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[Chronique] La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker

[Chronique] La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker

la vérité sur l'affaire harry québert


À New York, au printemps 2008, lorsque l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Mon avis

Marcus Goldman, écrivain à succès, fait l’expérience de la maladie des auteurs : le syndrome de la page blanche. Son éditeur le harcèle pour qu’il publie au plus vite son livre, sinon il le trainera en justice pour ne pas avoir respecté son contrat qui le lie à sa maison d’édition. Alors Marcus part rejoindre Harry Québert dans le New Hampshire, Québert qui n’est autre que son maître, celui qui lui a tout appris pour devenir un bon auteur. Mais sa retraite va prendre une autre tournure quand on va découvrir le squelette d’une jeune fille disparue depuis 30 ans, dans le jardin de Québert

La vérité sur l’affaire Harry Québert est un bon gros pavé, mais qui se lit bien et assez vite. On saisit assez rapidement que c’est une histoire dans l’histoire de l’histoire (oui oui), et là où réside donc notre intérêt, ce n’est pas forcément de savoir si Harry Québert est innocent, mais plutôt si Marcus va arriver à écrire son livre à temps et si celui-ci va bel et bien devenir le bestseller tant attendu.

Et de là, part une critique du monde de l’édition : les agents littéraires, les éditeurs qui ne pensent qu’aux revenus, les contrats… Et là se révèle à nous tout le business des bestsellers, les fameux contrats comme celui de Marcus ou encore les fameux « Ghost Writers« , ces auteurs fantômes qui écrivent à la place de celui dont le nom sera sur la couverture.

L’enquête est donc plus qu’un prétexte pour faire avancer l’histoire, mais son développement reste intéressant. On devine assez vite quels personnages sont impliqués dans le meurtre et les évènements autour, sans forcément en comprendre les tenants et les aboutissants. Mais le tout reste cohérent et assez compréhensible malgré toutes les histoires qui s’y mêlent.

Le développement des personnages est aussi intéressant, à tous les points de vue. Entre ce que nous montre l’auteur, ce que disent les personnages sur les autres, et ce qu’ils sont vraiment, c’est comme dans la vie : il y a tout un monde et c’est à nous de faire le tri dans tout ça, de saisir les nuances pour mieux comprendre Nola, Québert, et les habitants de la petite ville d’Aurora…

En bref, La vérité sur l’affaire Harry Québert mérite bien ses prix, car il en faut pour arriver à faire tenir autant d’intrigues, tout en restant cohérent et compréhensible du début à la fin. Une bonne lecture dont on aurait tort de s’en priver !

[Chronique] Crossroad, l’intégrale – Rohan Lockhart

[Chronique] Crossroad, l’intégrale – Rohan Lockhart

crossroad intégrale


LAST DELIVERY
Alors que la nuit tombe sur les environs de New-York, une voiture pénètre dans un hangar pour prendre en charge sa cargaison. Son chauffeur s’est fait une promesse : ce sera sa dernière livraison. Finies les magouilles entre gangs, fini le banditisme. Ce soir, il raccroche.
Mais ce qui devait être une mission tranquille et sans soucis se révèle très vite bien plus complexe, lorsqu’il se trouve forcé de prendre une décision qui va changer sa vie, mais pas comme il l’entendait.

MIDNIGHT DRIVE
Isaac et Joaquim n’aspirent qu’à trouver un endroit où s’aimer, loin de leurs vies passées. Et peut-être, quelque part, y rencontrer le bonheur et la paix. Un jour après l’autre, ils continuent leur voyage jusqu’à, finalement, s’arrêter dans la petite ville d’Everett dans l’état de Washington.
Ici, plus rien ne peut venir ternir leurs regards, ni obscurcir ce qui fait battre leur cœur plus vite. Rien sauf peut-être eux même…
Entre un quotidien dans lequel ils se perdent et des non-dits qui les écorchent, Isaac et Joaquim vont comprendre que le plus grand des ennemis est souvent en soi. Et qu’il est bien plus difficile de reconstruire ce qu’ils ont eux-mêmes brisés.

Merci aux éditions MxM Bookmark et à Babelio pour cette lecture !

Mon avis

Crossroad, première partie : Last Delivery. Joaquim, livreur pour les gangs, trimballe dans son coffre des colis qu’on envoie pas par La poste : drogue, armes, corps… Mais il veut raccrocher, en finir avec tout ça, juste après cette ultime livraison. Sauf que le contenu du colis de cette nuit respire encore…
Deuxième partie : Midnight Drive. Joaquim et Isaac s’installent à Everett, mais dès le départ, rien ne va pour Isaac. Joa le présente comme son cousin au lieu de le présenter comme son homme, il ne trouve pas de travail ou alors des jobs qui ne l’intéressent pas, Joaquim s’éloigne, ne rentre plus le soir, ne le touche plus… Alors quand Joaquim se réveille un matin et retrouve la maison vidée de la présence d’Isaac, il se lance à sa recherche dans tous les États-Unis avec peu d’espoir.

La première partie est un road-trip entre Joaquim et son colis, qui fuient le gang qui attendait le corps. Ils roulent direction la Californie, mais cela ne va pas être de tout repos, loin de là ! L’action est omniprésente et les évènements s’enchainent assez rapidement. Mais la suite est beaucoup plus sombre et encore plus mature que ce début. On plonge en plein dans l’enfer des gangs, avec la violence qui caractérise ces groupes, et c’est assez trash !

Midnight Drive met aussi sur le tapis la question de l’acceptation de soi, de son orientation sexuelle, le poids du regard des autres… Car le couple Joa/Isaac bat de l’aile, et c’est à ce moment là où Rohan devient complètement sadique et ne nous laisse pas un poil d’indice. On ne sait pas si Joaquim va retrouver son amant et si c’est le cas, est-ce que ce dernier va l’accepter ? On découvre le tout en même temps que Joa, et c’est assez frustrant !

