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Tag: racisme

[Chronique] Cathy’s Key – S. Stewart, J. Weisman & C. Brigg

[Chronique] Cathy’s Key – S. Stewart, J. Weisman & C. Brigg

cathy's key

  • Éditeur : Bayard (2009)
  • Pages : 380
  • Genre : Science-Fiction, Horreur
  • Prix : 9.90 €
  • Acheter Bird Box

Il y a six mois, j’ai découvert que mon copain est immortel. Il y a trois jours, une inconnue m’a volé ma vie. Il me reste une chance de la récupérer…

Mon avis

Cathy et Victor doivent vivre chacun de leur côté. Ils n’ont plus le choix, avec la menace de l’Ancêtre Lu, que de faire ce qu’il décide. Tandis que Victor planche dans les laboratoires de Lu sur l’immortalité, Cathy tente de trouver la vérité dans cette histoire et, accessoirement, arriver à garder un travail plus de trois jours.

C’est une relecture cette fois-ci, et cette saga m’a filée un sacré coup de vieux ! Il y a beaucoup de choses que je n’avais pas remarqué lors de ma première lecture, quand j’avais 15-16 ans. Des propos qui me paraissaient normaux, et aujourd’hui… Plus tellement. On va y revenir.

Mais revenons à ce deuxième tome, qui reste très cohérent. Suite directe du premier, on repart très vite sur le vif du sujet : l’immortalité, les menaces TsaoLu. Et pour cela, Cathy part à la rencontre de Tatie Joe, une voyante extralucide qui connait la suite de tout ceci. Mais c’est là où je commence à tiquer. Quand Tatie Joe est appelée « La grosse black » par les auteurs. C’est un biais raciste que je n’avais pas remarqué à l’époque, et je suis restée interloquée sur sa présence ici.

La valse des clichés sociaux et racistes

Mais en y réfléchissant, depuis le début, des clichés racistes… Il y en a. Il suffit de prendre le personnage de Emma Cheung, sur lequel on revient qu’elle est très très forte en math. Aurais-je besoin de préciser que Emma est d’origine chinoise ? Pour continuer sur les clichés, la famille de Jewel remporte la palme également. Famille nombreuse sans le sou, où un des parents boit tandis que l’autre se drogue, ou les deux à la fois. Un frère violent, une Jewel menteuse et voleuse. Tous deux possédant un casier judiciaire… Et puis le comportement très cliché de Dany envers sa soeur, qui se permet de dire que lui seul peut frapper sa soeur et que son seul salut c’est d’aller faire l’armée… C’est un grand non.

C’est dommage – vraiment – car c’est une saga qui brille par son originalité : aller chercher les infos sur internet ou en téléphonant, envoyant des mails… C’était osé et le pari est réussi. Après tous, les deux auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai et le coup de crayon de la dessinatrice fait le boulot. Mais plusieurs semaines après ma lecture, je n’arrive pas à me retirer ça de la tête. Bon aller, il y a 2-3 punclines féministes mais ça ne suffit pas à rattraper tout le reste.

En bref, c’est un livre qu’on présente aux ados, écrit par des hommes blancs qui ont une vision très réductrice et emplie de clichés. C’est vraiment dommage, parce que l’histoire reste bonne.

[Chronique] Je m’appelle Leon – Kit de Waal

[Chronique] Je m’appelle Leon – Kit de Waal

Je m'appelle Léon


Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop. Heureusement Leon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Leon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action…

Merci aux éditions Kero pour cette lecture !

Mon avis

Leon a 9 ans quand son petit frère Jake vient au monde. Mais très vite, il se retrouve à devoir s’occuper de lui à la place de leur mère car elle ne se lève plus, ne mange plus, ne se lave plus. Elle fait une dépression. Alors les enfants sont placés, et Jake part rejoindre une famille d’accueil. Car il est blanc, et Leon est métis dans un pays qui pratique la ségrégation…

Je m’appelle Leon était très intriguant, de part sa couverture (que j’adore), et son résumé. Mais au final, je me suis lassée et je suis passée à côté. Tout a commencé avec le ton enfantin employée qui m’est vite passé au dessus de la tête. Après la première centaine de pages, j’étais déjà plus réticente à retourner à ma lecture en me souvenant la plume de l’auteure. Et puis les longueurs sont vite arrivées, et je me demandais où j’allais.

