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[Chronique] Les mots entre mes mains – Guinevere Glasfurd

[Chronique] Les mots entre mes mains – Guinevere Glasfurd

les mots entre mes mains


Quand Helena Jans van der Strom arrive à Amsterdam pour travailler chez un libraire anglais, la jeune femme, fascinée par les mots, a appris seule à lire et à écrire. Son appétit pour la vie et sa soif de connaissance trouveront des échos dans le cœur et l’esprit du philosophe René Descartes. Mais dans ce XVIIe siècle d’ombres et de lumières, où les penseurs sont souvent sévèrement punis, où les femmes n’ont aucun droit, leur liaison pourrait les perdre. Descartes est catholique, Helena protestante. Il est philosophe, elle est servante. Que peut-être leur avenir ? A partir d’une histoire d’amour avérée et méconnue, Guinevere Glasfurd dresse le portrait fascinant d’une femme lumineuse en avance sur son temps. Un roman de passion et de liberté sur fond de fresque envoûtante des Pays-Bas au « siècle d’or ».

Merci aux éditions Préludes pour cette lecture !

Mon avis

Helena Jans van der Strom est une jeune servante. Elle se prépare à une vie de domesticité des plus simples, si ce n’est sa soif d’apprendre à lire et écrire. Mais sa vie va basculer quand René Descartes va venir habiter chez son maître et faire basculer du tout au tout les habitudes de Helena

On commence l’histoire à un moment crucial de la vie notre jeune domestique, obligée de partir. Mais où ? Et pourquoi ? Qui est cet homme à l’air sévère qui l’accompagne ? Autant de questions qui vont vite trouver réponse puisque l’on se retrouve vite propulsés dans un flashback qui nous ramène au premier jour où Helena cherchait une maison où travailler. Et cela, jusqu’au fameux jour où elle doit partir, puis sa suite, maintenant que nous avons tous les éléments en mains.

Et quels éléments ! On a sous nos yeux une histoire d’amour cruelle, mais belle dans sa finalité. Nous avons un homme qui n’assume pas ses actes, parce qu’il a peur pour sa réputation, guidé par un domestique aigri et jaloux. Et de l’autre, une femme amoureuse, constamment rappelée à son rôle de Femme, servant de surcroît et rien d’autre. Cela correspond totalement aux mœurs de l’époque (vous me direz, certains agissent encore comme cela aujourd’hui, malheureusement). Pour ça, on peut dire que l’auteure respecte totalement la période de l’Histoire choisie, que ce soit au niveau des tenues, du langage, du comportement… La religion a tout autant sa place également, étant très présente du début à la fin. Rien n’est oublié, pour une immersion réussie !

On peut y voir une critique de l’époque : le sexisme ordinaire, l’apprentissage réservé aux hommes, l’importance de la religion qui enfermait les hommes comme Galilée, qui osaient remettre en question des choses fondamentales comme la forme de la Terre… Mais c’est surtout et avant tout une histoire d’amour, et il ne faut pas s’attendre à ce que le reste soit plus développé que cela.

La plume de Guinevere Glasfurd est fluide, elle a un vocabulaire riche, mais pas complexe pour autant.  Une plume qui touche au plus profond des émotions, avec de la colère, de la jalousie, de l’incompréhension, de l’amour. Entre son immersion plus que réaliste et ses personnes très bien travaillés, on a ici une petite pépite de la rentrée littéraire, qui saura vous faire voyager !

En bref, Les mots entre mes mains est une romance historique basée sur une histoire vraie : celle d’un amour entre Descartes et une servante. Bien sûr, ce qui l’entour n’est qu’une fiction, mais une fiction bien écrite et qui vous prendra aux tripes !

[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

  • Éditeur : Grasset (ed. 2015)
  • Pages : 480
  • Genre : Historique
  • Prix poche : 6.60€
  • Acheter titre livre

Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture !

Mon avis

Jem et Scout sont deux jeunes enfants élevés par leur père, seul. Avocat et irréprochables sous tout rapports, Atticus essaye d’éduquer son fils et sa fille dans le respect du prochain, qu’il soit blanc ou noir, en pleine période de la Grande Dépression. Mais les enfants vont être confrontés à la dure réalité de la vie quand leur père se retrouve à devoir défendre Tom, un noir accusé de viol sur une blanche. Car tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit que Atticus

En grandissant, tu verras des blancs tromper des noirs tous les jours, alors n’oublie pas ce que je vais te dire : lorsqu’un blanc se comporte ainsi avec un noir, quels que soient son nom, ses origines et sa fortune, ce blanc est une ordure. – Atticus à Jem

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est un livre qui m’intéresse énormément depuis que j’ai lu le premier tome de la saga Chroniques des enchanteurs de Kami Garcia. Mais quand j’ai vu nos couvertures françaises, je me suis maudite de ne pas lire en anglais ! Car il faut bien se l’avouer : les couvertures VF proposées jusqu’ici sont vieillottes, elles sont d’un autre temps et ne donnent clairement pas envie de posséder ni même d’ouvrir ce livre. Et donc quand j’ai vu que les éditions Grasset allaient rééditer ce livre, et avec une jolie couverture colorée, l’espoir est revenu ! Je compte d’ailleurs me le procurer également au format papier, pour l’intégrer à ma petite collection.

Mais venons-en à l’histoire. Harper Lee aborde ici la Grande Dépression, vue par deux enfants, Jem et Scout. Sans tomber dans l’infantilisation, le sujet est très bien amené, en douceur. Les enfants vont découvrir que les adultes qu’ils croisaient tous les jours ne sont pas aussi parfaits qu’ils semblaient être : ils se révèlent racistes, violents, injurieux. Bien sûr, ils ne peuvent pas saisir toute la portée des actes de ces adultes, mais nous, lecteurs, nous comprenons pour eux et assimilons les évènements tels qu’ils sont. Jem et Scout comprennent en substance, et se rendent compte du poids qui pèse sur les épaules de leur père. A leur manière, ils vont essayer de soutenir Atticus dans sa tâche.

Ces douze hommes sont des personnes raisonnables dans la vie quotidienne, mais tu as vu que quelque chose se mettait entre eux et la raison. Tu as vu la même chose l’autre soir devant la prison. Si cette troupe s’est retirée, ce n’est pas parce qu’il s’agissait d’hommes raisonnables, mais parce que nous étions là. Il y a quelque chose dans notre monde qui fait perdre la tête aux hommes. Ils ne pourraient pas être juste s’ils essayaient. – Atticus à Jem.

On se laisse porter au fil de l’histoire, si bien que l’on ne se rend pas compte que l’on tourne les pages, jusqu’à arriver à la fin. On voit, comme je le disais plus, avec nos yeux d’adultes ce que les enfants voient avec un regard innocent, presque naïf dans certains cas. Cette compréhension à deux vitesses amène une perspective très intéressante ! Harper Lee a un vocabulaire riche, sans pour autant que cela rende le texte complexe. Je me suis tellement laissé prendre au jeu entre les deux points de vue que j’ai eu pendant quelques instants, l’impression de vivre à Maycomb même, avec pour voisins, les Finch et Boo.

En bref, c’est enfin une réédition jolie qui est proposée pour les lecteurs et aidera certainement beaucoup d’autre à passer le cap avec une couverture qui tient la route. La plume de l’auteure est tellement captivante, qu’on se retrouve plongés jusqu’au cou dans l’histoire. Les deux points de vue – le notre et celui des enfants- amène une perspective intéressante et originale, qui plaira aux lecteurs de tout poil.

[Chronique] Eh bien, dansez maintenant ! – Béatrice Nicodème

[Chronique] Eh bien, dansez maintenant ! – Béatrice Nicodème

eh bien dansez maintenant


Vaux-le-Vicomte, 1661. Le château tout entier s’affaire pour préparer la fête somptueuse que Nicolas Fouquet, surintendant du Roi, veut donner en l’honneur de Louis XIV. Dans cette effervescence, la jeune Perrette ne parvient pas à parler à Fouquet ; pourtant, elle doit lui remettre de toute urgence un message secret de la plus haute importance ! Heureusement, dans sa déconvenue, elle croise le chemin de La Fontaine, proche du surintendant, qui veut bien se charger de cette mission. Mais Perrette découvre que le message a disparu…

Merci aux éditions Nathan pour cette lecture !