Et comme les chapitres alternent entre les points de vue des deux hommes, on va suivre leur cheminement d’un bout à l’autre du pays, les voir réfléchir sur ces mois à Everett, leurs sentiments, faire le point où ils en sont. C’est une partie difficile par son côté vraiment violent, une partie qui nous malmène entre ces deux personnages qui sont de vraies têtes de mules quand ils s’y mettent.

Mais l’épilogue est magnifique et apporte une conclusion qui me satisfait énormément ! Il apporte une certaine douceur à l’histoire, et j’aurais très envie de retrouver Joaquim et Isaac plus tard, même dans une nouvelle. Même l’idée d’un crossover entre la next-gen de GMO Project et Crossroad m’est venue, mais je crois bien que pour ces deux-là, c’est la fin…

En bref, l’intégrale permet de passer rapidement à la suite, car le premier tome de la duologie était très court – mais était un condensé d’action et de rebondissements. Midnight Drive apporte une part très sombre à l’histoire, entre la violence, la remise en question de Joaquim et Isaac, on se demande si ils auront droit eux aussi à leur happy end…

[Chronique] Morwenna – Jo Walton

[Chronique] Morwenna – Jo Walton

Morwenna

  • Éditeur : Folio (2016)
  • Pages : 417
  • Genre : Fantasy
  • Prix : 8.20€
  • Acheter Morwenna

Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghust, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privé à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Loin de son pays de Galles natal, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres, notamment des livres de science-fiction. Samuel Delany, Roger Zelazny, James Tiptree Jr, Ursula K. Le Guin et Robert Silverberg peuplent ses journées, la passionnent. Alors qu’elle commence à reprendre du poil de la bête, elle reçoit une lettre de sa folle de mère : une photo sur laquelle Morganna est visible et sa silhouette à elle brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de se battre.

Merci aux éditions Folio et à Livraddict pour cette lecture !

Mon avis

Morwenna – qui préfère qu’on l’appelle Mori – est une jeune galloise très loin de son pays. Fuyant sa mère, et tentant de faire le deuil de sa sœur jumelle, elle tente de faire sa petite vie dans l’école privée d’Arlinghust. Mais entre son père qu’elle n’avait jamais vu, les sœurs de ce dernier, son handicap et les fées, est-ce qu’elle pourra retrouver une vie calme pour finir ses études ?

C’est difficile de résumer ce livre sans en dire trop. L’ambiance y est particulière, c’est un récit à la fois beau et étrange.  Mais en tout cas, il ne m’a pas laissée indifférente. On suit Mori à travers son journal intime, où elle raconte sans détours ses journées, ses théories, la magie,  ses liens avec les gens qui l’entoure… On commence avec son arrivée à Arlinghust, pour finir là où tout a commencé, ses racines : Le pays de Galles.

Car il faut savoir qu’il n’y a pas tellement d’action ni de rebondissements, c’est juste la vie d’une jeune fille scolarisée, dotée de pouvoirs, bien qu’avec la magie on pourrait y voir une métaphore du passage à la vie adulte. Au final, le côté fantasy est très peu présent dans ce one shot. Tout dépend si l’on est plus terre à terre et que l’on part sur l’idée de la métaphore, où si on accepte pleinement la magie présente.

Comme l’indique le résumé, il y a énormément de références à des titres majeurs de la science-fiction des années 60-80 (pour faire large), mais il n’y a pas besoin d’être lecteur de SF pour les saisir, Mori expliquant assez souvent pourquoi elle en vient à ce livre, ce passage, ce personnage, cet auteur… En tout cas, c’est un roman qui se lit vite, c’est assez fluide et Jo Walton a un vocabulaire riche.

Le roman est parsemé de jolies citations sur les lecteurs, les livres et les bibliothèques qui ont fait chavirer mon coeur de lectrice, dont en voici une en particulier :

Bibliotropes, a dit Hugh. Comme les tournesols sont héliotropes, nous sommes naturellement attirés par la librairie.

En bref, Morwenna est une jolie fantasy assez soft pour ceux qui ne seraient pas habitués par ce genre. Un roman que l’on peut lire pour son côté magique, ou alors se contenter d’y voir une métaphore sur le passage de la vie adulte. Dans tous les cas, ce n’est pas un roman qui vous laissera indifférent !

[Chronique] La brigade de l’ombre, tome 1 : La prochaine fois ce sera toi – Vincent Villeminot

[Chronique] La brigade de l’ombre, tome 1 : La prochaine fois ce sera toi – Vincent Villeminot

La prochaine fois ce sera toi


Fleur vérifia sur son téléphone : son père ne lui avait laissé aucun message. C’était curieux, ces trois appels successifs. Pourtant, elle décida de faire la morte. La morte… Une étrange façon de parler, à bien y réfléchir. Et glaçante, quand on l’associait aux coups de fil du commissaire Markowicz. Son père. Pour qui le pire était toujours sûr.

Merci aux éditions Casterman et à Livraddict pour cette lecture !

Mon avis

Léon Markowicz – Commissaire Markowicz – boit et lit beaucoup. Des fois il fait les deux en même temps. Il gère la Brigade Markowicz, spécialisée dans les goules. Car aujourd’hui, avec une simple morsure, n’importe qui peut se transformer en goule et commettre des meurtres des plus sanglants. Et entre nous ça fait désordre. Mais quand c’est la fille de Léon qui est visée par une attaque d’une de ces goules, le commissaire le prend personnellement et va entrainer sa brigade dans cette course contre la montre. Car le tueur est décidé à passer rapidement à l’attaque…

Dans ce premier tome, on se concentre plus sur l’humain que la genèse des goules. Ce sera peut-être plus détaillé dans la suite, mais à part les informations de base qui permettent de comprendre l’histoire, l’auteur n’est pas allé plus loin. Ici, Vincent Villeminot a fait le choix de mettre en avant les personnages qui composent la brigade. Leur passé, ce qu’ils sont au sein de cette unité. On découvre aussi les filles de Léon, dont Adélaïde qui m’a beaucoup amusée, à ses dépends. En tout cas, les membres de la brigade sont tous des personnages haut en couleurs, pour certains à la limite de l’absurde, mais pourtant très sérieux, la marque de fabrique de l’auteur (Nada#1, La famille normale au complet…).