Puis il a été question des personnages. Seul Leon est abouti. On ressent son mal-être qu’il exprime comme il le peut (colère, mensonges, vols…). Pour les autres, l’auteure n’est pas allée au bout des choses. Il leur manque quelque chose, pour les rendre moins lisses, moins prévisibles. On ne rencontre que des adultes, tous construits sur le même schéma : au début ils plaisent à Leon, il a un intérêt pour eux, puis le déçoivent à des degrés différent.

Quant au sujet du racisme, ce n’est qu’une notion au début, des sous-entendus. Et plus on avance, plus Leon grandit et plus on touche à des questions plus sérieuses (émeutes, violences policières…). Mais on reste encore une fois trop en surface, l’auteure ne va pas au bout des choses. J’ai eu l’impression qu’elle faisait en sorte de rester en retrait de son histoire, de l’Histoire…

Mais globalement, je suis passée à coté de l’intrigue. Car j’attendais le fameux moment du résumé de la quatrième de couverture, où « Il [Leon] décide de passer à l’action », qui arrive tellement tardivement, et d’une façon dont je ne m’attendais pas – je ne l’attendais plus – que j’en étais plus déçue qu’autre chose.

En bref, j’en attendais tellement plus. J’attendais des personnages aboutis, la question du racisme traitée plus au profondeur, au final je suis restée en surface du début à la fin malgré des thèmes qui me plaisent en général.

[Chronique] La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

[Chronique] La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

la couleur des sentiments


Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. 

Mon avis

Eugenia Phelan, surnommée par tous Skeeter, revient à Jackson, Mississippi, après plusieurs années d’études. Elle découvre que sa bonne, Constantine, n’est plus chez ses parents, et personne ne veut lui dire pourquoi. Elle va rencontrer Aibileen, la bonne de son amie Elizabeth et va lui proposer d’écrire un livre sur sa condition de bonne, les bons comme les mauvais côtés. Aibi va alors mettre Skeeter et Minny en contact, une autre bonne qui n’a pas sa langue dans sa poche…

J’ai lu La couleur des sentiments grâce à un book club sur Madmoizelle, et sans lui ce livre serait resté bien un an ou deux dans les méandres de ma wishlist. Je regrette presque d’avoir attendu si longtemps avant de me lancer dans ce pavé !

On suit les points de vue de Skeeter, Aibileen et Minny, ces trois femmes qui vont faire bouger les choses. Mais il faut replacer le contexte : 1962, en pleine ségrégation, les mouvements contestataires sont de plus en plus nombreux et Rosa Parks comme Martin Luther King deviennent des exemples, des figures, un espoir pour ces noirs opprimés. On ressent les tensions entre les communauté blanche et noire, au point d’éclater : violence, meurtres… Et surtout, on voit la difficulté à dénoncer le racisme dans une société qui se complaît dans cette violence et l’asservissement des autres.

Et Skeeter ne va pas être aidée dans sa tâche ! Bien qu’elle soit blanche, tout son entourage veut la marier, y comprit sa mère qui pense – avec effroi – que sa fille est lesbienne. Son amie Hilly va se révéler être une vraie peau de vache. Influente, elle n’hésite pas à se servir de son statut social pour dicter la vie des autres, renvoyer des bonnes qui ne sont pas à son service et pourrir consciencieusement la réputation des gens qu’elle a dans le collimateur. Mais heureusement, Aibi et Minny seront là pour l’épauler à leur façon.

La couleur des sentiments est un livre bien écrit, fluide, son auteure a un vocabulaire riche. Kathryn Stockett arrive à faire passer tellement de sentiments et d’émotions que nous nous retrouvons avec un livre très humain, fort, et émouvant. La fin est ouverte, mais on peut aisément deviner ce qui se passerait si une suite existait, on ne se retrouve donc pas frustrés un seul instant !

En bref, La couleur des sentiments est un livre qu’il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie, très prenant et captivant. Nos trois femmes nous emmènent découvrir un moment de l’histoire qui n’est pas si loin que ça, a ne pas oublier. A lire de toute urgence si ce n’est pas déjà fait !

