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[Chronique] Le deuxième sexe, tome 2 : L’expérience vécue – Simone de Beauvoir

[Chronique] Le deuxième sexe, tome 2 : L’expérience vécue – Simone de Beauvoir

le deuxième sexe tome 2


Comment la femme fait-elle l’apprentissage de sa condition, comment l’éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d’un lourd passé, s’efforcent de forger un avenir nouveau. Quand j’emploie les mots « femme » ou « féminin » je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre « dans l’état actuel de l’éducation et des mœurs ». Il ne s’agit pas ici d’énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s’enlève toute existence féminine singulière.

Cette édition est une limitée et numérotée de 1949, trouvée dans la réserve de la bibliothèque d’Avranches.

Mon avis

Après le premier tome, il est donc logique que je m’attaque au deuxième. Et ayant vu le film Les Suffragettes entre deux chapitres, j’ai pu faire le parallèle entre les deux et me rendre compte oh combien une femme était très compliqué à l’époque. Comparé à aujourd’hui, il n’y a pas photo, même si l’égalité homme-femme n’est toujours qu’un murmure et que le gouvernement vient de faire marche arrière à propos de l’article 14 de la loi contre le harcèlement de rue (parce que ça n’est jamais arrivé aux sénateurs, 90% d’hommes blancs hétéros et cisgenres*, donc le harcèlement sexiste n’existe pas. Et ouais). Bref.

Maintenant que nous avons vu la place de la femme dans l’histoire, d’un point de vue psychologique et d’un autre biologique, il est temps de nous intéresser à la vie de la femme : l’expérience vécue. On commence donc par la formation, dès l’enfance. Où débute le conditionnement ? Puis la vie de la jeune fille, avec ses impératifs comme se trouver un bon mari (avec une bonne position dans la société, of course), et qui va faire ses premières expériences sexuelles. Un chapitre est aussi consacré aux lesbiennes, où Simone de Beauvoir développe plusieurs pistes sur la façon dont les jeunes filles passent – ou non – par cette attirance sexuelle. C’est vraiment très intéressant de pouvoir mettre des mots sur tout ça !

Après cela, la femme a une situation, c’est une femme mariée, une mère, mais sa situation s’exprime aussi – et surtout – par sa place dans la société qu’elle a obtenu grâce à son mari. Mais il n’y a pas que des mères de famille mariées, Simone soulève un autre point : les prostituées – et les prostituées de luxe, qui n’ont que ce titre comme situation, et elle nous explique comment ces femmes vivent, comment elles en sont venu à se prostituer, comment elles le vivent.

A partir de là, l’auteure enchaine sur la justification (la narcissique, la mythique et l’amoureuse), mais ce sont des points vus et revus dans ce tome (et si mes souvenirs sont bons, dans le premier aussi), cela devient donc répétitif et une certaine lourdeur s’installe, bien que Simone nous prévienne à l’avance de ces répétitions. La conclusion sur la femme indépendante amène une lueur d’espoir, qui indique que tout n’est pas perdu, qu’il faut se battre, mais attention de ne pas perdre vos droits dans la bataille – on les perds si facilement en tant que femme…

Concrètement, j’ai trouvé le premier tome plus intéressant que le deuxième, qui s’adresse vraiment aux néophytes. J’ai tout de même appris pas mal de choses avec cette suite, mais qui est déjà au fait du combat féministe ne sera pas du tout perdu en lisant celui-ci. Avec en plus les témoignages de l’époque qui apportent une vraie plus-value à ce tome et apporte la preuve que tout ce qui est exposé dans L’expérience vécue est basé sur des faits, ce sont des arguments de taille qui nous en apprennent bien plus sur certaines situations que n’importe quel long discours sur le sujet.

En bref, je n’irais pas jusqu’à dire que Le deuxième sexe est la bible de la femme – il n’est plus d’actualité, les mentalités ont évoluées – , mais qu’il est une bonne base si on prend la peine de lire le premier tome pour comprendre plus en profondeur la nécessité du combat féministe. En revanche, le deuxième tome s’adresse très clairement aux néophytes qui voudraient comprendre le tout – la femme, le féminisme et le reste.