C’est la première fois que Vincent Villeminot s’essaye au roman noir, et pour moi c’est une réussite. L’ambiance installée correspond bien au genre, même si nous sommes ici dans un roman jeunesse. Bien que la construction de l’enquête reste assez banale, l’action est présente et les rebondissements sont très bien placés, tout est fait pour que nous n’ayons pas envie de lâcher notre lecture. De plus, j’ai toujours eu un faible pour l’humour de l’auteur, très subtil, mais qui s’intègre toujours aussi bien à ses récits 🙂

La fin laisse présager que les tomes pourront se lire indépendamment les uns des autres, puisque l’enquête se termine en même temps que ce premier tome.  Nous n’avons pas l’ombre d’un indice concernant le prochain tome, seulement que cela devrait se dérouler très certainement du côté de Rennes. Une affaire à suivre…

En bref, ce premier tome de La brigade de l’ombre pose les bases d’un univers qui s’annonce très intéressant autour des goules. Les personnages sont très bien amenés et j’ai hâte de les découvrir plus en profondeur ! Vivement la suite…

[Chronique] Baad – Cédric Bannel

[Chronique] Baad – Cédric Bannel

baad

  • Éditeur : Robert Laffont (2016)
  • Pages : 480
  • Genre : Thriller
  • Prix : 21.50€
  • Acheter Baad

Barbarie
Des jolies petites filles, vêtues de tenues d’apparat, apprêtées pour des noces de sang.
Abomination
Deux femmes, deux mères. À Kaboul, Nahid se bat pour empêcher le mariage de sa fille, dix ans, avec un riche Occidental. À Paris, les enfants de Nicole, ex-agent des services secrets, ont été enlevés. Pour les récupérer, elle doit retrouver un chimiste en fuite, inventeur d’une nouvelle drogue de synthèse.
Affrontement
Il se croit protégé par ses réseaux et sa fortune, par l’impunité qui règne en Afghanistan. Mais il reste encore dans ce pays des policiers déterminés à rendre la justice, comme l’incorruptible chef de la brigade criminelle, le qomaandaan Kandar.
Déflagration
Nicole et Nahid aiguisent leurs armes. Pour triompher, elles mentiront, tortureront et tueront. Car une mère aimante est une lionne qui peut se faire bourreau.

Merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture !

Mon avis

Oussama Kandar, qomaandaan dans la police afghane et officiant à Kaboul, se retrouve avec une enquête des plus ignobles à résoudre : un homme – vraisemblablement un américain – tue des petites filles tous les dix jours. Dans un pays ravagé par la corruption, cela va être compliqué de retrouver cet homme. Tandis qu’en Europe, Nicole Laguna et sa famille se font kidnapper par la Copula, la mafia italienne. Ex-agent des services secrets, elle se retrouve obligée de retrouver un chimiste français qui fabrique une nouvelle version d’une drogue pour la mafia russe, si elle veut un jour revoir son mari et ses enfants. Kandar et Laguna, deux personnes que tout oppose qui doivent trouver des personnes trop bien cachées…

Vous vous en doutez, les deux histoires sont liées et vont s’entrecroiser dans ce récit riche qui nous fait voyager en Afghanistan. L’auteur ayant vécu là-bas, cela donne une certaine saveur à cette histoire. Entre ses paysages et ses personnages bien fouillés, le dépaysement est total. De plus, le contexte géopolitique est réaliste et est très bien retranscrit, l’immersion est parfaite. De plus, les « faits » de cette fiction se déroulent visiblement à la même époque que la notre, et se retrouve lié à l’actualité brûlant du moment : l’État Islamique.

La question des droits des femmes afghanes est évoquée, à travers la RAWA (association révolutionnaire des femmes afghanes), mais aussi à travers des femmes comme celle de Kandar, membre de la RAWA, donc, et Nahid, la mère d’une des petites filles qui va se battre envers et contre les hommes pour tenter de sauver sa fille. Ce sont des personnages forts qui ne nous laissent pas indifférents.

Il y a énormément d’action dans ce roman, entre la traque en Europe de Nicole et celle de Kandar en Afghanistan, on ne s’ennuie pas un seul instant. Et les retournements de situations sont tellement bien placés ! J’ai juste lâché dans les parties en Italie, elles m’apparaissent comme superflues, n’apportant rien à l’enquête et à l’histoire en général vu qu’il ne s’y passe pas grand chose.

Pour finir, juste un mot sur la couverture : elle est simple, mais j’adore le jeu des couleurs ! 🙂

En bref, Baad est un roman très intéressant et qui apporte un dépaysement total, loin de cet Afghanistan décrit par les médias. L’histoire nous prend aux tripes et on se surprend à croiser les doigts pour que ces enquêtes se terminent bien. J’ai beaucoup aimé ce titre, et je pense m’intéresser à ceux que l’auteur a déjà écrit !

[Chronique] Half Bad, tome 3 : Quête noire – Sally Green

[Chronique] Half Bad, tome 3 : Quête noire – Sally Green

half bad 3


L’alliance des sorciers libres a été dispersée. Comme tous ses compagnons, Nathan se cache. Mais il ne renonce pas à la guerre, sa guerre. Une amulette secrète lui donnerait le pouvoir de sauver l’Alliance.
Nathan part à sa recherche, au risque de s’y perdre, et de perdre tout ce qu’il aime.

