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[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

[Chronique] Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

  • Éditeur : Grasset (ed. 2015)
  • Pages : 480
  • Genre : Historique
  • Prix poche : 6.60€
  • Acheter titre livre

Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture !

Mon avis

Jem et Scout sont deux jeunes enfants élevés par leur père, seul. Avocat et irréprochables sous tout rapports, Atticus essaye d’éduquer son fils et sa fille dans le respect du prochain, qu’il soit blanc ou noir, en pleine période de la Grande Dépression. Mais les enfants vont être confrontés à la dure réalité de la vie quand leur père se retrouve à devoir défendre Tom, un noir accusé de viol sur une blanche. Car tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit que Atticus

En grandissant, tu verras des blancs tromper des noirs tous les jours, alors n’oublie pas ce que je vais te dire : lorsqu’un blanc se comporte ainsi avec un noir, quels que soient son nom, ses origines et sa fortune, ce blanc est une ordure. – Atticus à Jem

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est un livre qui m’intéresse énormément depuis que j’ai lu le premier tome de la saga Chroniques des enchanteurs de Kami Garcia. Mais quand j’ai vu nos couvertures françaises, je me suis maudite de ne pas lire en anglais ! Car il faut bien se l’avouer : les couvertures VF proposées jusqu’ici sont vieillottes, elles sont d’un autre temps et ne donnent clairement pas envie de posséder ni même d’ouvrir ce livre. Et donc quand j’ai vu que les éditions Grasset allaient rééditer ce livre, et avec une jolie couverture colorée, l’espoir est revenu ! Je compte d’ailleurs me le procurer également au format papier, pour l’intégrer à ma petite collection.

Mais venons-en à l’histoire. Harper Lee aborde ici la Grande Dépression, vue par deux enfants, Jem et Scout. Sans tomber dans l’infantilisation, le sujet est très bien amené, en douceur. Les enfants vont découvrir que les adultes qu’ils croisaient tous les jours ne sont pas aussi parfaits qu’ils semblaient être : ils se révèlent racistes, violents, injurieux. Bien sûr, ils ne peuvent pas saisir toute la portée des actes de ces adultes, mais nous, lecteurs, nous comprenons pour eux et assimilons les évènements tels qu’ils sont. Jem et Scout comprennent en substance, et se rendent compte du poids qui pèse sur les épaules de leur père. A leur manière, ils vont essayer de soutenir Atticus dans sa tâche.

Ces douze hommes sont des personnes raisonnables dans la vie quotidienne, mais tu as vu que quelque chose se mettait entre eux et la raison. Tu as vu la même chose l’autre soir devant la prison. Si cette troupe s’est retirée, ce n’est pas parce qu’il s’agissait d’hommes raisonnables, mais parce que nous étions là. Il y a quelque chose dans notre monde qui fait perdre la tête aux hommes. Ils ne pourraient pas être juste s’ils essayaient. – Atticus à Jem.

On se laisse porter au fil de l’histoire, si bien que l’on ne se rend pas compte que l’on tourne les pages, jusqu’à arriver à la fin. On voit, comme je le disais plus, avec nos yeux d’adultes ce que les enfants voient avec un regard innocent, presque naïf dans certains cas. Cette compréhension à deux vitesses amène une perspective très intéressante ! Harper Lee a un vocabulaire riche, sans pour autant que cela rende le texte complexe. Je me suis tellement laissé prendre au jeu entre les deux points de vue que j’ai eu pendant quelques instants, l’impression de vivre à Maycomb même, avec pour voisins, les Finch et Boo.

En bref, c’est enfin une réédition jolie qui est proposée pour les lecteurs et aidera certainement beaucoup d’autre à passer le cap avec une couverture qui tient la route. La plume de l’auteure est tellement captivante, qu’on se retrouve plongés jusqu’au cou dans l’histoire. Les deux points de vue – le notre et celui des enfants- amène une perspective intéressante et originale, qui plaira aux lecteurs de tout poil.