*cisgenre : Se dit d’une personne qui accepte son genre assigné à la naissance, pour faire simple. Pour en apprendre plus, c’est par ici !

[Chronique] Le deuxième sexe, tome 1 : Les faits et les mythes – Simone de Beauvoir

[Chronique] Le deuxième sexe, tome 1 : Les faits et les mythes – Simone de Beauvoir

le deuxième sexe tome 1


Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la « réalité féminine » s’est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l’Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu’il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s’évader de la sphère qui leur a été jusqu’à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.

Cette édition est une limitée et numérotée de 1949, trouvée dans la réserve de la bibliothèque d’Avranches.

Mon avis

Quand on cherche des livres sur le féminisme, Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir est toujours cité. Mais attention, seul le deuxième tome est mis en avant, au détriment du premier. Et si je vous dit que même Madmoizelle, le célèbre site féministe ne met que le tome 2 en avant ? Malheureusement, je n’ai pas de lien sous la main parce que Madmoizelle se fait désindexer de Google à cause de son nouvel algorithme. J’apprécie ce site qui m’a appris les bases du combat des femmes, mais je reste toujours surprise de cette lacune. Bref.  Pourquoi au détriment du premier tome ? Imaginez une saga que vous commencez à partir du tome 2. Il vous manque donc une sacré dose d’informations.

En effet, comment comprendre le combat féministe si on ne sait pas comment cette société patriarcale  s’est montée et a asservi la femme sous forme de contrats de mariage ? Saviez-vous que la galanterie, c’est ce que les hommes ont trouvé comme argument pour que les femmes n’aillent pas au travail ? Car oui, ce que les hommes de l’époque voulaient mettre dans le crâne des femmes, c’était que si la femme allait travailler, elle n’aurait plus besoin de ce privilège qu’est la galanterie (lui offrir des choses, lui tenir les portes, ect…). Et des femmes y ont cru ! Et tout ceci, c’est dans le premier tome, comment passer à côté de ça ? Et je lis le tome 2 en ce moment, qui renvoie régulièrement vers le premier !

On ne naît pas femme, on le devient. Combien de personnes citent cette première phrase du tome 2, sans savoir qu’elle n’est autre que la conclusion du premier tome, et que Simone a su résumer dans cette seule et unique phrase ce qu’elle a démontré dans le premier. Simone revient sur la psychologie, la biologie, comment la femme a été catégorisée comme étant « Autre », d’où est parti cette classification.

On part d’abord sur les faits donc, pour dériver petit à petit sur les mythes que les hommes croyaient (et croient encore !) sur nous. Sur nos règles, nos humeurs, notre capacité à materner, ect… Que l’on retienne bien une chose : nous devons ceci aux hommes. Ce sont eux qui ont conduit ces études sur les femmes, sans aucune femme à leurs côtés. C’est encore le cas en France, on est des champions quand il s’agit de parler des minorités, de laisser des hommes cis-blancs hétéros prendre la parole alors qu’ils ne sont absolument pas concernés.

Concernant la lecture, si vous voulez lire cet essais féministe : accrochez-vous. C’est clairement de la philo : une introduction, des parties, des sous-parties, et une conclusion. Et Simone a du vocabulaire, alors gardez un dico pas très loin. Mais ça se lit bien, pour peu qu’on s’accroche. J’aurais voulu citer tout le livre pour illustrer mes propos, mais on me murmure que ce n’est pas possible, alors je vais conclure sur une citation de Simone, qui cite elle-même Poullain de la Barre :

 Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être suspect, car ils sont à la fois juge et partie.

Lisez le premier tome, vraiment. Ne vous lancez pas dans le deux sans passer par cette étape !