[Chronique] Le retour de l’aube – Malorie Blackman

[Chronique] Le retour de l’aube – Malorie Blackman

le retour de l'aube


Tobey est amoureux de Callie. Fou amoureux. Pour son anniversaire, il veut lui offrir un cadeau digne d’elle, un cadeau de valeur. Alors il va accepter le pire : effectuer une livraison pour le gang de McAuley. En échange d’un peu d’argent. Un peu d’argent qui le conduira directement en enfer…

Mon avis

Callie et Tobey sont amis et scolarisés ensemble, plusieurs mois après l’explosion de l’hôtel qui clôturait le troisième tome – et l’histoire tout simplement, de cette saga. Mais Malorie Blackman n’a pas dit son dernier mot et revient avec un Tobey amoureux de Callie, mais qui est fauché. Le jeune homme, rêvant d’offrir les plus belles choses à son amie, accepte de livrer des colis pour un ami, contre un peu d’argent, sans savoir que cela le changerait à jamais…

Bien que j’ai eu des coups de cœurs pour les trois premiers tomes, ce dernier me laisse dubitative. C’est clairement du fan service assumé. Si l’auteure s’était arrêtée au troisième tome, on ne lui en aurait pas voulu, vu que l’histoire s’arrête-là et que le quatrième tome part sur une autre histoire qui n’a plus rien à voir avec la saga originelle. Ici la ségrégation n’existe plus (quelques mois seulement se sont écoulés entre les deux derniers tomes), aucun stigmate de ces évènements, alors que la ségrégation était omniprésente avant, là on a juste une guerre des gangs qui se servent de gamins et c’est tout. Aller, d’un côté ils sont nihils, de l’autre primas, mais ça ne colle toujours pas puisque des nihils bossent chez les primas, et inversement.

Franchement, si vous arrêtez votre lecture au troisième tome, vous ne ratez rien. Et pourtant, ce dernier tome reste bien écrit, c’est fluide, mais ça s’arrête-là. Je ne reconnais pas Sephy, on croise à peine sa sœur et Meggie. Si vous pensiez que l’histoire d’amour TobeyxCallie allait rattraper le contenu, c’est raté. Elle fait office de pâle figure à côté de la relation SephyxCallum qui était puissante et qui nous a tous fait pleurer. Cette nouvelle relation est banale et ne m’a pas transportée comme la première, loin de là.

Est-ce le tome de trop ? Oui et non. Oui pour toutes les raisons citées précédemment, et non car il plaira tout de même aux fans qui auront eu du mal à quitter la saga et son couple mythique à l’histoire poignante. Pour ceux qui auront réussi à faire la part des choses, ils passeront à côté en se demandant si ce tome était vraiment utile pour clôturer la saga. J’ai repoussé pendant des années ma lecture de ce tome-ci car j’avais peur de ne pas retrouver l’ambiance caractéristique de la saga, et j’ai eu malheureusement raison.

En bref, un dernier tome en demi-teinte, qui se laisse lire, mais qui est clairement du fan service. Si vous avez réussi à passer le troisième tome, ce tome-là vous paraîtra bien inutile.

[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

  • Éditeur : Grasset (ed. 2015)
  • Pages : 480
  • Genre : Historique
  • Prix poche : 6.60€
  • Acheter titre livre

Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture !

Mon avis

Jem et Scout sont deux jeunes enfants élevés par leur père, seul. Avocat et irréprochables sous tout rapports, Atticus essaye d’éduquer son fils et sa fille dans le respect du prochain, qu’il soit blanc ou noir, en pleine période de la Grande Dépression. Mais les enfants vont être confrontés à la dure réalité de la vie quand leur père se retrouve à devoir défendre Tom, un noir accusé de viol sur une blanche. Car tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit que Atticus

En grandissant, tu verras des blancs tromper des noirs tous les jours, alors n’oublie pas ce que je vais te dire : lorsqu’un blanc se comporte ainsi avec un noir, quels que soient son nom, ses origines et sa fortune, ce blanc est une ordure. – Atticus à Jem

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est un livre qui m’intéresse énormément depuis que j’ai lu le premier tome de la saga Chroniques des enchanteurs de Kami Garcia. Mais quand j’ai vu nos couvertures françaises, je me suis maudite de ne pas lire en anglais ! Car il faut bien se l’avouer : les couvertures VF proposées jusqu’ici sont vieillottes, elles sont d’un autre temps et ne donnent clairement pas envie de posséder ni même d’ouvrir ce livre. Et donc quand j’ai vu que les éditions Grasset allaient rééditer ce livre, et avec une jolie couverture colorée, l’espoir est revenu ! Je compte d’ailleurs me le procurer également au format papier, pour l’intégrer à ma petite collection.

