale de service, Rae, la gothique aux terribles sautes d’humeur et Tara, la reine des pestes. Populaire, belle et cruelle, cette dernière prend un malin plaisir à humilier les autres. Cass décide qu’il est grand temps de donner à Tara une leçon qu’elle n’est pas prête d’oublier. Va alors se mettre en marche une succession d’événements qui vont changer la vie de ces filles à jamais.

Mon avis

Alice King, jeune lycéenne de 16 ans, part en voyage scolaire en Écosse, dans un trou perdu. Sur place, elle partage son chalet avec sa meilleure amie, Cass, une gothique trop renfermée sur elle-même, Rae, une fille totalement asociale, Polly, mais aussi avec Tara, la peste de service, mais aussi la plus populaire. Cass et Polly n’en pouvant plus des humiliations publiques quotidiennes que leur fait subir Tara, elles décident de monter un plan pour lui faire peur. Mais quand Tara meurt pendant l’exécution de ce plan, quelle solution reste-t-il aux filles?

Ce roman porte bien son nom… Cruelles. Parce que c’est cruel ce qui arrive, cruelle est leur décision, cruel est la vie après la mort de Tara. L’histoire s’ouvre sur son enterrement, et à partir de là, j’ai eu qu’une seule envie: celle de découvrir au plus vite comment elle est morte. Et une fois passé ça, on se demande bien comment les filles vont faire pour garder le secret, certaines vont changer après ça…

Je n’ai pas vu les 400 pages passer, Cat Clarke nous emmène avec elle dans ce drame, sans nous lâcher une seule seconde. L’histoire est plutôt bien écrite, fluide, allant à l’essentiel. Que dire de plus? Je n’ai vraiment aucun point négatif à soulever de ce côté là, si ce n’est qu’une coquille qui s’est glissée dans le texte, inversant les personnages Polly/Rae pendant un très court moment.

J’ai totalement adoré le personnage d’Alice, totalement torturée par ses sentiments et le drame, qui ne sais plus où donner de la tête. Plus elle en apprend sur cette histoire sordide, plus on sent son désespoir et son envie d’en finir avec ce lourd secret. Sans vouloir spoiler, je m’étais imaginé une fin totalement différente pour Alice, autant dire que celle-ci m’a surprise, mais j’en reste tout de même satisfaite.

En bref, pour une première plongée dans les romans de Cat Clarke, je suis ab-so-lu-ment satisfaite et très contente! Merci beaucoup à ma binôme Cece de m’avoir aider à sauté le pas en me le choisissant pour notre lecture mensuelle !

[Chronique] Cercles – Sylvain Matoré

[Chronique] Cercles – Sylvain Matoré

cercles

  • Éditeur : Alma (2014)
  • Pages : 207
  • Genre : Drame
  • Prix : 17€
  • Acheter Cercles

«Quels que soient les hasards heureux ou les embûches, le cercle se refermera inévitablement.»
Paris. Avec leur grosse voiture, deux malfrats en fuite propulsent un jeune homme ad patres. Ils appartiennent à la mafia serbe qui les exfiltre de l’autre côté des Pyrénées au service du boss local. Leur mission : augmenter le rendement de trois prostituées. L’une d’elle s’appelle Irina.
Pendant ce temps, à Paris, Camilla, la sœur du jeune tué, reste anéantie par la mort de ce frère qui donnait un peu de couleur à son existence. Elle vivotait, elle ne vit plus. Elle se lance dans la nuit, boit, se shoote…
Irina et Camilla ne se rencontreront pas. Chacune affronte un cercle de la violence déchaînée par les autres. Leur communauté de destin s’arrête là. Car chaque cercle impose sa trajectoire et ses épreuves.
Poste d’observation du déclin, Cercles se joue sur deux scènes, en alternance. Et voit sept personnages – presque mercenaires – sombrer dans une spirale dantesque. Tantôt affûtée, clinique ; tantôt adoucie, arrondie, l’écriture de Sylvain Matoré puise son rythme dans son expérience musicale. Un premier roman qui s’inscrit résolument dans la lignée de l’école réaliste américaine. Réinventée.