[Chronique] Les Kama Sutra – Vatsyayana

[Chronique] Les Kama Sutra – Vatsyayana

les kama sutra

  • Éditeur : La Musardine (édition de 2015)
  • Pages : 326
  • Genre : Classique
  • Prix : 6.95€
  • Acheter Les Kama Sutra

Il en existe des traductions très récentes, il en existe des versions tronquées, il en existe des illustrées, de gravures ou de photos, mais depuis longtemps était indisponible la toute première traduction française de ce texte incroyable des Kama Sutra. Dans l’esprit qui, depuis l’origine, anime la collection Lectures amoureuses d’offrir au public l’histoire et le meilleur de la littérature érotique, cette version des Kama Sutra datant de 1885 tient une place d’honneur. Car on découvre dans une langue d’une suavité parfaite, même si un tantinet surannée, ce qui défraya la chronique à cette époque et pour de longues années : un catalogue invraisemblable de postures érotiques pour le moins acrobatiques, mais au-delà de cela, tout ce qui se doit faire pour consolider la bonne entente entre hommes et femmes, de la préparation des corps pour la séduction jusqu’à l’art d’arranger sa maison en vue d’une partie de jambes en l’air réussie ! Un bréviaire de l’amour datant de l’Antiquité de l’Inde pour mettre le feu aux poudres et le rose aux joues… Les Kama Sutra, petit ouvrage indispensable aux parfums d’Orient pour développer le goût de la rêverie et des prouesses techniques en matière de sexualité…

Merci aux éditions La Musardine pour cette lecture !

Mon avis

Les Kama Sutra sont, dans les croyances populaires, qu’un recueil de positions sexuelles plus ou moins acrobatiques, mais il n’en est pas seulement question (entre nous, ça doit faire entre 20 et 30% du livre). Et La Musardine nous le démontre avec cette dernière édition qui se base sur une des premières traductions, celle de 1885.

Le reste de l’ouvrage est consacré au choix de l’époux/se, comment le/la quitter, comment consolider son couple et faire en sorte que les autres aient confiance en vous, comment se comporter avec sa belle-famille, ses domestiques et ceux de sa moitié, avec les autres femmes si on est dans un harem ou si le lecteur est un homme qui souhaite s’infiltrer dans un harem. Comment une courtisane doit vivre, comment agencer sa maison, son jardin, sa chambre à coucher… Et j’en passe ! Le tout est axé sur la spiritualité, pour que chaque pratique reste en concordance avec les croyances religieuses des Hindous.

Point d’illustrations dans cette édition, c’est uniquement du texte. Aucune lourdeur dans celui-ci, bien que l’on se base sur la traduction de 1885. Le texte reste facile à lire et à comprendre dans son intégralité. Et bien sûr, si certains termes vous paraissent inconnus, cet ouvrage est accompagné de notes pour faciliter la compréhension.

En bref, bien au-delà du « recueil de positions », Les Kama Sutra est un parfait guide pour qui veut en savoir plus sur ce texte Hindou et en tirer quelques connaissances.

[Chronique] Et si on se prostituait ? – Eva Giraud

[Chronique] Et si on se prostituait ? – Eva Giraud

et si on se prostituait


« J’ai cherché du boulot pendant quatre ans. Avec acharnement. Deux heures par jour, cinq jours par semaine. Je n’ai pas eu un seul entretien. J’ai postulé, cent fois, deux-cents fois, postulé encore. Et puis j’ai arrêté de compter.
J’ai 25 ans, je suis au chômage mais ne touche pas le chômage. Que faire quand on ne rentre pas dans les cases ? Eh bien, on fait comme moi, et comme des milliers d’autres : on cherche, on s’occupe, on travaille pour la gloire, et on prend ça avec humour. Et surtout, parfois, on a envie d’étrangler les gens qui nous disent que « quand on veut on peut ». »
Elle s’appelle Eva, elle cherche du travail depuis… toujours ? Oui c’est plus ou moins ça. Vous connaissez tous une « Eva », nous sommes tous concernés de près ou de loin par sa situation. Heureusement, Jean-Claude est là pour la soutenir. Et c’est avec humour, bien qu’avec réalisme également, qu’elle nous présente son aventure, pour ne pas dire son parcours du combattant.