[Chronique] Bubble Gum – Lolita Pille

[Chronique] Bubble Gum – Lolita Pille

bubble gum

  • Éditeur : Grasset, Le livre de poche (2004)
  • Pages : 281
  • Genre : Drame contemporain
  • Prix : 6.10€
  • Acheter Bubble gum

De nos jours, Cendrillon s’ennuie à servir des pastis dans un bistro de province. Le bal dont elle rêve, c’est celui des photos de mode, du cinéma et de la presse people. Ce rêve, Manon va s’efforcer de le réaliser. Elle est jolie, et il ne lui faut qu’un peu d’audace et une robe empruntée pour se glisser dans les soirées parisiennes de la jet set, où elle rencontre Derek, un milliardaire désabusé qui grille sa vie entre la drogue, l’alcool et les orgies. C’est cet homme qui va lui tendre un piège terrible, l’amener au bord de la déchéance et de la folie… La très jeune romancière de Hell, grand succès de librairie déjà traduit en cinq langues, décrit avec une lucidité impitoyable un monde où chacun est prêt à se damner pour un quart d’heure de gloire. Elle impose un tempérament d’écrivain avec lequel, indiscutablement, il va falloir compter.

Mon avis

Quand on me parle de romance contemporaine ou que je lis un livre de ce style, je ne jure que par Lolita Pille. J’ai lu Hell, je suis tombée amoureuse. J’ai lu Bubble Gum, je demande l’auteure en mariage sur le champ. Lolita Pille me fournit ce que j’aime en moins de 300 pages: des romances chaotiques qui se finissent toujours mal, des gens torturés, des gens qui torturent d’autres pour le plaisir… Et qu’est ce que j’aime ça!

Dans Bubble Gum, nous suivons Manon, une jeune provinciale qui rêve de quitter sa petite bourgade pour Paris. Un vacancier, George, lui amène cette solution sur un plateau d’argent, il la veut en tant que mannequin pour Vanity, à la condition qu’elle monte à la capitale. Alors le jour de ses 21 ans, Manon se fait la malle et s’installe à Paris, mais George ne veut pas d’elle. Plus d’avenir fait de strass et de paillettes, elle finit serveuse, sous les ordres d’un homme qu’elle nommera « l’Ordure ». Elle va croiser la route de Derek, bientôt la trentaine, milliardaire. Il s’ennuie, alors pour s’occuper, il a trouvé un jeu: il va choisir quelqu’un, puis le détruire mentalement, tout doucement. Et ce quelqu’un, ce sera Manon…

Manon était prête à croire en n’importe quoi, elle avait des yeux, mais elle ne voyait rien, puisqu’elle ne voulait rien voir

La lente montée dans la folie est juste sensationnelle, voir Manon tomber petit à petit est un sacré spectacle, mais Derek n’en sort pas indemne non plus, il tombe lui aussi un peu plus dans la folie, sachant qu’il était déjà bien enfoncé dedans. On les accompagnent tous les deux, dans ce qu’ils appellent un « couple », un couple où l’amour est à sens unique, même infiniment petit, ce sentiment est là, bien présent. Drogues, orgies, alcools, chirurgie esthétique, le monde de Manon n’est plus que superficialité et anti-dépresseurs, pour la plus grande joie de Derek.

Dans ce monde, des millions d’êtres, relativement normaux, donc plutôt laids et plutôt bêtes, comme le veut la norme, revendiquaient leur droit d’aller montrer leur laideur et leur bêtise à des millions d’autres êtres laids et bêtes, qui se délectaient du pathétique de leurs semblables, ignorant qu’en fait d’écran, il n’y avait qu’un miroir.

Ce roman, très fluide, nous amène à nous poser des questions, sur n’importe quel sujet, délirant ou non. Le seul petit bémol est qu’à la fin, Manon a une arme, un revolver. Six balles donc, mais en tire carrément le double, si ce n’est le triple, sans recharger une seule fois. Petit bémol qui a son importance concernant la conclusion finale de l’histoire, mais je suis prête à passer au dessus de ça. Le suspens est à son comble tout le long de l’histoire, on tombe de haut, on remonte avec Manon pour retomber plus bas avec elle, jamais je n’aurais deviné la fin que Lolita Pille a prévu pour Derek et Manon.