Mon avis

Cercles, c’est l’histoire de sept personnes qui ne se connaissent pas. Certaines passent dans la vie d’un autre, mais pas très longtemps. Cercles, c’est aussi l’histoire de Camilla et Irina. Elles ne se rencontreront jamais, mais leur histoire est liée. Camilla vient de perdre son frère, mort dans un accident de la route, fauché par deux hommes de la mafia Serbe. Elle est détruite, et tombe dans l’alcool et la drogue. Irina est une prostituée en Espagne. Elle et ses collègues ne sont pas très rentables, leur mac est trop doux avec eux, estime le boss. Pour faire avancer les affaires, leur boss, Sergio, leur envoie les deux Serbes, le temps que la police et les médias les oublient. Un peu comme des consultants extérieurs, ils vont apprendre à Andrès, le mac qui travaille pour Sergio, à diriger d’une main de fer les trois prostituées qu’il a sous ses ordres…

Nous passons un chapitre sur deux avec Camilla à Paris, et le reste avec Irina et les Serbes en Espagne. La partie avec Camilla est une longue descente dans le monde de l’alcool et de la drogue, sur la pente de la folie suite à la mort de son frère. Dépression, tristesse, hallucinations visuelles et auditives, Camilla est perdue, seule, sans rien pour l’aider à remonter, si ce n’est que le sachet de poudre qui traîne dans son sac. Avec Irina, nous découvrons sa vie de prostituée Russe, subissant jours après jours les menaces et les violences des Serbes, qui ne sont pas là pour faire dans le sentimental. Autant Andrès la protégeait, autant ces deux là ne sont là uniquement pour qu’elle ramène de l’argent. Nous découvrons avec Irina une battante, qui ne se laissera pas abattre par ce qui lui arrive, quoi qu’il lui en coûte.

On peut tenter de l’oublier, l’ennui, de passer à autre chose, on s’assomme chaque soir d’alcool et de drogues pour tenter de s’en débarrasser. Mais le lendemain matin il revient de plus belle, il vous guette dès votre réveil et ne vous quitte plus. Alors le soir suivant on augmente les doses, puisque la quantité de la veille ne suffit plus pour l’oublier aujourd’hui.

Cercles se lit très vite (lu en une journée). Fluide, nous sentons tout de suite où l’auteur veut en venir avec ses deux personnages qui sont aux antipodes l’une de l’autre: l’une combattante, l’autre qui baisse les bras, Sylvain Matoré nous décris avec brio dans quel état d’âme se trouvent ces deux jeunes femmes, ont ressent la détresse qui les animent. C’est un roman coup de poing, qui mène à réfléchir, qui donne envie d’aider ces femmes, détruites par la vie. C’est un récit qui se veut mature, avec quelques touches d’humour bien placées. On peut noter une touche poétique dans les descriptions de lieux, qui donne envie d’en savoir plus sur l’endroit où nos deux personnages principaux se trouvent.

En bref, j’ai passé un bon moment avec ce livre, Sylvain Matoré est un auteur que je vais dorénavant suivre. Merci à Alma éditeur et au forum Have a Break, Have a Book pour ce partenariat.

[Chronique] Lucie ! – Joe S.R.

[Chronique] Lucie ! – Joe S.R.

lucie

  • Éditeur : Chemin Vert (2014)
  • Pages : 262
  • Genre : Romance contemporaine
  • Prix : 23€
  • Acheter Lucie !

« La salle des pas perdus était fraîche. Ce fut un soulagement pour Lucie qui craignait que la montée de tension qu’elle avait connue, en voiture, ne se lise au travers de sueurs gênantes et ne s’amplifie au tribunal.  » Lucie, femme brillante, avocate, mariée, disciplinée, se réveille brutalement de son mode de vie au détour d’une rencontre avec un homme. Une histoire d’amour courte mais intense qui explose sa lecture du monde et du sens de la vie. Lucie plonge alors dans le désordre, connaît une révolution faite d’espoirs, de chutes, de prises de risques, de colère, d’addictions : une dépression qui altère puis rend crue et cruelle sa lecture de la Vie.