Mon avis

Perrette est envoyée séance tenante par sa mère, remettre un message à Nicolas Fouquet. En effet, quelqu’un va attenter à sa vie lors de la fête qu’il organise chez lui pour le roi Louis XIV. Une fois sur place, elle fait la rencontre d’un jeune poète, Jean de La Fontaine. Jean va tout faire pour aider la jeune fille à transmettre son message, jeune fille qui va beaucoup l’inspirer dans ses futurs écris…

Ceci est une fiction historique, bien entendu, tout ceci ne s’est jamais déroulé. Mais on plonge directement dans les intrigues politiques de l’époque, aux côtés d’un poète singulier en manque d’inspiration. C’est donc un poche parfait pour les jeunes qui aborderont le sujet en cours d’année en classe et qui voudraient aller plus loin que ne le suggère le programme scolaire – et son petit prix plaira beaucoup aux parents.

Eh bien, dansez maintenant ! est une histoire qui se déroule sous fond de mystères à résoudre pour notre Perrette et La Fontaine. Le lecteur fait donc travailler son imagination pour tenter de deviner ce qu’il en retourne, et comment éviter les pièges qui se dressent sur le chemin des deux amis. Entre une Perrette qui garde les pieds sur terre, mais qui est trop pressée, ou notre poète rêveur, ça va tout de suite coller…

On croise – et je pense que vous l’avez deviné – beaucoup de personnages qui ont inspiré Jean de La Fontaine par la suite, et on comprend aussi comment il en est venu à comparer les humains aux animaux dans ses textes (le roi = le lion, l’homme qui en veut à Nicolas Fouquet = La vipère, ect…) et puis l’inspiration de certains personnages, à l’instar de Perrette, la fameuse porteuse de lait.

Le tout est écrit par Béatrice Nicodème, dont la plume est fluide et le vocabulaire varié, sans être complexe. C’est vraiment adapté aux plus jeunes, sans tomber dans l’infantilisation. Clairement, un poche qui satisfera petits comme grands…

[Chronique] Des mensonges dans nos têtes – Robin Talley

[Chronique] Des mensonges dans nos têtes – Robin Talley

des mensonges dans nos tetes


Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah. Rien que des mensonges? 1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté. C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…

Merci à Babelio et aux éditions Mosaïc pour cette lecture !

Mon avis

Linda et Sarah pensent qu’elles se détestent. Sarah est noire, subit de plein fouet la ségrégation alors qu’elle et sa sœur ont enfin droit d’aller au lycée pour blancs. Depuis qu’elle a comprit qu’elle ne serait jamais heureuse avec un homme, elle tente de cacher son homosexualité. Mais on ne change pas ses préférences sexuelles en claquant des doigts. Linda de son côté est une jeune fille blanche, fille d’un père journaliste qui refuse l’intégration des noirs. Totalement pour la ségrégation, il impose son mode de pensé à sa femme et sa fille, qui elle croit dur comme fer en ce père qui lui fait peur. Cachant elle aussi son homosexualité, l’arrivée de Sarah dans son école va changer sa vie, et ses convictions vont se retrouver chamboulées. Et si elles n’étaient pas obligées de se détester ?

Autant le dire tout de suite, c’est un coup de cœur ! Ce livre est tellement poignant, tellement fort, tellement juste ! Niveau avalanche d’émotions, c’est le meilleur que j’ai lu cette année. Ce début sonne comme Entre chiens et loups de Malorie Blackman : une rentrée des classes en pleine ségrégation, un amour interdit… Mais là où se démarque Des mensonges dans nos têtes, c’est que l’on reste totalement dans le milieu lycéen, sans trop s’attarder sur les adultes, même s’ils ont leur poids dans certains évènements.

Elle insiste :
– Ce que je veux dire, c’est que personne n’a obligé ton gouverneur à quoi que ce soit.
C’en est trop. Je m’écrie :
Mon gouverneur ? C’est le tient aussi !
Elle relève la tête et lance :
– Il n’est rien du tout pour moi s’il ne me donne pas les mêmes droits qu’à toi.