Était-ce la télé qui faisait le con, ou le con qui faisait la télé? On pouvait tester son couple à déjeuner, et son inculture à dîner. Des gamines de huit ans voulaient être sexy. D’autres n’avaient trouvé pour se faire remarquer que de revendiquer leur droit de porter le voile au lycée. Finalement, à l’école, on a bel et bien interdit le port du voile, et celui du string aussi.

En bref, encore un bon moment de passé avec un roman de Lolita Pille, le suspens est à son comble, des personnages torturés, tout c’que j’aime!

[Chronique] Une place à prendre- J.K. Rowling

[Chronique] Une place à prendre- J.K. Rowling

une place à prendre


Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.

Mon avis

Une place à prendre, l’un des derniers bébés de Rowling est une sacré réussite. Un énorme tournant pris par rapport aux aventures de Harry Potter, qui pourtant ne plaît pas à tout le monde. A l‘image de Hell de Lolita Pille, les avis sont assez mitigés, ce que je peux comprendre. On verra par la suite ce qu’il faut pour comprendre et mieux saisir les sentiments que ce que cette histoire est censée véhiculée, mais avant, arrêtons nous sur le speech de départ.

L’histoire s’ouvre sur les derniers moments de Barry Fairbrother, quelques instants avant sa rupture d’anévrisme, le jour de son anniversaire de mariage. L’événement macabre est vite relayé à travers la petite bourgade et une seule question se pose : qui va prendre sa place au conseil paroissial ?

Oui, ceci est le fil conducteur de l’histoire : l’élection de son remplaçant. Vu comme ça, je vous comprends, ça ne donne pas vraiment envie d’être lu. Bon, rajoutons à tout cela une grosse dose d’hypocrisie constante entre tout le monde, du sexe, de la violence, de la drogue et vous avez l’avant-dernier Rowling. En bref, pas à mettre entre les mains de tout le monde.

Je me serais bien arrêtée sur les personnages, mais il y en a trop. Beaucoup trop. On est vite perdu, mais plus on avance, plus on repère qui est qui et on commence à relier le tout. Réactions en chaîne, chaque acte perpétré par l’un d’entre eux se répercutera plus tard dans l’histoire sur un autre, menant à des situations plus graves les unes que les autres. L’hypocrisie constante entre les personnages est un autre fil de l’histoire que Rowling exploite à fond sans prendre de pincettes.

Pour comprendre le tout, il faut avoir vécu dans une petite ville, y avoir grandi. Sinon je ne pense pas que l’on puisse comprendre où Rowling veut en venir et ce qu’elle veut nous montrer. Pour avoir vécu dans une petite ville avant de venir habiter à Caen, j’ai vite retrouvé une atmosphère que je connaissais déjà. Dans une place à prendre, nous avons une ville où tout le monde se connait, pleine d’hypocrisie et de condescendance, où tout le monde n’hésite pas à se tirer dans les pattes dans le journal local pour récolter plus d’électeurs à la prochaine élection. A peu de choses près, j’ai vu la même chose dans la petite ville où j’ai grandi. Je pourrais presque changer les noms de l’histoire par ceux que j’ai connu, tellement l’histoire est réaliste. C’est ce réalisme qui m’a fait aimer Une place à prendre.

Côté couverture, je n’aime pas du tout celle du grand format, mais je préfère celle des éditions Le Livre de Poche, qui reflète bien mieux Pagford, à la manière où la petite ville est décrite.

En bref, un roman qui se laisse lire et apprécier quand on passe par-dessus le nombre incalculable de personnages, tous plus importants les uns que les autres.

Edit du transfert de blog : J’ai vu la série, qui comporte trois épisodes. Et OH MON DIEU, j’ai jamais vu quelque chose d’aussi proche de son oeuvre originale ! Et la BO ! Punaise ! Gros gros coup de cœur pour le livre, et la série !