Mon avis

Lucie, avocate, n’a jamais su dire non. Quand ses parents ou Baptiste, son mari, choisissent limite à sa place son orientation professionnelle, elle ne dit pas non. Quand Baptiste choisit tout à sa place ou lui fait comprendre que ses choix à elle ne sont pas bons pour lui, pour sa carrière, son ambition, avec son petit air de manipulateur pour la faire culpabiliser, elle ne dit pas non. Quand il lui dit qu’il ne veut pas d’un boulet et que de ce fait elle ne doit pas se contenter d’un petit boulot minable comme pigiste pour un journal, elle ne dit pas non également, Lucie lui mange dans la main. Mais un jour, le déclic, elle a besoin d’autre chose, alors elle se laisse glisser dans les bras de collègues du barreau, tombe amoureuse, se sent revivre ! Elle veut un enfant d’un de ses amants, elle veut quitter Baptiste, mais rien ne se passe comme elle l’avait prévu… Alors, Lucie se laisse dériver tout doucement dans une dépression dans laquelle elle s’enfonce petit à petit. Entre antidépresseurs, anxiolytiques et alcool, une idée fait son chemin: la vie ne vaut pas le coup, alors autant en finir.

Nous suivons Lucie dans sa descente aux enfers, nous vivons ses déceptions face à toutes ces situations et son long chemin dans sa préparation ultime, celle de son suicide. Ce roman transpire l’amour à sens unique, la tristesse et la dépression. On prend Lucie en pitié, on a envie de l’aider. On vit le désarrois de ses proches, leurs questions, leur envie de découvrir pourquoi elle en est arrivée là, on a envie de leur souffler les réponses… Ce n’est pas une nouvelle dont on sort indemne.

J’ai eu envie de donner des claques à Baptiste, tout chez lui m’énerve. Sa suffisance, ses ambitions qui passent avant sa vie de couple, le fait qu’il n’écoute pas Lucie alors qu’il est médecin, sa façon de la faire culpabiliser pour qu’elle accepte tous ses petits caprices, c’est le genre de mec insupportable qu’on a pas vraiment envie d’apprendre à connaître.

L’écriture de l’auteure est fluide, on se laisse transporter assez facilement dans la vie de Lucie, mais le style trop fouillis gâche presque tout. Il n’y a pas vraiment de fil conducteur, pas de chapitres, juste des suites de paragraphe qui n’ont pas souvent un rapport avec les précédents. En effet, on parle pendant un temps de Baptiste, celui d’après de la dépression et l’envie suicidaire de Lucie, pour revenir ensuite aux amants, et même si nous n’avons plus aucune raison de parler de Baptiste, l’auteur nous cale des flashbacks sur lui, et c’est à peu prêt la même chose sur tous les sujets. Comme si l’auteur se disait « tient, j’ai pas assez parler de la grossesse de Lucie, je vais mettre ici un paragraphe dessus, pour revenir après sur son envie de suicide, puis là tient, j’ai envie de parler de Baptiste alors que Lucie ne pense pas du tout à lui, et là, tac les amants reviennent, et tac suicide, et tac on creuse le sujet des amants et de détails dont on ce serais bien passés. » Sans tout ces retours qui n’ajoutent rien de plus à l’histoire, on pourrait aisément enlever une bonne centaine de pages. Passé la moitié de cette nouvelle, j’en ai eu vraiment marre de ces flashbacks inutiles, ça devenait vraiment lourd.

Quant à la fin, on s’y attend largement, ayant un paragraphe à ce sujet au tout début de ce roman (quand je disais qu’il n’y avais pas de fil conducteur…), donc c’est sans surprise que l’on ferme ce livre, qui même si j’ai eu pitié de Lucie, eu envie de gifler Baptiste et aider leur proches, ne m’a pas plus touchée que ça.

Merci au forum Have a Break, Have a Book et aux éditions Chemin Vert pour ce partenariat.

[Chronique] Bubble Gum – Lolita Pille

[Chronique] Bubble Gum – Lolita Pille

bubble gum

  • Éditeur : Grasset, Le livre de poche (2004)
  • Pages : 281
  • Genre : Drame contemporain
  • Prix : 6.10€
  • Acheter Bubble gum

De nos jours, Cendrillon s’ennuie à servir des pastis dans un bistro de province. Le bal dont elle rêve, c’est celui des photos de mode, du cinéma et de la presse people. Ce rêve, Manon va s’efforcer de le réaliser. Elle est jolie, et il ne lui faut qu’un peu d’audace et une robe empruntée pour se glisser dans les soirées parisiennes de la jet set, où elle rencontre Derek, un milliardaire désabusé qui grille sa vie entre la drogue, l’alcool et les orgies. C’est cet homme qui va lui tendre un piège terrible, l’amener au bord de la déchéance et de la folie… La très jeune romancière de Hell, grand succès de librairie déjà traduit en cinq langues, décrit avec une lucidité impitoyable un monde où chacun est prêt à se damner pour un quart d’heure de gloire. Elle impose un tempérament d’écrivain avec lequel, indiscutablement, il va falloir compter.