Mon avis

La fin du deuxième tome m’avait choquée. Je n’ai jamais autant détesté un personnage de fiction de ma vie. Je n’ai jamais non plus fait autant d’allers-retours chez ma libraire en attendant impatiemment la sortie de ce tome final. L’attente a été tellement longue que je n’ai pas pu me retenir de lire les premières pages en VO à la librairie Shakespeare & Co. Moi, une lectrice masochiste ? A peine… 😉

Et aujourd’hui je fais face à un coup de cœur monumental, et je ne m’en suis toujours pas remise ! Tout dans ce dernier tome, dans cette conclusion, était parfait. Tellement que j’en ai pleuré à la fin, j’ai du aller chercher des fins alternatives sur fanfiction.net, chose que je n’avais pas fait depuis la mort de mes personnages préférés dans Harry Potter. Heureusement, les lectrices anglophones partagent ma détresse et ont déjà réécrit les derniers chapitres !

Parce que la relation de Nathan et Gabriel… Mon Dieu, que d’émotions ! Quand Sally Green a introduit ce personnage, j’ai tout de suite shippé les deux jeunes hommes, en bonne fujoshi qui se respecte. J’ai croisé les doigts tellement forts pour voir cette relation aboutir… Et dans ce dernier tome, on voit toute l’influence de Gabriel sur Nathan, tout ce qu’il est pour lui… C’est tellement beau au milieu de toute cette violence

Car c’est un tome où Nathan se jette à corps perdu dans ses ultimes objectifs. Sa vengeance, sa haine le consume au point de ne laisser que des cadavres dans son sillage. Sally Green arrive à nous faire ressentir tout ce que Nathan est entrain de vivre sous nos yeux, c’est tellement fort, on ne peut pas en sortir indemne de cette lecture, clairement pas. La narration est particulière, mais je me suis vite habituée, la plume de l’auteure a été ma nouvelle addiction. La saga est tellement prenante que j’ai eu du mal à commencer ma lecture suivante. Alors imaginez un peu quand j’ai appris que les droits de la saga ont été rachetés par la Fox pour en faire une adaptation !

Bon et bien voilà, on y est. C’est la fin. Je ne réalise toujours pas. Depuis que j’ai fini Quête noire, j’erre sur internet, glanant toutes les infos possibles et inimaginables sur une potentielle et prochaine adaptation de Half Bad. Je n’ai jamais été autant accro à une saga depuis Harry Potter, c’est dire tout l’amour que je porte à cette trilogie face à la saga qui m’a vue grandir.

En bref, c’est avec tristesse que je referme ce dernier tome, triste que ce soit fini, triste de cette fin. Sally Green m’aura transportée jusqu’au bout, c’est le genre de saga où l’on est obligés de les relire au moins une fois par an. Le rendez-vous est pris, à l’année prochaine !

[Chronique] Le premier jour du reste de ma vie – Virginie Grimaldi

[Chronique] Le premier jour du reste de ma vie – Virginie Grimaldi

le premier jour du reste de ma vie


Marie a tout préparé pour l’anniversaire de son mari : gâteaux, invités, décoration de l’appartement… Tout, y compris une surprise : à quarante ans, elle a décidé de le quitter. Marie a pris « un aller simple pour ailleurs ». Pour elle, c’est maintenant que tout commence. Vivre, enfin. Elle a donc réservé un billet sur un bateau de croisière qui fait le tour du monde. À bord, Marie rencontre deux femmes qui, elles aussi, sont à la croisée des chemins. Au fil de leurs aventures, parfois loufoques, elles pleurent et rient ensemble, à la reconquête du bonheur. Leurs vies à toutes les trois vont être transformées par ce voyage au bout du monde… Tout quitter pour tout recommencer : une comédie tendre et savoureuse !

Mon avis

Marie quitte son homme le jour de son anniversaire. Comme ça. Mais avant de partir, elle lui a quand même organisé une petite soirée, invité tous ses proches, comme chaque année. Cette même routine qui la ronge. Son mari qui la trompe. Alors elle part en croisière autour du monde pendant 3 mois. Une croisière bien spéciale, puis qu’elle est faite pour les gens qui veulent être seuls. Marie s’attendait avant tout à sortir de son cocon et voir enfin le monde de ses propres yeux et non dans un DVD, mais certainement pas à ce que ce voyage change sa vie…

Et donc, après avoir lu Tu comprendras quand tu seras plus grande, j’avais envie de sortir très rapidement le premier roman de Virginie Grimaldi, alias Ginie sur Femme sweet femme. Un roman qui en plus, vient de sortir en poche !

Et je ne suis pas déçue ! 🙂 C’est un roman qui se lit très (voir trop) vite, il sent bon l’été et invite au voyage auprès de Marie, mais aussi Anne et Camille, deux autres voyageuses qui vont devenir amies avec notre célibataire. Entre l’une qui a envie de coucher avec un homme à chaque escale, l’autre qui veut reconquérir son mari et notre Marie qui ne veut plus d’hommes dans sa vie (sauf Jean-Jacques Goldman, car il faut savoir définir ses priorités), les situations les plus cocasses les unes que les autres vont s’enchaîner.

Encore une fois, c’est un roman très feel good, qui fait du bien au moral, et ce n’est pas l’ex-mari de notre voyageuse avec son chantage et ses vaines manipulations qui ne vont pas nous gâcher le plaisir ! Au contraire, il nous fait surtout rire avec ses tentatives pour faire revenir son ex-femme, n’ayant toujours pas admis que lui, l’homme viril de la maison, puisse se faire larguer comme une vieille chaussette par son épouse #patriarcat . C’est un roman court, avec des chapitres qui le sont tout autant, mais il n’en faut pas plus pour apprécier l’histoire de ces trois femmes. Je regrette presque d’avoir attendu plus d’un an pour le sortir de ma pile à lire !

En bref, je ressort de cette lecture ravie, avec le sourire, et une folle envie de voyager !