« Et si on se prostituait » est un témoignage qui n’emploie pas la langue de bois et qui dénonce une réalité qui ne fait pas toujours plaisir… Mais Eva a le mérite de s’exprimer sur le sujet dans cette nouvelle dont le ton léger permet de ne pas dramatiser le sujet abordé. Car même si la situation est effectivement dramatique pour nombre de jeunes comme Eva, elle a su présenter son expérience avec du recul et un cynisme qui lui va tellement bien…

Mon avis

Eva est au chômage depuis quatre ans. Pourtant, elle a travaillé dur pour obtenir son BTS édition, elle a tout donné pour le décrocher. Et pour quels résultats? Essuyer des refus – quand un employeur veut bien se donner la peine de lui répondre – , travailler pour la gloire en se disant que ça fera bien sur le CV, un peu d’expérience… Eva nous délivre un témoignage poignant, qui reflète bien la difficulté de trouver un emploi. « Nous connaissons tous une Eva« . Je suis une Eva, ça va faire trois ans que j’essaye avec difficulté de trouver aussi un emploi, alors quand je vois qu’elle parle de ce « service civique », ou des formations inutiles que nous colle pôle emploi, je me suis très vite reconnue.

Nous suivons mois après mois Eva, face à ses efforts, ses désillusions, les employeurs peu scrupuleux qui n’hésitent pas à lui demander si elle vient de la part de quelqu’un, ou qui n’hésitent pas à briser ses espoirs en lui faisant miroiter un contrat, pour plus tard lui refuser. On a envie de l’aider, de l’épauler, de lui dire qu’elle y arrivera à s’en sortir. Elle y croit aussi, mais au bout de quatre ans, qu’espérer de plus?

Cependant, point de mélo-dramatique et d’apitoiement sur sois-même, l’auteure nous délivre son récit avec une touche de cynisme et d’humour noir qui fait sourire malgré le sujet. Avec Jean-Claude, son chat et sa colocataire Léa, elle pense quand même: « et si on se prostituait? » une idée jetée qu’elle ne réalisera pas, mais ce n’est pas sans rappelé les étudiantes qui ne peuvent et payer leur scolarité et leurs frais et qui décident donc de louer leur corps pour subvenir a leurs besoins. L’écriture fluide d’Eva nous emmènes à travers cette tranche de vie qui se lit très vite, en moins d’une heure j’avais bouclé cette nouvelle de 64 pages. Il n’y a pas vraiment de fin. On s’arrête au bout de quatre années d’intenses recherches avec une petit leçon de morale à l’intention des personnes qui pensent que les jeunes ne font rien pour s’en sortir, les mettant devant le fait accomplit: si ils ne la croient pas, qu’ils viennent donc passer un mois ou deux chez elle, pour comprendre un peu mieux ce qu’elle vit.

En bref, j’ai beaucoup aimé ce témoignage que nous délivre Eva et je me suis beaucoup reconnue à travers ces lignes. Je remercie le forum Have a Break, Have a Book et les éditions Edibitch pour ce partenariat.

[Chronique] A la rencontre des gothiques – Chris Vilhelm & Guillaume Hantz

[Chronique] A la rencontre des gothiques – Chris Vilhelm & Guillaume Hantz

A la rencontre des gothiques


Beaucoup de choses se disent sur les gothiques. Dans l’imaginaire populaire, le gothique est un être ténébreux, habité par la noirceur et adepte de musiques violentes, trop brutales pour le commun des mortels… Son univers mal compris fascine autant qu’il effraie. En quelques pages, ce livre propose une descente dans l’underground. Sur les pas de Chris Vilhelm et Guillaume Hantz, les idées reçues sont soulevées et démythifiées. Oubliés les adolescents en crise, les messes noires et le métal hurlant, A la rencontre des gothiques revient sur l’histoire musicale, les origines punk, les influences littéraires ou cinématographiques, les thèmes d’un mouvement qui reste, à bien des égards, très marginal. Pourquoi la Mort ? D’où vient cette manie de s’habiller en noir ? Existe-t-il une proximité avec le satanisme ? Les questions que tout le monde se posent auront enfin leur réponse.
Une culture de l’ombre : à la rencontre des gothiques est un petit livre clé pour qui veut se familiariser avec ce monde étrange, souvent décrié, mais plus attachant qu’on ne le pense. Grâce au dessinateur Tim les figures les plus marquantes de la scène (Robert Smith, Marylin Manson, Boyd Rice, …) apparaissent sous un trait décomplexé, sympathique et poétique.
Avis aux amoureux des goths, et des curieux qui pourraient se laisser tenter par un voyage souterrain des plus étonnants.