Et les jeunes, on sait combien ils peuvent être durs entre eux. Voir même horriblement durs. Et Robin Talley nous le prouve encore une fois avec l’histoire de ces deux jeunes filles. Elle ne rend d’ailleurs pas la tâche facile à Sarah et Linda : les blancs et les noirs ne sont pas censés se côtoyer, alors l’homosexualité… C’était autant mal vu. Je vous laisse donc imaginer le contexte plein de violences dans lequel l’auteure fait évoluer ses deux personnages féminins. Entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas.

Côté écriture, cela se lit très facilement, l’auteure ayant un vocabulaire varié mais pas complexe, et elle sait faire vivre et ressentir tout un panel d’émotions en quelques mots. Alternant les points de vue entre les filles, il est très intéressant de suivre le cheminement de penser des filles, jusqu’à l’acceptation de l’autre, de la différence et de soi. La traduction est magnifique, et les notes du traducteur sont appréciées pour saisir pleinement certains passages. Ça et la couverture, on peut dire que pour une fois, la version française est au top !

Tout est bien qui finit bien ou tout est bien qui finit mal ? A vous de le lire pour savoir ! (Traduction : Foncez tout de suite chez votre libraire. Maintenant 😀 )

[Chronique] Petites histoires de la mythologie – Hélène Montardre

[Chronique] Petites histoires de la mythologie – Hélène Montardre



Mon avis

Sur le même concept que Petites histoires de l’Histoire, Petites histoires de la mythologie raconte aux plus jeunes (public visé : 7/8 ans) l’histoire de la mythologie grecque, sans prise de tête, sous la forme d’une petite histoire toute somme banale. Comme à chaque fois que le parle de mythologie chez Nathan, on retrouve à la barre Hélène Montardre, un nom synonyme de qualité sur ce domaine.  Aujourd’hui, on revient sur les deux dernières sorties de chez Nathan, Apollon le dieu dauphin et le combat de Rémus et Romulus.

Accompagnés de quelques illustrations en noir et blanc, on revient sur la naissance de Apollon et tout ce qu’il a du faire pour construire ses deux temples, ainsi que ses illustres combats. On revient aussi, dans le deuxième ouvrage, sur la vie de Rémus et Romulus. Mais ici, on ne reste pas longtemps sur la légende des enfants élevés par une louve pour aussi faire la lumière sur leur mythe sanglant, bien loin de la douceur enfantine…

Avec un petit dossier qui fait office de documentation de quatre pages, les jeunes pourront approfondir ce qu’ils voient déjà en cours avec ces petits livres. Vraiment faciles à lire, l’écriture de l’auteure est fluide et absolument pas infantilisant,  ce qui reste plaisant à l’heure où les jeunes en 5è sont tenus de décorer leurs cahiers au lieu de se préparer au programme scolaire et au brevet blanc dont ils passeront quelques épreuves l’année prochaine (true story).

Bref, les livres de la collection Petites histoires de la mythologie, c’est un large panel d’informations qui permettra aux plus jeune de compléter ce qu’ils apprennent en cour, de manière ludique et totalement plaisante ! En clair, à mettre entre toutes les mains !

Merci aux éditions Nathan pour ces lectures !

[Chronique] Le testament de Marie – Colm Tóibín

[Chronique] Le testament de Marie – Colm Tóibín

le testament de marie


Mon fils s’était laissé capturer. Au cours des heures que j’ai passées dans cette maison avec ses disciples, j’ai bien vu que, pour eux, c’était dans l’ordre des choses. Son arrestation faisait partie des étapes nécessaires de la grande délivrance qui surviendrait dans le monde. J’ai failli leur demander si cette délivrance signifiait qu’il ne serait pas crucifié, mais libéré au contraire. Je me suis ravisée. Tous ces gens ne parlaient que par énigmes, et j’ai compris qu’aucune de mes questions ne recevrait de réponse claire. J’étais revenue dans le monde des idiots, des bègues, des contorsionnés et des malcontents.
Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas, et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger.

Merci à Net Galley et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture !

Mon avis

Marie, mère de Jésus. Son fils vient d’être crucifié et elle est enfermée chez elle, avec deux de ses disciples qui veulent lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu pour pouvoir écrire ce qui est aujourd’hui le livre le plus lu au monde : la bible. Ils tentent de construire un mythe sur son fils et ses proches, et elle refuse de jouer à ce jeux-là. En attendant la délivrance, Marie revient sur la vie de son fils…

Le testament de Marie est un texte très court (120 pages), mais il n’en a pas fallu plus pour revenir sur les passages visés par l’auteur. Colm Tóibín nous propose ici une autre vision de la vie du fils de Dieu : et si tout n’était qu’une mascarade ? Une vaste blague ? Et si Lazare n’était pas si mort que ça au moment de sa résurrection ? Et si le vin était déjà dans les cruches d’eau aux noces de Cana ? Bien sûr, tout cela nous est conté sous forme de suggestions, et chacun en fait l’interprétation personnelle qu’il veut. L’auteur ajoute également que les apôtres étaient mal vus par Marie et son décrits comme étant des gens un peu simplets, mais avec un mauvais fond :

 J’étais revenue dans le monde des idiots, des bègues, des contorsionnés et des malcontents.
Marie à propos des apôtres de son fils.

Marie n’est pas décrite ici comme la mère du sauveur de l’humanité, mais comme une mère tout ce qui a de plus simple et qui a cherché à protéger son fils de ce qui se tramait dans l’ombre. Elle voyait, selon le point de vue de Tóibín, son fils et ses suivants faire tout un tas de mises en scènes qui l’ont tout simplement menées à sa perte. Jésus était-il au final conscient que cela se terminerait ainsi, ou au contraire a-t-il été manipulé quand le vent a commencé à tourner pour sa petite troupe ?

Racontée du point de vue de Marie, l’histoire est très courte et donc se lit très vite. Mais c’est aussi grâce à l’écriture fluide de l’auteur et une bonne traduction de Anna Gibson. De plus, Tóibín a un vocabulaire riche, mais rien de bien complexe, ce qui rend la lecture agréable.

En bref, Le testament de Marie est une bonne fiction historique qui plaira à tous, et surtout à ceux qui aiment remettre en cause leurs connaissances. Pour ma part, ayant déjà lu la bible, imaginer une autre version de l’histoire ne m’a pas du tout dérangée !

[Chronique] La dernière fugitive – Tracy Chevalier

[Chronique] La dernière fugitive – Tracy Chevalier

la dernière fugitive


1850. Après un revers sentimental, Honor fuit les regards compatissants des membres de sa communauté quaker. Elle s’embarque pour les États-Unis avec sa sœur, Grace, qui doit rejoindre son fiancé. À l’éprouvante traversée s’ajoute bientôt une autre épreuve : la mort de Grace, emportée par la fièvre jaune. Honor décide néanmoins de poursuivre son voyage jusqu’à Faithwell, une petite bourgade de l’Ohio. C’est dans cette Amérique encore sauvage et soumise aux lois esclavagistes, contre lesquelles les quakers s’insurgent, qu’elle va essayer de se reconstruire. 

Merci aux éditions Folio et à Livraddict pour cette lecture !

Mon avis

Honor, fraîchement célibataire, décide d’accompagner sa sœur Grace aux États-Unis, là où elle doit rencontrer son futur époux. La traversée est fatigante pour Honor, prise par le mal de mer de bout en bout. Une fois sur la terre ferme, la jeune quaker pense que tout ira pour le mieux. Mais c’était sans compter la fièvre jaune qui faucha sa sœur quelques jours après. Honor prend son courage à deux mains, et décide de continuer son voyage jusqu’à l’Ohio, pour annoncer la terrible nouvelle au pauvre homme qui attendait toujours Grace. Une fois sur place, la quaker va découvrir une autre facette des États-Unis : l’esclavage et ses chasseurs d’esclaves, alors qu’elle s’oppose depuis des années contre ce système…

C’est le premier roman de Tracy Chevalier que je lis, j’avais déjà entendu parler de La jeune fille à la perle, mais je n’ai jamais franchi le pas. Étant également peu habituée à ce genre de romans, ça a été une véritable bouffée d’air frais au milieu de mes lectures de l’imaginaire. On y suit Honor qui tente de se reconstruire et de se refaire une vie à Faithwell, même si elle n’est pas bien vue pour différentes raisons par cette communauté. D’un autre côté, Honor les prends en grippe également, notamment à cause de leur position concernant l’esclavagisme.