Mais venons-en à l’histoire. Harper Lee aborde ici la Grande Dépression, vue par deux enfants, Jem et Scout. Sans tomber dans l’infantilisation, le sujet est très bien amené, en douceur. Les enfants vont découvrir que les adultes qu’ils croisaient tous les jours ne sont pas aussi parfaits qu’ils semblaient être : ils se révèlent racistes, violents, injurieux. Bien sûr, ils ne peuvent pas saisir toute la portée des actes de ces adultes, mais nous, lecteurs, nous comprenons pour eux et assimilons les évènements tels qu’ils sont. Jem et Scout comprennent en substance, et se rendent compte du poids qui pèse sur les épaules de leur père. A leur manière, ils vont essayer de soutenir Atticus dans sa tâche.

Ces douze hommes sont des personnes raisonnables dans la vie quotidienne, mais tu as vu que quelque chose se mettait entre eux et la raison. Tu as vu la même chose l’autre soir devant la prison. Si cette troupe s’est retirée, ce n’est pas parce qu’il s’agissait d’hommes raisonnables, mais parce que nous étions là. Il y a quelque chose dans notre monde qui fait perdre la tête aux hommes. Ils ne pourraient pas être juste s’ils essayaient. – Atticus à Jem.

On se laisse porter au fil de l’histoire, si bien que l’on ne se rend pas compte que l’on tourne les pages, jusqu’à arriver à la fin. On voit, comme je le disais plus, avec nos yeux d’adultes ce que les enfants voient avec un regard innocent, presque naïf dans certains cas. Cette compréhension à deux vitesses amène une perspective très intéressante ! Harper Lee a un vocabulaire riche, sans pour autant que cela rende le texte complexe. Je me suis tellement laissé prendre au jeu entre les deux points de vue que j’ai eu pendant quelques instants, l’impression de vivre à Maycomb même, avec pour voisins, les Finch et Boo.

En bref, c’est enfin une réédition jolie qui est proposée pour les lecteurs et aidera certainement beaucoup d’autre à passer le cap avec une couverture qui tient la route. La plume de l’auteure est tellement captivante, qu’on se retrouve plongés jusqu’au cou dans l’histoire. Les deux points de vue – le notre et celui des enfants- amène une perspective intéressante et originale, qui plaira aux lecteurs de tout poil.

[Chronique] Des mensonges dans nos têtes – Robin Talley

[Chronique] Des mensonges dans nos têtes – Robin Talley

des mensonges dans nos tetes


Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah. Rien que des mensonges? 1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté. C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…

Merci à Babelio et aux éditions Mosaïc pour cette lecture !

Mon avis

Linda et Sarah pensent qu’elles se détestent. Sarah est noire, subit de plein fouet la ségrégation alors qu’elle et sa sœur ont enfin droit d’aller au lycée pour blancs. Depuis qu’elle a comprit qu’elle ne serait jamais heureuse avec un homme, elle tente de cacher son homosexualité. Mais on ne change pas ses préférences sexuelles en claquant des doigts. Linda de son côté est une jeune fille blanche, fille d’un père journaliste qui refuse l’intégration des noirs. Totalement pour la ségrégation, il impose son mode de pensé à sa femme et sa fille, qui elle croit dur comme fer en ce père qui lui fait peur. Cachant elle aussi son homosexualité, l’arrivée de Sarah dans son école va changer sa vie, et ses convictions vont se retrouver chamboulées. Et si elles n’étaient pas obligées de se détester ?