Mon avis

Quand on me parle de romance contemporaine ou que je lis un livre de ce style, je ne jure que par Lolita Pille. J’ai lu Hell, je suis tombée amoureuse. J’ai lu Bubble Gum, je demande l’auteure en mariage sur le champ. Lolita Pille me fournit ce que j’aime en moins de 300 pages: des romances chaotiques qui se finissent toujours mal, des gens torturés, des gens qui torturent d’autres pour le plaisir… Et qu’est ce que j’aime ça!

Dans Bubble Gum, nous suivons Manon, une jeune provinciale qui rêve de quitter sa petite bourgade pour Paris. Un vacancier, George, lui amène cette solution sur un plateau d’argent, il la veut en tant que mannequin pour Vanity, à la condition qu’elle monte à la capitale. Alors le jour de ses 21 ans, Manon se fait la malle et s’installe à Paris, mais George ne veut pas d’elle. Plus d’avenir fait de strass et de paillettes, elle finit serveuse, sous les ordres d’un homme qu’elle nommera « l’Ordure ». Elle va croiser la route de Derek, bientôt la trentaine, milliardaire. Il s’ennuie, alors pour s’occuper, il a trouvé un jeu: il va choisir quelqu’un, puis le détruire mentalement, tout doucement. Et ce quelqu’un, ce sera Manon…

Manon était prête à croire en n’importe quoi, elle avait des yeux, mais elle ne voyait rien, puisqu’elle ne voulait rien voir

La lente montée dans la folie est juste sensationnelle, voir Manon tomber petit à petit est un sacré spectacle, mais Derek n’en sort pas indemne non plus, il tombe lui aussi un peu plus dans la folie, sachant qu’il était déjà bien enfoncé dedans. On les accompagnent tous les deux, dans ce qu’ils appellent un « couple », un couple où l’amour est à sens unique, même infiniment petit, ce sentiment est là, bien présent. Drogues, orgies, alcools, chirurgie esthétique, le monde de Manon n’est plus que superficialité et anti-dépresseurs, pour la plus grande joie de Derek.

Dans ce monde, des millions d’êtres, relativement normaux, donc plutôt laids et plutôt bêtes, comme le veut la norme, revendiquaient leur droit d’aller montrer leur laideur et leur bêtise à des millions d’autres êtres laids et bêtes, qui se délectaient du pathétique de leurs semblables, ignorant qu’en fait d’écran, il n’y avait qu’un miroir.

Ce roman, très fluide, nous amène à nous poser des questions, sur n’importe quel sujet, délirant ou non. Le seul petit bémol est qu’à la fin, Manon a une arme, un revolver. Six balles donc, mais en tire carrément le double, si ce n’est le triple, sans recharger une seule fois. Petit bémol qui a son importance concernant la conclusion finale de l’histoire, mais je suis prête à passer au dessus de ça. Le suspens est à son comble tout le long de l’histoire, on tombe de haut, on remonte avec Manon pour retomber plus bas avec elle, jamais je n’aurais deviné la fin que Lolita Pille a prévu pour Derek et Manon.

Était-ce la télé qui faisait le con, ou le con qui faisait la télé? On pouvait tester son couple à déjeuner, et son inculture à dîner. Des gamines de huit ans voulaient être sexy. D’autres n’avaient trouvé pour se faire remarquer que de revendiquer leur droit de porter le voile au lycée. Finalement, à l’école, on a bel et bien interdit le port du voile, et celui du string aussi.

En bref, encore un bon moment de passé avec un roman de Lolita Pille, le suspens est à son comble, des personnages torturés, tout c’que j’aime!