[Chronique] La bourgeoise – Gil Debrisac

[Chronique] La bourgeoise – Gil Debrisac

la bourgeoise


Rebecca Muller est une très belle femme de 37 ans. Mariée à un banquier, oisive et fortunée, elle est le prototype de la bourgeoise de province. Sans enfant, elle trompe son ennui en activités futiles et en dévorant des romans pornographiques qui font surgir de sa mémoire les souvenirs enivrants de sa sexualité précoce. Lors d’un salon du livre, Madame Muller rencontre Gil Debrisac, son auteur préféré, et lui confie que rien ne l’excite davantage que d’inventer des infidélités pour exciter son mari.

Elle met cela aussitôt en pratique et devient la maîtresse de Gil. Les amants vont rapidement se rendre compte qu’ils ont tous deux le même goût prononcé pour la perversité, les relations sexuelles hors-normes, et nous suivrons avec délectation l’itinéraire d’une femme mariée, totalement amorale et infidèle, trompant un mari qui tire un plaisir pervers de son humiliation de bourgeois nanti.
Plongée toujours plus loin dans le stupre et le vice, Rebecca s’abandonnera alors sans retenue dans une hypersexualité qui la fera quitter mari et amant pour connaître l’absolue soumission à l’homme.

Merci aux éditions La Musardine pour cette lecture !

Mon avis

Rebecca Muller, bourgeoise de 37 ans, est mariée à un banquier qui ne la satisfait plus sexuellement. Sa vie est composée de longueurs dans sa piscine, la relecture de son journal intime dans son bain avec sa collection de godes et la lecture des romans érotiques de son amie Clotilde, ainsi que de son auteur favori, Gil D. . Lors d’un salon du livre, elle va faire la rencontre de Gil. Alors que cette entrevue aurait pu en rester-là, ils décident de s’envoyer des lettres, commençant ainsi une relation des plus particulières…

Et donc voilà partie notre bourgeoise avec son auteur fétiche, se racontant d’abord leurs frasques à travers leurs lettres, avant de passer à la pratique, dans des scénarios plus émoustillants les uns que les autres. Et je n’en attendais pas moins après la première partie du roman où nous avons remonté l’adolescence de Rebecca, à partir de sa première fois.

D’ailleurs, Gil et Rebecca continuent de s’écrire par la suite. Moins souvent puisqu’ils passent beaucoup de temps ensemble, mais n’en oublient pas moins leurs échanges épistolaires. Il y en a vraiment pour tous les goûts : orgies, saphisme, soumission-domination… Allant de la chambre à coucher de la bourgeoise aux vitrines des maisons closes belges. Le tout est très bien écrit, avec des descriptions très plaisantes, et on monte crescendo, jusqu’à l’apothéose.

Sauf que je ne suis pas convaincue par cette fin. Tout s’emballe, les révélations sont faites, mais l’auteur fait venir un ultime personnage, Gontran, qui apporte un retournement de situation qui arrive comme un cheveu sur la soupe, c’est la surenchère de trop et je n’arrive toujours pas, même plusieurs jours après, à accepter cette fin. Peut-être que j’étais trop attachée au couple que formaient Gil et Rebecca ?

En bref, pour une première avec cette auteure, j’en ressort globalement satisfaite. Bien que je ne sois pas convaincue par cette fin et cet ultime personnage, cela m’a donné envie de découvrir ses autres ouvrages 🙂

[Chronique] La sélection, tome 5 : La couronne – Kiera Cass

[Chronique] La sélection, tome 5 : La couronne – Kiera Cass

La couronne

  • Éditeur : Robert Laffont (2016)
  • Pages : 333
  • Genre : Dystopie
  • Prix : 16.90€
  • Acheter La Couronne

Il ne doit en rester qu’un.

Vingt ans après la Sélection d’America Singer, et malgré l’abolition des castes, la famille royale d’Illeá doit à nouveau faire face au mécontentement du peuple : l’heure est venue de lancer une nouvelle Sélection.

Sa mère à l’article de la mort, son père dévasté, il est temps pour la princesse Eadlyn de passer à la vitesse supérieure dans le processus de la Sélection. Encore novice aux jeux de l’amour et du pouvoir, détestée par une partie de l’opinion publique, elle doit pourtant choisir au plus vite son Élite de six prétendants.

Devenir femme, épouse et reine en l’espace de quelques semaines, telle est la lourde tâche qui repose sur les épaules de la princesse. Mais le cœur peut se révéler un précieux allié, pour qui sait l’écouter…

Mon avis

La fin de cette ultime sélection s’annonce, et Eadlyn va devoir faire son choix. Mais entre son rôle de future mariée, future épouse et future reine, et tous les problèmes auxquels elle doit faire face, elle va devoir précipiter son choix. Le choix de tout sa vie, celui où elle ne pourra jamais revenir en arrière. Entre le cœur et la raison, quelle va être sa décision ?

C’est enfin la conclusion de La Sélection. La vraie, cette fois-ci ! Et c’est une bonne fin qui nous est présentée-là, la saga se conclue merveilleusement bien. Beaucoup n’ont pas apprécié qu’après l’annonce du prétendant sélectionné,  la saga s’arrêtait-là. Rappelez-vous que c’était déjà le cas dans le premier arc, alors personnellement, cela ne m’a pas gênée. Il n’en fallait pas plus, de toute façon !

J’ai apprécié que l’on découvre les coulisses de la politique d’Illéa, du côté des conseillers royaux. On est allés beaucoup plus loin, lâchant le côté midinette du début de la saga. Est-ce que j’irais jusqu’à dire que La Sélection a pris en maturité ? Oui, assurément. Et même qu’un couple homosexuel est mis en avant,  ce qui a été une agréable surprise, cette diversité fait beaucoup de bien, dans cette sélection 100% hétéro 🙂

Concernant le choix du sélectionné , je suis très contente, car il était dans mon top 3 ! Sans spoiler, voici le top que j’avais établi :

  1. L’homme choisi par Eadlyn qui représente la raison
  2. L’homme choisi par Eadlyn qui représente l’amour
  3. L’homme qui représente la roue du carrosse, je lui donnais 25% de chances d’êtres pris !