Autant le dire tout de suite, c’est un coup de cœur ! Ce livre est tellement poignant, tellement fort, tellement juste ! Niveau avalanche d’émotions, c’est le meilleur que j’ai lu cette année. Ce début sonne comme Entre chiens et loups de Malorie Blackman : une rentrée des classes en pleine ségrégation, un amour interdit… Mais là où se démarque Des mensonges dans nos têtes, c’est que l’on reste totalement dans le milieu lycéen, sans trop s’attarder sur les adultes, même s’ils ont leur poids dans certains évènements.

Elle insiste :
– Ce que je veux dire, c’est que personne n’a obligé ton gouverneur à quoi que ce soit.
C’en est trop. Je m’écrie :
Mon gouverneur ? C’est le tient aussi !
Elle relève la tête et lance :
– Il n’est rien du tout pour moi s’il ne me donne pas les mêmes droits qu’à toi.

Et les jeunes, on sait combien ils peuvent être durs entre eux. Voir même horriblement durs. Et Robin Talley nous le prouve encore une fois avec l’histoire de ces deux jeunes filles. Elle ne rend d’ailleurs pas la tâche facile à Sarah et Linda : les blancs et les noirs ne sont pas censés se côtoyer, alors l’homosexualité… C’était autant mal vu. Je vous laisse donc imaginer le contexte plein de violences dans lequel l’auteure fait évoluer ses deux personnages féminins. Entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas.

Côté écriture, cela se lit très facilement, l’auteure ayant un vocabulaire varié mais pas complexe, et elle sait faire vivre et ressentir tout un panel d’émotions en quelques mots. Alternant les points de vue entre les filles, il est très intéressant de suivre le cheminement de penser des filles, jusqu’à l’acceptation de l’autre, de la différence et de soi. La traduction est magnifique, et les notes du traducteur sont appréciées pour saisir pleinement certains passages. Ça et la couverture, on peut dire que pour une fois, la version française est au top !

Tout est bien qui finit bien ou tout est bien qui finit mal ? A vous de le lire pour savoir ! (Traduction : Foncez tout de suite chez votre libraire. Maintenant 😀 )

[Chronique] La dernière fugitive – Tracy Chevalier

[Chronique] La dernière fugitive – Tracy Chevalier

la dernière fugitive


1850. Après un revers sentimental, Honor fuit les regards compatissants des membres de sa communauté quaker. Elle s’embarque pour les États-Unis avec sa sœur, Grace, qui doit rejoindre son fiancé. À l’éprouvante traversée s’ajoute bientôt une autre épreuve : la mort de Grace, emportée par la fièvre jaune. Honor décide néanmoins de poursuivre son voyage jusqu’à Faithwell, une petite bourgade de l’Ohio. C’est dans cette Amérique encore sauvage et soumise aux lois esclavagistes, contre lesquelles les quakers s’insurgent, qu’elle va essayer de se reconstruire. 

Merci aux éditions Folio et à Livraddict pour cette lecture !

Mon avis

Honor, fraîchement célibataire, décide d’accompagner sa sœur Grace aux États-Unis, là où elle doit rencontrer son futur époux. La traversée est fatigante pour Honor, prise par le mal de mer de bout en bout. Une fois sur la terre ferme, la jeune quaker pense que tout ira pour le mieux. Mais c’était sans compter la fièvre jaune qui faucha sa sœur quelques jours après. Honor prend son courage à deux mains, et décide de continuer son voyage jusqu’à l’Ohio, pour annoncer la terrible nouvelle au pauvre homme qui attendait toujours Grace. Une fois sur place, la quaker va découvrir une autre facette des États-Unis : l’esclavage et ses chasseurs d’esclaves, alors qu’elle s’oppose depuis des années contre ce système…

C’est le premier roman de Tracy Chevalier que je lis, j’avais déjà entendu parler de La jeune fille à la perle, mais je n’ai jamais franchi le pas. Étant également peu habituée à ce genre de romans, ça a été une véritable bouffée d’air frais au milieu de mes lectures de l’imaginaire. On y suit Honor qui tente de se reconstruire et de se refaire une vie à Faithwell, même si elle n’est pas bien vue pour différentes raisons par cette communauté. D’un autre côté, Honor les prends en grippe également, notamment à cause de leur position concernant l’esclavagisme.