[Chronique] Des vacances de rêve – Grand Petit Plus

[Chronique] Des vacances de rêve – Grand Petit Plus

des vacances de rêve

  • Auto-édition (2014)
  • Pages : 43
  • Genre : Fantastique, horreur
  • Plus édité

La respiration de Mélanie devint plus régulière, plus lente : elle se rendormait déjà. Compte tenu de sa fatigue, Jack aurait bien aimé suivre le même chemin : se jeter, sans frein, dans le gouffre du sommeil après avoir dévalé, tel un parapente, sa conscience en trois quatre foulées. Sauf qu’il y avait un frein. Une question. Une drôle de question qui faisait comme une rallonge à la piste d’envol. Une sacrée rallonge puisqu’il n’en voyait même pas le bout. Et qu’y avait-il à son extrémité ? Quelque chose ? Rien du tout ? Quoi d’autre ? Une main ? Tranchée net alors, et au niveau du poignet encore ? En train de faire de l’auto-stop sur le bas-côté ? Avec la ferme intention de monter en route ? Histoire d’accompagner Jack sur le long, le très long chemin qui mène au repos ? Et que poserait-elle comme question, cette main ? Une question simple : pourquoi cette angoisse Jack ? Pourquoi regardes-tu comme ça dans le rétroviseur ? Comme si j’étais là, sur la banquette arrière, en train de te parler ? Je pourrais t’agripper la nuque et te griffer avec mes ongles crochus ? Mais ce n’est pas possible Jack ! Ton esprit dérape ! Tu perds le contrôle ! Ta grosse poubelle qui te sert à penser est en train de quitter la route Jack ! Tu sais où ça conduit une direction assistée par la PEUR ?

Mon avis

Jack est en vacance à Saint-Malo avec sa femme, Mélanie. Le soir venu, Jack rejoint sa femme dans son lit, qui dort déjà. Soudain, elle s’agite, crie, se débat, hurle. Mélanie est en plein cauchemar. Une fois que Jack a réussi à la réveiller, elle lui explique ce qu’elle a vu : une main décharnée lui griffait le dos, une main de cadavre. Avant de se recoucher, Mélanie lui demande de regarder sous le lit, Jack s’exécute et croit y voir la forme d’une main. Choisissant de ne rien dire à sa femme, il se recouche. Le lendemain, au moment de lui passer de la crème solaire sur le dos, il remarque de longues griffures le long de sa colonne vertébrale… Et si ce n’était pas seulement un rêve ?

Jack voit déjà des signes avant-coureur d’un quelconque esprit qui cherche à rentrer en contact avec les êtres vivants au stade où il a réveillé Mélanie. Bon. Quand il rentre chez lui et voit une lettre de l’ancien locataire qui a vécu la même chose et qui pense comme lui, il y croit également, mais pas une seule inquiétude sur le fait qu’un homme qu‘il ne connait pas est rentré dans son appartement pour lui laisser une lettre dans laquelle il avoue avoir le double des clés. En bref, notre personnage principal est naïf.

La découverte des cadavres me laisse perplexe, avec un sentiment de « comment c’est trop pas possible ». Disons que si je dormais sur un matelas dans lequel il y a deux corps, niveau confort, ça se sentirait. Et puis des corps frais de trois mois, ça m’étonnerait que ça sente la rose là dedans… Des détails, mais des détails hyper flagrants.

Côté fluidité, ce n’est pas trop ça. Le résumé (qui est en faite un extrait du livre) en est un parfait exemple. Un autre exemple est que dans la première moitié, l’auteur nous colles des parenthèses à toutes les sauces :

C’est un peu étroit (Jack était très grand), un peu bas de plafond (c’était un ancien basketteur), limite oppressant (avec ses 1m95, tout plafond qui ne faisait pas 3 mètres de hauteur le rendait nerveux), mais très dépaysant.

C’est vraiment dommage, car derrière tout ça on sent une volonté de l’auteur de bien faire, les passages de terreur font peur, les personnages ont leur caractère propre, le speech de départ est original (du moins pour moi, c’est ma première lecture de ce style). Chaque passage n’est pas assez poussé, ce qui mériterait que l’on s’attarde dessus est juste résumé en quelques phrases. D’accord, c’est une nouvelle, mais ce n’est pas une raison pour ne pas étayer son récit quand même. J’ai aussi tiqué sur le langage un peu trop familier, avec ses « un chiotte, merde, pisse, putain » à toutes les sauces dans la première partie de la nouvelle, qui ne font pas parti des dialogues, mais de la narration de l’auteur.