Je n’étais vraiment pas loin, pour le coup !

En bref, cette ultime sélection clos la saga merveilleusement bien. D’abord réticente, je suis ravie d’avoir passé le cap et d’avoir continué malgré les défauts du premier tome. J’espère qu’une série ou un film verra rapidement le jour, vu que les droits ont été acquis par Warner Bros en 2015.

[Blabla] Le consentement sexuel dans la littérature

[Blabla] Le consentement sexuel dans la littérature

Le consentement sexuel est l’accord qu’une personne donne à son partenaire au moment de participer à une activité sexuelle. Ce consentement doit d’abord être donné de façon volontaire, c’est-à-dire qu’il doit s’agir d’un choix libre et éclairé. Si le choix n’est pas libre et éclairé, le consentement n’est pas valide.
Educaloi

Ou pour ceux qui comprennent mieux quand c’est imagé, remplaçons le consentement sexuel par une tasse de thé :

Ça, c’est dans les faits. En réalité, le consentement n’est pas souvent respecté, et internet regorge de témoignages abondant dans ce sens. Et dans la littérature (française comme étrangère), ce n’est qu’une notion vaguement respectée et amène à des situations où l’on se demande pourquoi on a publié ce livre sans s’inquiéter que si il y a des scènes de sexe sans consentement, qu’importe le contexte, c’est un viol. C’est pourquoi, après plusieurs lectures qui m’ont faite bondir, j’avais envie d’écrire sur le sujet.

Je ne vais pas citer le sempiternel Cinquante nuances de Grey, je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait que ce livre est une aberration dans son genre. Je ne vais pas non plus citer les différents titres des livres/les noms d’auteur.e.s ayant zappé la case consentement, parce qu’une bonne partie sont des titres de petit.e.s auteur.e.s français.es, et/ou dans de petites maisons d’éditions, et mon but n’est pas de vous inciter à boycotter ces livres, auteur.e.s et maisons, ni même à ce qu’ils reçoivent des messages virulents.

Le consentement et le mouvement féministe

C’est grâce aux mouvements féministes que les hommes et les femmes prennent petit à petit conscience des inégalités entre eux, mais aussi d’autres problèmes, comme le harcèlement de rue, l’absence de consentement dans de nombreux domaines, et j’en passe. J’ai cité le cas du harcèlement car il est très lié au consentement, car quand une femme dit non dans la rue, elle a une chance sur dix pour que la personne la laisse tranquille. Malheureusement, c’est souvent un enchaînement de questions et remarques déplacées sur son sexe, sa tenue, son corps, ect, qui vont suivre. Un non suffit rarement.

Si j’ai choisi de commencer par parler féminisme, c’est parce que j’ai souvent vu les deux sujets liés dans mes lectures. Le personnage principal fait l’amère expérience de devoir forcer pour que son consentement soit respecté par son partenaire, qui la boude après, parce qu’elle a refusé d’aller plus loin. Le perso principal en parle avec une personne de son entourage, qui lui dit : « Je ne suis pas féministe, mais je trouve que le consentement c’est important tout de même, et que ton amant doit te respecter, sinon ça vaut pas le coup » et le perso principal d’acquiescer car on lui a donné l’accord de faire valoir un droit fondamental. Et la questions que je me pose : à partir de quel moment avez-vous cru qu’il était possible de réclamer que l’on respecte notre consentement se fait uniquement si on est féministe ? A partir de quel moment avez-vous cru qu’il est possible de réclamer que l’on respecte notre consentement se fait uniquement si nous avons l’aval de quelqu’un d’autre? Il n’y a pas besoin de se proclamer féministe pour avoir droit au respect qui nous est dû (ce n’est pas une récompense). Ni même de demander l’accord à une tierce personne.
L’on peut faire un raccourci, avec ce genre de remarques : seules les femmes féministes ont le droit au consentement. Et c’est faux ! Une femme doit tout autant respecter le consentement d’un homme ou d’une autre femme, et c’est pareil chez les hommes. Que l’on soit trans, que l’on ne s’identifie pas à un genre. Que l’on soit de n’importe quelle religion. De n’importe quel bord politique. Le consentement, c’est fait pour tout le monde.

Le consentement et le harcèlement

Je le disais plus haut, les deux sont très liés. J’ai commencé à lire (j’ai abandonné ma lecture tellement je n’en pouvais plus) en fin d’année 2015 un roman d’une auteure dont j’avais apprécié le tout premier livre. J’ai vite déchanté. On ouvre le bal avec une journaliste qui part faire un reportage dans une forêt vierge, avec un collègue ultra-paternaliste, quand elle se retrouve seule avec son guide. Cela ne fait pas 10 minutes qu’ils sont partis que le harcèlement commence… Et que la journaliste ne dit rien. Elle lui colle une gifle quand il lui met la main aux fesses sans son consentement. Mais c’est tout. Le harcèlement continue et la journaliste présentée comme une « forte tête » qui n’a jamais sa langue dans sa poche subit. Puis le guide l’allège de son sac à dos, parce que c’est trop lourd pour une femme. D’ailleurs la femme et matérialiste, car le guide vide les 3/4 du sac d’objets inutiles, où il passe en revue les sous-vêtements de la journaliste, se passant ses strings sur le visage, devant elle, qui ne dit rien. Pas une pensée comme « ce mec est un pervers ». Non. Le seul moment où elle s’insurgera réellement, c’est quand il jettera ses escarpins Prada, en mode « qu’il inspecte mes sous-vêtements, passe encore, mais qu’il jette mes escarpins Prada, non ! » . Inutile de dire que je me suis tapée la tête contre la Kindle. Je me suis spoilée, à la fin ça part en parties de jambes en l’air et ils forment un couple très heureux. La douche froide.