On va découvrir ici ce qu’est le chemin de fer clandestin, à l’usage des esclaves en fuite, pour éviter de se faire attraper par des chasseurs d’esclaves : des hommes engagés par leurs maîtres pour les retrouver, sous le couvert de la loi dans une époque où l’on ne pense pas trop encore à donner un statut et la liberté à ces hommes que l’on considère uniquement comme des esclaves. On va donc voir les différents éléments de ce chemin de fer : les usagers, les chasseurs, et les personnes qui aident clandestinement les esclaves à s’échapper.

Les personnages sont nombreux, Honor s’intéressant à chaque être qui traverse sa vie. Chacun est détaillé, bien présenté et a sa propre psychologie : pas un ne se ressemble au milieu de tous. Ils sont nombreux, mais nous ne sommes pas perdus pour autant, les découvrant petit à petit et certains ne restant que le temps d’un chapitre ou de quelques pages.

C’est un roman fort et chargé d’émotion, que l’on découvre à la fois dans le récit de l’auteure, mais aussi à chaque fin de  chapitre dans les lettres qu’Honor envoie à sa famille. Tracy Chevalier utilise ici un vocabulaire riche, mais qui reste cependant très compréhensible. Il ne m’a fallut que deux petites soirées pour dévorer ce livre.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a fait sortir de ma zone de confort, et je compte me pencher prochainement sur les autres ouvrages de l’auteure, ne nous arrêtons pas en si bon chemin !

[Chronique] Le choix d’aimer – Malorie Blackman

[Chronique] Le choix d’aimer – Malorie Blackman

le choix d'aimer


Imaginez un monde. Un monde où tout est noir et blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé.
Dans ce monde, une enfant métisse est pourtant née, Callie Rose. Une vie entre le blanc et le noir. Entre l’amour et la haine. Entre des adultes prisonniers de leurs propres vies, leurs propres destins. Viendra alors son tour de faire un choix. Le choix d’aimer, malgré tous, malgré tout…

Mon avis

 

-Attention, risque de spoil, ne pas lire cet avis sans avoir lu les tomes précédents-

Deux jours que j’ai fini cette lecture, et que je n’ai toujours pas tapé mon avis. A vrai dire, après la fin de cet avant dernier tome, je suis restée estomaquée et assez surprise, d’où l’attente de cet article. Mais enfin, j’ai pris mon courage à deux mains, et replongé dans l’histoire de Sephy, Callie Rose et Jude, et leurs mères respectives…

Souvenez-vous, nous laissions dans le deuxième tome Sephy, avec sa fille Callie Rose inanimée dans ses bras, et fin de l’histoire.

Nous retrouvons ici Callie, 16 ans, une jolie jeune fille assez têtue, dans une situation que l’on aurait jamais imaginé, avec Sephy, qui semble désemparée devant les choix de sa fille, au bout du rouleau. L’incompréhension règne, mais Malorie Blackman nous envoie directement au tout premier flashback, qui sera suivit de bien d’autres. L’histoire se complète et l’on comprend bien vite les choix de nos protagonistes, les mensonges, les silences, mais surtout leurs actes. C’est donc ainsi que nous remontons dans l’enfance de Callie.

Meggie vit toujours avec Sephy, mais entre les deux femmes, plus rien ne se passe comme avant. Elles ne se parlent plus que pour se lancer des reproches, Sephy reparle avec sa mère et on sent une certaine proximité dans leur relation. Rose va faire la connaissance de Tobey, son jeune voisin, un gamin qui raconte n’importe quoi, juste pour faire croire qu’il sait des choses, même si ce qu’il dit mettra Rose dans des situations inconfortables quand elle ressortira ses propos. La jeune fille cherchera à en savoir plus sur son père, et ne l’apprendra pas forcément par les bonnes personnes, ni par celles qui ont toutes les meilleures attentions du monde à son égard.
Bien entendu, nous retrouvons Jude, le bag guy de l’histoire, mais depuis que Malorie lui a donné des sentiments tel que l’amour, j’ai appris à l’apprécier et voir autre chose que le méchant qui cherche à tout prix à se venger de la mort de son frère, Callum. La relation qu’il entretient avec Callie est cruelle, il reste cependant égal à lui même et n’en reste pas moins impitoyable vis à vis de tout le monde, et ceux qui ne vont pas dans son sens.