En bref, une petite lecture qui se laisse lire en même pas 30 minutes, une bonne idée de départ qui aurait pu me séduire sans tous ces petits défauts, que l’on pardonne à l’auteur étant donné que c’est son tout premier livre. C’est en forgeant que l’on devient forgeron, de ce fait je souhaite bonne chance et bon courage à l’auteur et le remercie pour ce partenariat, ainsi que le forum Have a Break, Have a Book.

[Chronique] Derrière toute chose exquise – Sébastien Fritsch

[Chronique] Derrière toute chose exquise – Sébastien Fritsch

derrière toute chose exquise


Depuis près de vingt ans, Jonas Burkel photographie toujours la même femme ; seul le prénom change. Mais plus que les brunes longilignes au regard perdu, il semble que son vrai grand amour soit ses habitudes : ses disques de piano jazz, ses errances dans Paris… et ces corps féminins dociles et invariables.

La fille qu’il découvre dans un train de banlieue, accrochée à un roman d’Oscar Wilde, semble la candidate idéale pour prolonger la série : il oublie immédiatement son précédent modèle, imagine déjà sa nouvelle conquête devant son objectif, dans des rues sombres, sous la pluie, sous ses draps…

L’idée qu’une femme puisse refuser son petit jeu sentimental ne lui traverse même pas l’esprit. Mais comment pourrait-il deviner que, tout comme lui, la lectrice du train n’accepte aucune règle sinon celles qu’elle invente ? Et que tout ceux qui l’approchent doivent s’y plier ; jusqu’à y jouer leur vie.

Mon avis

Nous sommes le 15 février 1993. Jonas Burkel, quarantenaire et photographe, rentre d’un de ses nombreux voyages à Meaux pour son chez lui, à Paris. A peine monté dans le train qu’il la remarque. Grande, brune, elle ressemble à ses trente exs, trente femmes qui se ressemble toutes. Le nez plongé dans Le portrait de Dorian Gray, elle se laisse aborder par notre photographe qui est déjà sous le charme, qui lui laisse sa carte au cas où si elle aurait voulu poser pour lui. Une fois chez lui, elle l’appelle n’ayant nulle part où dormir, alors Jonas l’accueille chez lui, le temps d’une nuit. Sa vie s’arrête quand la jeune femme part de chez lui, sans jamais le recontacter… Un véritable jeu du chat et de la souris se lance, complètement romanesque, poétique et cruel.

Quand on se lance dans cette lecture, il est impossible de s’arrêter. On est pris dans la spirale des sentiments qu’éprouve Jonas, mais un Jonas malade, qui aurait écrit toute cette mise en scène, ou un Jonas réellement amoureux, pris dans l’engrenage infernal de la jeune fille au livre ? L’histoire est parsemée de longues descriptions poétisées, imagées, qui empiètent par moment sur l’histoire, mais qui ne nous dérangent pas plus que ça. C’est fluide, court, incisif, on voit où l’auteur veut en venir sans forcément deviner de quoi retourne le dénouement final.

J’ai beaucoup aimé comment les personnages étaient décrit, on ressent bien leur état d’esprit au moment où on les rencontre. Que ce soit Margot, la fille qui au bout de quatre ans n’arrive pas à se faire à l’idée que Jonas l’ai quittée pour une autre -comme d’habitude-, Kelly, sa seule amie, la seule femme qui le comprend, ou Emmanuelle, que j’ai trouvé un peu trop naïve, voir même Jonas en lui-même, ce photographe de quarante ans qui découvre enfin l’amour -le vrai, l’unique-, et qui n’arrive plus à faire quoi que ce soit de ses journées depuis que la jeune liseuse est partie vivre à l’hôtel, en dehors d’écouter Angel Eyes de Oscar Peterson, fumer des lucky en buvant un verre de whisky, tout en regardant ce que font ses voisins d’en face par la fenêtre, tout en repensant à elle.

En bref, un bon petit roman noir, teinté d’amour, de poésie et de drames, qui se lit vite. Un très bon moment passer en compagnie de Jonas avec qu’une seule interrogation : une suite verra-t-elle le jour ? En tout cas, je vais m’intéresser de plus près des autres ouvrages de l’auteur, qui me semble prometteur. Je tenais aussi à remercier le forum Have a Break, Have a Book et l’auteur, Sébastien Fritsch pour ce partenariat 🙂

[Chronique] Mal dans la peau – Ghislaine Bizot

[Chronique] Mal dans la peau – Ghislaine Bizot

mal dans la peau


Marie et Carole, deux amies d’enfance originaires de Lille, se trouvent séparées quand Carole part vivre avec son mari Fabrice dans un petit village retiré de l’arrière-pays niçois. Elles décident alors de s’écrire, mais au cours de ces échanges, la Carole que Marie connaissait si bien semble peu à peu s’effacer… Que lui arrive-t-il et quel secret cherche-t-elle à cacher derrière ces mots si minutieusement pesés ?