On va découvrir ici ce qu’est le chemin de fer clandestin, à l’usage des esclaves en fuite, pour éviter de se faire attraper par des chasseurs d’esclaves : des hommes engagés par leurs maîtres pour les retrouver, sous le couvert de la loi dans une époque où l’on ne pense pas trop encore à donner un statut et la liberté à ces hommes que l’on considère uniquement comme des esclaves. On va donc voir les différents éléments de ce chemin de fer : les usagers, les chasseurs, et les personnes qui aident clandestinement les esclaves à s’échapper.

Les personnages sont nombreux, Honor s’intéressant à chaque être qui traverse sa vie. Chacun est détaillé, bien présenté et a sa propre psychologie : pas un ne se ressemble au milieu de tous. Ils sont nombreux, mais nous ne sommes pas perdus pour autant, les découvrant petit à petit et certains ne restant que le temps d’un chapitre ou de quelques pages.

C’est un roman fort et chargé d’émotion, que l’on découvre à la fois dans le récit de l’auteure, mais aussi à chaque fin de  chapitre dans les lettres qu’Honor envoie à sa famille. Tracy Chevalier utilise ici un vocabulaire riche, mais qui reste cependant très compréhensible. Il ne m’a fallut que deux petites soirées pour dévorer ce livre.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a fait sortir de ma zone de confort, et je compte me pencher prochainement sur les autres ouvrages de l’auteure, ne nous arrêtons pas en si bon chemin !

[Chronique] Le voyage de Christophe Colomb – Hélène Montardre

[Chronique] Le voyage de Christophe Colomb – Hélène Montardre

le voyage de christophe colomb


1480. Sur une plage du Portugal, le marin Christophe Colomb est intrigué par des morceaux de bois rejetés par la mer : il n’en a jamais vu de pareils. D’où viennent-ils ? Et si derrière l’horizon, de l’autre côté de la mer Océane, il existait une terre ? Et s’il s’agissait des Indes ? L’idée semble folle. Mais pour prouver qu’il a raison, Colomb monte une incroyable expédition… 

Merci aux éditions Nathan pour cette lecture !

 

Mon avis

De retour sur un autre livre de la collection « Petites histoires de l’Histoire » par Hélène Montardre, dont j’avais déjà lu et apprécié Catastrophe à Pompéi, sorti en même temps que Le voyage de Christophe Colomb, cette fois-ci avec un autre personnage, Christophe Colomb (vous vous en serez douté 😉 ). Donc, Colomb, l’homme qui a découvert ce qu’il appelait les Indes, aujourd’hui les États-Unis d’Amérique.

Comme pour Catastrophe, l’ouvrage est découpé en trois parties bien distinct : l’introduction avec ses questions (qui, où, quand, comment…), puis l’histoire en elle-même et enfin un dossier pour approfondir tout ce qui a été dit précédemment et découvrir l' »après ».

On y retrace donc ici comment Christophe Colomb, en se baladant sur la plage, a eu l’idée de partir découvrir ce qu’il y avait au delà des eaux, comment il a convaincu la reine d’Espagne de l’autoriser à aller là-bas et de lui en fournir les moyens, malgré les nombreux refus qu’il avait déjà essuyé, les problèmes pour recruter son équipage et surtout pour le garder – car ça n’a pas été un voyage tranquille. Rien n’est laissé au hasard et on est vite immergés dans ce pan de l’Histoire.

Le voyage de Christophe Colomb est un parfait petit ouvrage ludique et éducatif pour approfondir ce qui a déjà été vu en cours par nos petites têtes blondes, et se rafraîchir la mémoire pour les adultes !

[Chronique] Catastrophe à Pompéi – Hélène Montardre

[Chronique] Catastrophe à Pompéi – Hélène Montardre

catastrophe à pompéi


79 après Jésus-Christ. Le jeune Caius vit dans la baie de Naples, en face de la ville de Pompéi. Il y va souvent pour rendre visite à son meilleur ami, et à sa jolie voisine. Un jour, un énorme nuage de fumée apparaît au-dessus de la montagne qui surplombe Pompéi. Puis la terre se met à trembler, et du feu jaillit dans le ciel… 

Merci aux éditions Nathan pour cette lecture !