Malorie a réussi à réunir les éléments des deux premiers tomes dans un seul, en révélant la part d’ombre qui planait, tout en restant cohérente dans son histoire, et c’est appréciable. Que dire de plus ? Il me faut la fin !

(Ah oui, aussi… Vous vous souvenez que je vous disais que les premiers tomes sont bourrés de fautes d’orthographe, de frappes, et j’en passe chez France Loisir ? Et bien dans le troisième, en dehors d’une faute de frappe, ma lecture s’est faite sans grand soucis 🙂 )

[Chronique] La couleur de la haine – Malorie Blackman

[Chronique] La couleur de la haine – Malorie Blackman

la couleur de la haine


Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé.
Noirs et blancs ne se mélangent pas. Jamais. Pourtant, Callie Rose est née. Enfant de l’amour pour Sephy et Callum, ses parents. Enfant de la honte pour le monde entier. Chacun doit alors choisir sons camp et sa couleur. Mais pour certains, cette couleur prend une teinte dangereuse… celle de la haine.

Mon avis

Comme pour le premier tome, et ce sera ainsi jusqu’au troisième, je n’ai pas la version Macadam, mais celle de France Loisir, et encore une fois j’ai eu le regret de constater que FL n’a pas offert une véritable correction à ce livre avant de l’envoyer à l’imprimeur. Cette fois-ci, des fautes de syntaxe et des fautes de frappes ont rythmées ma lecture, et je ne peux que vous conseiller d’acheter la version Macadam, une fois encore.

Mais revenons à l’histoire. Nous retrouvons Sephy, 18 ans, qui vient d’accoucher de sa petite Callie Rose, l’enfant qu’elle a eu avec le regretté Callum. Sa mère et sa sœur font tout pour se rapprocher d’elle, l’aider, voir même l’héberger, pour qu’elle puisse quitter son minuscule appartement, où quelques semaines avant, Jude est venu pour la tuer…
Jude, toujours plus cruel, plus froid. Mais dans ce tome-ci, Malorie ne le fait pas passé pour la brute sans cœur mais lui confère des sentiments. On y découvre un Jude capable d’aimer, de ressentir de la tristesse, de la crainte… Mais aussi de la colère, des envies de vengeance, de meurtre ; A l’instar de Sephy, qui s’enfonce petit à petit, à chaque évènements, dans la dépression et le rejet de son entourage.

Depuis la naissance de Callie Rose, Sephy se rend compte que ce ne sera pas facile. Son enfant n’est ni Prima, ni Nihil. Elle est les deux. Elle est l’un et l’autre, mais à la fois dans aucune de ses deux cases… Trop claire pour être une Prima, trop foncée pour être une Nihil, je n’ose imaginer ce qu’elle devra traverser comme épreuves une fois qu’elle sera en âge de comprendre ce qui se passe autour d’elle. Mais en attendant, c’est Sephy qui paye le prix fort pour avoir mis au monde cet enfant…

Dans l’entourage de Sephy, certaines choses ont changées. Sa mère a enfin lâché la bouteille et retrouve un semblant d’humanité, mais seule. Son divorce avec Kamal Hadley a été prononcé, et ce dernier a refait sa vie ailleurs, ne se souciant plus de Sephy, mais en continuant d’entretenir sa fille, Minerva, qui travaille désormais pour le célèbre Daily Shouter, un journal très connu. Minerva sera un peu plus proche de sa sœur, mais avec Sephy qui rejette petit à petit son entourage, ce ne sera pas une mince affaire… Elle fera aussi la rencontre de Sonny, Jaxon et Rhony, trois jeunes Nihils qui font parti du groupe The Midges, encore très peu connu. J’espère qu’on en entendra encore parler dans le tome suivant !

En bref, pour moi cette suite est un véritable coup de cœur. Sa fin, assez troublante, laisse entrevoir des milliers de possibilité pour la suite, que j’espère pouvoir lire au plus vite !