A quel moment l’auteure s’est dit que ce serait génial ? A quel moment une femme finirait dans le lit de son harceleur ? Je n’ai pas osé continuer par peur de lire des scènes de viol. Le consentement est oublié, à peine une petite rébellion dans les premières pages, mais cela ne va pas plus loin. C’est juste glauque.

Le consentement et le viol

Si il n’y a pas de consentement, que nous soyons clairs : c’est un viol. Si une femme dit non, et que son partenaire l’oblige, c’est un viol. J’ai lu un livre où toutes les relations sexuelles du personnage principal étaient des viols. L’auteure n’avait pourtant jamais écris de scènes de sexe, mais elle a reçu les conseils d’une autre auteure, dont je sais de réputation que le consentement est absent de ses livres. Première relation : une tentative de viol. C’est la seule fois où ce sujet sera abordé dans ce livre. Deuxième relation : le garçon qui l’a sauvée, nice guy de son état, profite qu’elle ait trop bu pour la pénétrer. C’est un viol. Troisième relation : Un mec (un vampire, pour comprendre la suite) qu’elle a rencontré veut coucher avec elle dans sa chambre étudiante, elle dit non, elle se débat, il la force, il l’hypnotise, elle se laisse faire car l’hypnose la retient prisonnière. C’est encore une fois, un viol. Et cette scène se répètera plusieurs fois après. Mais mis à part la tentative de viol du début, jamais les viols qui se sont déroulés n’ont été présentés comme tels. Elle a pris du plaisir, alors on considère que c’est bon. Et elle entretient une relation normale (en dehors de leur problème vampirique) avec ces deux garçons et aura peur uniquement si celui qui a tenté de la violée tente de s’approcher d’elle.

Outre la banalisation du viol dont j’aurais tant à dire dessus, pas une seule fois le consentement est respecté, mais comme la demoiselle a pris du plaisir, et qu’elle avait bu la première fois, l’auteure passe dessus en mode « c’pas grave, c’est normal ». Dans la vraie vie avec des vrais gens, le personnage principal serait juste totalement détruite, psychologiquement. Pas sûre qu’elle partirait ensuite en mode road trip avec son violeur. Spoiler : dans la réalité elle lui adresserait même pas la parole, sauf si elle est vraiment obligée. Et encore.
Après, il est important de noter qu’il arrive que des victimes de viol ne se rendent pas compte immédiatement qu’elles viennent de subir ceci. Et cela peut prendre jusqu’à plusieurs années avant qu’elles ne s’en rendent compte. Il en va de même qu’il y a des violeurs qui ne se rendent pas compte de leur acte sur le moment, mais bien plus tard. Cependant, ce ne sont pas des points que j’ai pu voir dans mes lectures car le viol – à part dans des livres qui en parle sérieusement – est toujours traité au dessus de la jambe, malheureusement.

Le consentement dans une relation de confiance

Le consentement est tout aussi important, que ce soit à n’importe quelle étape d’une relation, c’est-à-dire même dans un couple, un coup d’un soir avec un ami en qui le personnage a confiance, ou même dans un certain manga, avec son psychiatre, ou un roman dont j’ai déjà longuement parlé par ici qui met en scène une jeune femme entretenant une relation amoureuse avec son oncle qui la viole la première fois, et se moque largement du consentement, en plus de la battre (mais c’est normal, vous comprenez, il est irakien, c’est dans sa culture. Ouep, le racisme est jamais loin,  même dans nos lectures). Et pourtant, pour tous ces cas cités, ils viennent de livres où malheureusement, le consentement n’est pas respecté, dans des relations où les victimes connaissaient la personne, et sont présentés juste comme des personnes recevant amour et affection, alors que non. Vive le syndrome de Stockholm foireux. Et ici encore – et comme dans tous les cas – les victimes ne sont pas blâmables pour leurs actes.

Car connaitre la personne et avoir une certaine relation avec n’autorise en aucun cas personne à passer au dessus du consentement de son partenaire, même si cela reste beaucoup en tête que, par exemple, la femme doit faire son devoir conjugal envers son mari. Ou encore, il est possible de rencontrer des difficultés à dire non, quand on a intégré de faire d’abord plaisir à son partenaire, avant de s’écouter. Il faut garder en tête également que le consentement n’est pas un acquis. Ce n’est pas parce que hier le partenaire disait oui, qu’aujourd’hui il est encore d’accord. Ce n’est pas parce qu’une personne a dit oui à l’une, qu’elle doit dire oui à un autre. Il en va de même pour les pratiques sexuelles, si une personne dit oui pour l’une d’elle, elle ne dit pas oui pour toutes les autres. Le consentement est rétractable, et ce sans aucune condition !

Le consentement et les yaoïs

J’aborde un autre format, les mangas. Au début, quand les premiers éditeurs spécialisés dans le yaoï sont arrivés sur le marché, ont d’abord pensé à la quantité, plutôt que la qualité. Et malheureusement, ils ont publié même ceux où l’on ne se cache pas pour dessiner de véritables scènes de viol, que les personnages qui auront subi ça détesteront, mais qui vont vite adorer en y repensant, jusqu’à développer un syndrome de Stockholm ultra-glauque… Et tout est prétexte au viol : un ami à qui on arrive pas à déclarer sa flamme, pour punir un homme qui l’a pris en photo, déclarer son amour,… Le raccourci viol=amour/vengeance est trop, trop souvent exploité. Le viol est romantisé, idéalisé, voir même présenté sous un trait d’humour.

Aujourd’hui, cette tendance s’est calmée, les éditeurs sont revenus de ce mode-là car les lectrices (c’est un genre au lectorat majoritairement féminin) sont devenues « exigeantes », bref elles demandaient de la qualité. Mais aujourd’hui, plusieurs yaoïs récents sont encore publiés malgré leurs scènes de viol, parce que rien que le nom de la mangaka fait vendre. Alors on publie, on publie… Sans penser un seul instant que le viol est présent, et qu’il puisse gêner, donner une mauvaise image du genre, ou influencer les lecteur.trice.s. Ils sont de moins en moins nombreux, mais malheureusement encore présents.

