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[Chronique] L’herbe bleue – Beatrice Sparks

[Chronique] L’herbe bleue – Beatrice Sparks

l'herbe bleue

  • Éditeur : Pocket (1971)
  • Pages : 212
  • Genre : Faux journal à tendances dramatiques
  • Prix : 5.30€
  • Acheter L’Herbe bleue

« L’herbe bleue » est le journal intime d’une jeune droguée de quinze ans.

Cet ouvrage ne prétend pas décrire le monde de la drogue chez les jeunes. Il n’apporte aucune solution à ce problème. C’est une chronique personnelle, spécifique, qui, en tant que telle, permettra peut-être de comprendre un peu l’univers de plus en plus compliqué dans lequel nous vivons.

Les noms, les dates, les lieux et certains événements ont été changés, selon le désir de toutes les personnes mêlées à ce récit.

Mon avis

Il fallait que j’en parle de ce livre, même si c’est une aberration totale dans son genre. Oui, oui, une aberration. L’auteure, pas si anonyme que ça, n’est autre que Beatrice Sparks, une mormone qui s’est spécialisée dans les faux journaux intimes d’adolescents (droguée, violée, adolescente enceinte, jeune fille atteinte du SIDA, ado qui se tourne vers le satanisme, ado anorexique, ado SDF…). Bref, le point commun entre tout ce petit monde, c’est qu’ils se sont détournés des Saintes Écritures. Le message est, en gros « Voilà ce qui arrive quand on se détourne de Dieu ». Propre.

Mais je ne savais pas que ce livre était un fake jusqu’au jour où je l’ai acheté et que je suis tombée sur un post qui dénonce l’imposture. Il m’a suffit de quelques recherches pour voir que c’était malheureusement bien vrai : Beatrice Sparks, mormone de 53 ans, se faisait de l’argent en publiant des faux journaux et en se faisant passer pour une assistance sociale, thérapeute…. Bref tous les métiers qui aident les gens dans le besoin. C’est donc en sachant ça que j’ai commencé ma lecture et même si je ne l’avais pas su, le contenu m’aurait mit la puce à l’oreille !

Tout d’abord, il faut savoir que ce texte est très puritain (pas de sexe avant le mariage, entre autres), mais également homophobe, les gays n’étant pas tellement acceptés à l’époque : Alice dénonce son receleur parce qu’elle apprend qu’il est gay, ou encore sexiste : Alice pense que son frère peut devenir gay s’il voit des poils sous les bras d’une femme, on a ici le combo sexisme + homophobie. D’ailleurs, l’homophobie ne s’arrête pas qu’aux gays, les lesbiennes ne sont pas en reste, elles sont toutes décrites comme des « droguées qui se sont gouinées » (c’est tiré du texte, oui, oui).

Mais revenons au sujet principal, la drogue. Bon, j’ai bien rigolé, sincèrement. Les effets décrits sont totalement irréalistes et sortent tout droit d’un nanar sur les hippies des années 80 :

  • Les drogues douces : Alice s’habille avec des pantalons à patte d’éléphant, des gilets en laine sans manche et quand elle se drogue, elle a des sensations extra-sensorielles en dansant sur le tapis à poil long, elle sent qu’on fait un gâteau au chocolat à l’autre bout de la ville et entend quelqu’un respirer dans la maison voisine. Alice voit les sons et entends les couleurs, ne sait plus si elle est Elle, un livre, une table ou une musique.
  • Les drogues dures : Son style vestimentaire n’est plus indiqué ici. Là on rentre dans l’enfer, Alice n’est plus maîtresse de son corps !  Elle est donc violée à plusieurs reprises et quand elle est inconsciente, elle couche avec des filles. Rien ne va plus, elle a horreur de s’être fait « gouinée » (cette expression me fait franchement rire). Non, je vous rassure, elle n’a pas pris de kétamine, juste de la cocaïne !

Et si on continue le délire de l’auteure, il y a carrément des réseaux de vente de drogue dans les écoles primaires où des gamins ont de quoi acheter leur dose quotidienne (pourquoi pas). Donc évidemment, si ça se drogue si tôt, la suite est encore plus poilante. Alice fugue, elle a 15 ans et part avec une amie junkie dans une grande ville américaine, loue un appartement et devient gérante de sa propre boutique. Elle n’a que 15 ans, est-ce qu’il y a que moi que ça choque ou… ?

Sinon chapeau, concernant l’écriture on dirait vraiment une ado qui l’a écrit, il y a pas à dire. Et du côté de la fin, attention spoiler :

La fin de L'herbe bleue
Alice fait un séjour en hôpital psychiatrique, elle en sort clean, bye bye la drogue ! Et elle meurt. Fin de l’histoire.

Bref, du lol en barre, à ne pas lire si vous cherchez un authentique récit d’une personne qui s’est droguée.