[Chronique] Entre chiens et loups – Malorie Blackman

[Chronique] Entre chiens et loups – Malorie Blackman

entre chiens et loups


Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s’affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C’est un monde où Callum et Sephy n’ont pas le droit de s’aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d’un rebelle clandestin… Et s’ils changeaient ce monde?

Mon avis

Avant de commencer mon avis, je tiens à vous préciser que j’ai lu la version  »France Loisir » de ce livre et non la version Macadam, mais je vous recommande cette dernière. En effet, l’édition FL est bourrée de fautes de frappe qui ne passent pas inaperçues et qui ont eu le mérite de me gâcher ce moment de plaisir. De la ponctuation au milieu des mots, des lettres inversées voir même remplacées par d’autres régulièrement. C’est à se demander si ce livre a bénéficié d’une relecture avant d’être amené à l’imprimeur… Heureusement que l’histoire rattrape le tout !

Donc , venons-en aux faits. Nous rejoignons Sephy et Callum, nos deux personnages principaux. De l’amitié, de l’amour, un Roméo et Juliette 2.0. Le monde entier est contre eux, car ils sont différents : Sephy est noire, c’est donc une Prima, la  »race » supérieure et Callum est blanc, ce qui fait de lui un Nihils, un Néant. Toute l’histoire tournera autour de cette ségrégation, et de leur amour impossible. Ils se connaissent depuis leur plus tendre enfance, car Meggy, la mère de Callum, travaillait en tant que femme à tout faire chez les Hadley, la famille de Sephy. Même si aujourd’hui les deux familles font tout pour ne plus avoir à s’approcher, leurs enfants ce sont promis de toujours se voir, et de faire en sorte de toujours garder leur amitié intacte, même si cela doit se faire en secret.

Par la force des choses, quatre élèves Nihils ont eu le droit de fréquenter le collège Heathcroft, normalement réservé aux Primas. Callum y est accepté, réussissant les examens haut la main grâce à Sephy, qui l’a beaucoup aidé . Pour eux deux, c’est une chance inespérée. Sephy jubile, elle aura enfin son meilleur ami dans son collège, peut-être même dans sa classe, et sûrement qu’ils auront des cours en communs, qui sais ? Et Callum, content d’être pris, redoute les évènements qui pourraient suivre. Il n’oublie pas qu’il va mettre les pieds dans une école pour Primas, et qu’il ne sera pas le bienvenu… Mais les évènements s’enchaînent, et Callum sauve sa meilleure amie d’un attentat à la bombe perpétré par la  »Milice de la Libération », entièrement dirigée par des Nihils. De là va s’ensuivre le déchirement de sa famille, car toutes les preuves convergent vers son grand frère, Jude. Callum, qui a grandi tant bien que mal avec ce système politique ségrégationniste, va perdre son innocence, et à tout ce que peut se raccrocher un adolescent…

Nos héros sont assez opposés tout de même. Callum, qui a toujours grandi dans la pauvreté, la violence et l’injustice, a acquis très vite une maturité époustouflante pour un adolescent de 16 ans. Il ne sera pas toujours en accord avec les décisions de Sephy et lui fera comprendre. Quant à elle, c’est l’archétype de la jeune fille qui a tout mais qui trouve encore le moyen de se plaindre. En comparaison à son meilleur ami, elle n’a pas du tout acquis cette maturité. Tout ce qu’elle veut, c’est choquer son entourage à propos de sa relation avec Callum, quitte à se mettre tout le monde à dos. Elle n’hésitera pas à se servir de lui pour parvenir à ses fins. Heureusement, elle n’est pas comme ça jusqu’à la fin. En effet, l’histoire se déroulant sur 4-5 ans, elle a pris le temps avec les évènements , de grandir et de prendre en maturité, ce qui rend l’histoire plus intéressante car ses actes seront beaucoup plus réfléchis qu’au début.

L’histoire est coupée en cinq parties, et est très fluide. Nous suivons la progression en changeant de point de vue assez souvent, allant de Callum à Sephy. Ce changement de point de vue assez récurent n’est en aucun cas un point négatif : il nous permet de mieux comprendre l’histoire, et de mieux saisir dans quel état d’esprit se trouvent les deux amis. Un très bon livre dont je ne me lasserais pas, j’ai qu’une envie : lire la suite !