Mon avis

Caius est un jeune Italien qui se rend souvent à Pompéi pour voir ses amis, mais surtout la jolie Correlia, la voisine de l’un d’eux. Une fois rentré chez lui, la jeune fille ne quitte plus ses pensées et Caius espère la revoir au plus vite. Sauf que le Vésuve vient de se réveiller, serait-ce la dernière fois qu’il la verra?

Comment aborder l’Histoire par une histoire et expliquer par la même occasion ce qui s’est passé à Pompéi, vu par un personnage on ne peut plus célèbre qu’est Pline le Jeune ? On vit avec lui sa vie dans la baie de Naples, l’éruption du Vésuve et sa découverte de Pompéi ensevelie sous les cendres. Mais il n’y a pas que cette histoire dans ce livre pour retracer la catastrophe de Pompéi.

En effet, une introduction permet de situer où se déroule l’histoire, grâce à quatre questions : Quand?, Qui?, Où?, Mais encore? . Quant à la fin, elle retrace dans les grandes dates la destruction de Pompéi, où se situait-elle, qui l’a découverte, qui était Pline le Jeune, qu’est devenu cette ville…

Bref, un large panel d’informations qui permettra aux plus jeune de compléter ce qu’ils apprennent en cour, de manière ludique et totalement plaisante ! En clair, à mettre entre toutes les mains !

[Chronique] Belle époque – Elizabeth Ross

[Chronique] Belle époque – Elizabeth Ross

belle époque


Lorsque Maude Pichon s’enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l’exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s’y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d’un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : « On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile. » L’Agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le repoussoir. Son slogan ? « Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d’emblée plus attirante. » Étranglée par la misère, Maude postule…

Mon avis

Quand j’ai vu la couverture de Belle époque, je l’ai tout de suite ajouté à ma wishlist. Pas besoin de lire le résumé, je marche souvent au coup de cœur, et là le jeu de couleur est tellement magnifique qu’il ne m’en a pas fallu plus. Bon, j’ai quand même lu le résumé avant d’aller l’acheter, bien que celui-ci m’a tout de suite plu. Mais est-ce que le contenu à suivi mes premiers coups de cœur? Et bien…

On découvre très rapidement que la vie Parisienne que Maude s’était imaginé existe belle et bien, mais uniquement si on a un nom (entendez par là un nom connu synonyme de rang social élevé) et un minimum de richesses. Sauf que Maude n’est rien, n’a que les économies qu’elle a volé à son père avant de partir et n’arrive pas à trouver un travail convenable. Il faut pouvoir payer le loyer, de quoi se restaurer, alors Maude accepte à contre-cœur de faire ce métier de faire-valoir…

Et c’est là que ça devient intéressant, car l’auteur exploite jusqu’au bout le nouveau métier de Maude : les tenues, le comportement, les relations sociales, comment cela à un impact sur la vision des choses de Maude, la vie en entreprise dans les années 1800, la place de la femme, l’importance du rang social… L’auteure a vraiment réussi à exploiter toutes ces données, pour en faire quelque chose de cohérent et agréable à lire.

Mais le problème réside dans le fait que ce livre n’a pas d’âme. Aucune émotion ne passe. Qu’un livre soit bon ou mauvais, on arrive toujours à ressentir quelque chose pour un personnage/une situation : de la colère, de la peur, de l’amour, de la joie, du soulagement, … Mais je n’ai rien ressenti dans Belle époque. J’ai surtout l’impression que l’auteure a mit tout son potentiel dans ses recherches sur les années 1800, l’exposition universelle de Paris, Eiffel et sa fameuse tour, comment les gens vivaient il y a un peu plus de 200 ans… Mais ça ne va pas plus loin. Disons que j’ai plus ressenti de sentiments dans la nouvelle Le repoussoir de Zola dont s’inspire l’auteure que dans le livre.

En bref, un livre avec du potentiel, mais à qui il manque des émotions, une âme pour être apprécié jusqu’au bout. D’habitude j’achète en papier les ebooks que j’ai lu et apprécié, mais je n’irais pas jusque là avec Belle époque, qui sera très certainement vite oublié.