Mon avis

Quand j’ai vu que A la rencontre des gothiques était proposé en partenariat sur Livraddict, j’ai immédiatement sauté dessus. D’une part, une grande curiosité et d’une autre une certaine nostalgie de cette époque qui me paraît bien loin (presque quatre ans déjà). Dénouer le sac de nœuds qu’est la culture gothique pour essayer de l’expliquer aux néophytes, c’était un pari risqué, remporté haut la main. Des différents styles de musiques aux films en passant par les styles littéraires, la question de la mort, du satanisme, l’art, les sciences occultes et la sorcellerie, mais également le regard de la société, rien n’est épargné.

Les gothiques, souvent fuis à cause de leur style et du fait qu’on leur colle l’étiquette de sataniste en puissance, restent incompris aux yeux du grand public. Pire, on les rabaisse dans les émissions télé que l’on essaye de faire passer pour des super-enquêtes-de-la-mort-qui-tue-pas-on-dit-vrai-on-est-la-télé. Oui bah non. Les gothiques ne vivent pas dans une cave à faire des rituels sataniques pour faire appel à un démon quelconque. Je vous rassure, à Caen ils s’exposent au soleil sur les pelouses du château, petite communauté très sympathique qui ne dit jamais non à un nouveau venu. Je le sais bien, car un jour j’ai fais partie des nouveaux venus, jusqu’à ce que j’abandonne petit à petit ce mouvement, d’abord les vêtements pour avoir la chance d’avoir un boulot (je garde ce genre de tenues pour les concerts, les festivals et les soirées), une bonne partie de la musique… Il me reste plus que la filmographie, les livres, la culture et ce non-conformisme qui caractérise bien les gothiques (et une tignasse de cheveux rouge sombre).

Grâce aux parties sur la musique, les films et les livres, j’ai découvert et redécouvert plusieurs artistes qui caractérisent bien le mouvement, que ce soit des plus célèbres comme Manson, à ceux moins connu par chez nous comme Das Ich. Cependant, j’ai trouvé dommage que la partie sur le style vestimentaire ne soit pas plus étayé que ça, on ne s’arrête ici qu’à un passage dans une boutique et un témoignage, mais rien de plus. Toutes les questions que « les autres » se posent sur les gothiques comme le rapport à la mort, le satanisme, les sciences occultes et à la sorcellerie sont quant à elles bien détaillées et permet de répondre avec objectivité.

J’ai particulièrement aimé le passage sur le regard de la société, qui me rappelle que la France est un sacré pays d’intolérant, notamment lors du témoignage d’une vendeuse allemande, qui expliquait que dans son pays natal, son style ne posait aucun soucis, mais depuis qu’elle est arrivée en France elle avait dû le quitter et porter un style plus banal, même dans sa boutique gothique. Pour avoir fait l’expérience deux fois en Allemagne, j’approuve ses dires. Pas un regard de travers, pas d’insultes, ni quoi que ce soit par rapport à mon style, mais en France, c’est tout le contraire. « Ah, mais tu as une tête de mort sur ta mitaine, tu es gothique ! » (en plein cours de français au lycée, époque où je ne portais que du noir et des mitaines trouées) ou « attachez-le, le clebs! » (Paris, gare Saint-Lazare, sortie de Japan Expo, le collier clouté à apparemment fait sensation, l’année dernière) ou « Hé, v’là le corbac » (soirée anniversaire d’un ami dans une salle privée) ou cette fille qui me dévisageait à une crémaillère, en restant bloquée sur la croix que je portait au cou… (je ne vais pas te manger, pro-mis).

En bref, un bon petit livre qui mettra tout le monde d’accord sur ce mouvement, que ce soit les parents qui veulent comprendre leurs enfants et se rassurer, la communauté gothique et ceux qui voudraient les rejoindre, ou juste par curiosité!


A l’écoute des gothiques est la toute première publication des éditions luciférines que je remercie pour ce partenariat. Leur seconde publication sera un recueil de nouvelles, Nouvelles Peaux, où dix auteurs revisite à leur façon les nouvelles d’Edgar Allan Poe. Et rien que pour Morgane Caussarieu qui y participe, il vous le faut abso-lu-ment. Donc du coup, il file dans ma wishlist en attendant que je puisse me le prendre !