Mon avis

Mal dans la peau est la deuxième publication des éditions Calepin, maison d’édition qui m’avait déjà séduite l’année dernière par sa toute première publication, Les ailes brisées de Marie Liondor. J’ai donc suivi attentivement leurs dernières nouveautés et quand j’ai vu les couvertures des trois derniers bébés-calepin, j’ai craqué (oui, je suis faible et il m’en faut très peu pour me convaincre). J’avais à peine survolé les résumés que j’avais déjà cliqué sur le bouton « commander » . En bref, je suis une acheteuse compulsive qui ne s’améliore pas en ce qui concerne ses achats livresques, mais alors pas du tout.

Mais revenons à nos moutons -notre mouton-, Mal dans la peau. Ce oneshot nous jette en pâture un petit paquet de lettres écrites entre deux femmes, Marie et Carole, leurs textos, leur rencontre et aussi les lettres entre Carole et sa mère. Carole est partie vivre avec son mari, Fabrice, dans la campagne niçoise, au milieu de rien, dans un petit village d’à peine 200 habitants, pas de boutiques, une mairie jamais ouverte et une heure de route pour avoir une boutique convenable. Pas moyen d’avoir de téléphone fixe, pas internet et pas de réseau pour pouvoir recevoir le moindre petit texto, bref le genre de vie pas du tout trépidante qui ne me fait absolument pas rêver.

Mais cet éloignement de pas moins de 1000km, Marie, sa meilleure amie, le vit mal et décide donc de commencer une correspondance avec Carole pour pouvoir avoir de ses nouvelles, à l’ancienne. Correspondant moi-même avec plusieurs amies depuis presque deux ans, j’ai aimé le principe et je n’étais absolument pas déboussolée. Marie découvrira son amie sous un nouveau jour et la verra entamer doucement la spirale, ou devrais-je dire la descente aux enfers qu’est la violence conjugale… Rejet, négation, culpabilité, déprime, mensonge, avec sa meilleure amie nous verrons Carole se renfermer.

Il n’est pas écrit clairement que Carole subit ces violences, mais on nous les suggère. Comme Marie, nous lisons entre les lignes et on imagine ce qu’elle ne voulait pas nous dire, ce qu’elle pense nous cacher, on pense au pire et on est révoltés, on veut qu’elle s’en sorte – qu’elle se sorte de là – , on est derrière elle en train de crier : « Mais punaise Carole prend ton sac et barre toi quand il est boulot, bouge toi ! », mais au final on reste impuissant, comme Carole, il nous reste plus qu’à espérer.

Mal dans la peau n’est pas un coup de coeur, mais assurément un livre génial qui donne matière à réflexion et dont nous n’en sortons pas indemne, à l’instar de Hell de Lolita Pille. Premier livre pour adulte de Ghislaine Bizot, il est clair que si elle continue d’écrire des livres de ce style, je suivrais sans hésiter cette auteure au talent qui me semble prometteur.

Petit bonus : la véritable fin n’est pas dans le livre ! Et oui, Carole elle-même écrit à ses lecteurs qui souhaitent connaître le mot de la fin ! Le bonus est en vente sur le site des éditions Calepin et je crois bien que je me laisserais tentée 🙂  Je pense que j’en parlerais sur la page Fb du blog ou que j’éditerais cet article quand je l’aurais reçue, en attendant bonne lecture à tous !

Edit du 05/02/2014: J’ai reçu la lettre de Carole (4 pages recto-verso) où l’on apprend ce qu’elle est devenue pendant ces 14 dernières années, mais aussi ce que Marie est devenue. Il est possible à la suite de cette lettre de répondre à Carole, mais pour moi l’histoire s’arrête ici. J’ai adoré le concept en tout cas, et je ne peux que vous conseiller de prendre la lettre si vous commandez le livre!