A ce sujet, il y a une vidéo sortie récemment qui explique très bien le consentement dans le yaoï :

Le consentement, l’éducation et la culture du viol

L’éducation sexuelle est une nécessité, c’est un fait. Encore aujourd’hui, on apprend aux jeunes filles à faire attention de ne pas sortir tard, de faire attention de ne pas s’habiller trop court, de ne pas trop boire, de ne pas rester seule avec un garçon, car on ne sait pas ce qui pourrait arriver. Mais de l’autre côté, on ne pense pas un seul instant à dire aux garçons de ne pas harceler les filles, qu’importe leur tenue, leur comportement. On ne leur dit pas de respecter leur consentement, de ne pas les violer. C’est toujours aux filles de faire attention à leur « vertu », et c’est tout. Tout ceci porte un nom : c’est la culture du viol. Quand on blâme les victimes, quand on minimise ce qu’elles ont vécu, quand on dit aux filles de faire attention à ne pas se faire violer alors qu’on devrait plutôt dire aux garçons de ne pas le faire. Tout ce dont j’ai parlé plus haut fait également parti de cette culture du viol : banaliser le viol, le normaliser, trouver des excuses à un viol ou au consentement qui n’est pas respecté… Bref, tout cela en fait partie intégrante.

Toujours concernant la culture du viol, ont été publiés cette année des chiffres qui font bondir, tant ils sont réels :

Quatre Français sur dix estiment toujours que la responsabilité du violeur est atténuée si la victime a une attitude provocante (une jupe courte ?). Voilà encore que pour plus de la moitié de la population (61 % de Français, 65 % de Françaises) un homme a plus de mal «à maîtriser son désir sexuel qu’une femme». Et que perdure le mythe du violeur inconnu dans une rue sombre quand la plupart des viols sont commis par des proches. […]Si presque tous les Français (96 %) qualifient à juste titre de viol «le fait de forcer une personne qui le refuse à avoir un rapport sexuel», il s’en trouve encore 24 % pour considérer qu’une fellation relève de l’agression sexuelle, non du viol. De même, 26 % jugent que lorsqu’une victime ne résiste pas aux menaces de son assaillant, ce n’est pas un viol, mais une agression sexuelle.[…]Elle dit «non», mais au fond d’elle, elle pense «oui» : cette idée-là aussi persiste, chez deux sondés sur dix.[…]Selon Ipsos, 41 % des Français sous-estiment encore le nombre de viols. Alors que 84 000 viols ou tentatives de viol sont toujours perpétrés chaque année en moyenne en France. On arriverait sans doute «à plus de 200 000» en incluant les mineurs, premières victimes des violences sexuelles, selon l’association Mémoire traumatique, qui s’apprête à lancer une campagne contre le déni. Source

C’est assez effarant !

En bref

Le consentement sexuel est une chose tellement importante, que je me demande comment on peut encore passer au dessus. Il est important de respecter le choix de son partenaire, qu’importe la condition. Il est important d’imposer son refus, que l’on soit féministe ou pas, d’un sexe ou d’un autre, qu’on accorde pas d’importance à son identité, que l’on soit de n’importe quelle religion, de n’importe quel bord politique.
Que la personne violée ai bu, ou ai porté une tenue courte n’est pas une excuse pour banaliser l’acte. Il en va de même si elle a eu un orgasme, cela reste toujours et encore un viol. Dans tous les cas, il n’y a aucune excuse. Un viol n’est jamais excusable, malgré ce que l’on peut entendre dans les différents médias, ou lire dans certains livres.

Je me pose des questions, parce que ça devient grave pour moi quand je me retrouve heureuse et d’avoir envie de serrer dans mes bras les auteur.e.s qui respectent le consentement sexuel dans leurs livres. Je ne devrais pas. C’est censé être normal. Alors, pourquoi les éditeurs.trices ne remarquent-iels pas que ce qu’iels publient ne sont ni plus ni moins des scènes de viol que l’on tente de faire passer pour de l’amour ? Pourquoi je ne connais qu’une seule maison d’édition qui affirme haut et fort sur son site qu’elle refuse de publier ce genre de textes alors que les grandes acceptent ça sans soucis ? Pourquoi il y a encore des auteur.e.s qui prennent leur pied à mettre en scène ceci, que cela ne les dérange pas de forcer leur lecteur à lire ça avec forces détails (aucune mention n’est jamais faite sur la couverture, dans le résumé, ou à l’intérieur du livre) alors que non, nous ça ne nous fait pas plaisir de voir des personnages se faire violer dans une fiction sous un prétexte bidon… Pourquoi vous faites ça ? A part gêner vos lecteurs, donner une mauvaise image aux genres littéraires (parce qu’on retrouve ça dans la bit-lit, la new romance, les romans érotiques et les yaoïs principalement), influencer les plus jeunes qui tombent sur ces livres et qui pense que ouais, c’est normal comme relation, pourquoi vous faites ça ?

Le consentement est important, même si cela reste de la fiction, ne l’oublions jamais. Même si des films, des séries, des politiciens, des gens trouveront toujours une excuse ou blâmeront la victime, souvenez-vous de ça : Le consentement est pour tout le monde.

Pour aller plus loin :

Crêpe Georgette : La culture du viol
Madmoizelle : Faut-il interdire les portables ou enfin éduquer les garçons ?« Nous aurions pu être des violeurs » de l’importance de l’éducation sexuelleCulture du viol, consentement et « zone grise »A quand une véritable éducation sexuelle pour les jeunes en France ?
Je suis une publication sexiste : La culture du viol à la télé
Paye ta shnek – Témoignages de harcèlement sexiste dans l’espace public
La culture du viol