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[Chronique] Le donjon – Jennifer Egan

[Chronique] Le donjon – Jennifer Egan

le donjon


Danny et Howie ont partagé les mêmes jeux d’enfants, des mondes inventés, peuplés de héros et de salauds, jusqu’à ce que Howie plonge dans la dépression suite à un tour sinistre combiné par son cousin. Vingt ans plus tard, les rôles ont été redistribués : Howie a fait fortune alors que Danny accumule les échecs.À la demande de Howie, il le rejoint pour rénover un château médiéval en Europe de l’Est. Dans un climat de paranoïa extrême, coupés du monde extérieur, les protagonistes vont alors rejouer le terrible événement de leur adolescence. Au même moment, depuis la cellule d’une prison américaine, Ray raconte une histoire qui relie étrangement les délits du passé et du présent…

Merci aux éditions Stock et Babelio pour cette lecture !

Mon avis

Danny et Howie sont cousins. Tandis que Danny est considéré comme le bon garçon qui collectionne les réussites, Howie de son côté s’est renfermé sur lui-même suite à un drame, et a enchaîné tout ce qu’il ne fallait pas faire, comme toucher à la drogue. Alors qu’ils sont adultes aujourd’hui, la situation s’inverse : Danny est la déception de ses parents, tandis que tout réussi à son cousin. Étant au courant du désarrois de son cousin, Howie l’invite dans un pays de l’Est pour retaper un vieux château. Ils sont loin de se douter qu’ils vont revivre le drame de leur enfance… En parallèle, Ray, détenu d’une prison américaine, raconte cette même histoire lors d’un atelier d’écriture… Mais comment peut-il être au courant ?

J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire jusqu’à ce que l’on rencontre Ray. Car avant, je ne comprenais pas pourquoi l’auteure avait écrit son roman comme si une autre personne racontait l’histoire à sa place, et je n’avais pas saisi où Jennifer Egan voulait en venir. Puis il y a eu Ray, et tout s’est éclairé. Clairement, l’histoire devient intéressante quand on comprend le personnage. On tente alors de deviner son lien avec Danny et Howie, comment est-il parvenu au courant de cette histoire, et c’est le moment où j’ai surtout extrapolé sans jamais m’approcher de la vérité. Une chose est sûre, Jennifer Egan cache bien son jeu ! En tout cas, Ray est en prison et il doit bien y avoir une raison à tout ceci…

Danny : Martha –
La ferme.
Elle avait raison, il s’apprêtait à le dire. Et il n’y manqua pas : Je t’aime.
S’il te plaît.
Et tu m’aimes.
Tu perds la boule.
[…] Martha (exaltant) : Ce n’est pas de l’amour, c’est une sorte de délire érotique.
Danny : C’est ça l’amour.

Globalement, c’est très bien écrit : fluidité, richesse du vocabulaire… Mais là où le bât blesse, c’est la traduction. Sans avoir lu la version originale, on repère tout de même les endroits où la traductrice s’est emmêlée les pinceaux. Et ce qui revient souvent également, c’est que la traductrice s’est perdue entre les noms des personnages, si bien que certains moments, Danny se fait la conversation à lui-même, alors qu’en vérité il échangeait quelques mots avec Howie au sujet de la restauration du château.

En bref, Le donjon est un petit roman qui ne paye pas de mine, mais dont l’histoire prend tout son sens quand l’on croise le personnage de Ray. Un roman à préférer si possible en VO si on veut éviter la traduction qui est hasardeuse par moments.

[Chronique] Une saison à Longbourn – Jo Baker

[Chronique] Une saison à Longbourn – Jo Baker

une saison à longbourn


Sur le domaine de Longbourn, vivent Mr et Mrs Bennet et leurs vénérables filles, en âge de se marier.
À l’étage inférieur veillent les domestiques. Personnages fantomatiques dans le célèbre roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés, ils deviennent ici des êtres de chair et de sang qui, du matin au soir, astiquent, frottent, pétrissent et vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs bien-aimés patrons. Mais ce que les domestiques font dans la cuisine, sans être observés, pendant qu’Elizabeth et Darcy tombent amoureux à l’étage, relève d’eux seuls… Une histoire d’amour peut en cacher une autre, et qui sait quel secret enfoui risque de ressurgir.

 

Mon avis

Vous qui avez lu Orgueil et préjugés de Jane Austen, avez toujours rêvé de découvrir cette histoire vue par d’autres personnages? Et vous aimez la série Downton Abbey? Et bien Jo Baker l’a fait. Sauf que moi, je n’ai ni lu Orgueil et préjugés, ni vu le film, ni lu un seul livre de Jane Austen, et je ne regarde pas Downton Abbey. Une chronique d’une fille complètement lâchée dans un univers qu’elle ne connais pas, maîtrise pas, et qu’elle n’a pas l’habitude de lire. Parce que chez Once upon a Time, on est comme ça, on aime se lancer dans les bras d’un univers totalement inconnu 😀

On y relate donc la petite vie de Sarah, femme de chambre chez les Bennet. Domestique dans cette famille avec Les Hills et Polly, son petit monde parfait sera vite remis en question avec l’arrivée de James Smith, le nouveau valet de la famille. D’abord méfiante, à moitié conspiratrice pour se faire remarquer, elle va remettre en question sa vie de servitude dans la campagne Londonienne, rêvant de vivre à Londres, dans les bras du valet de Netherfield, tandis que James tombera sous son charme…

Jo Baker nous dépeins un portrait de la vie des domestiques du 18è siècle, une vie de semi-esclave quand on y pense, servant une noble famille qui est bien au dessus de leurs petits problèmes de domestiques. Nous allons ainsi les suivre, du lever au coucher, nettoyant, récurant, cuisinant, servant, le tout dans une description très minutieuse de l’instant, pour en faire profiter le lecteur. Mais le lecteur s’ennuiera bien vite après la troisième description de « comment laver les robes et froufrous de ses dames, qu’elles ont tâché dernièrement ». C’est un gros bémol à ce roman, c’est que tout est répété, re-décrit, même si l’acte en lui-même a été fait la veille.

Je me suis ennuyée jusqu’à ce que Sarah nourrisse des soupçons à propos de James. En effet, suivre les tranches de vies des domestiques qui blanchissent le linge, ce n’est pas ce qu’on pourrait qualifier d’intéressant, de divertissant, surtout que Sarah ne nourrit aucune idée de liberté ou autre avant ce moment, on ne fait donc que suivre ses tâches ménagères. Quand enfin arrive ce moment, j’ai eu vite envie de savoir où nous mèneraient les idées de Sarah et le mini triangle amoureux entre le valet de Netherfield, James, et la femme de chambre.

Je ne me suis pas attachée à un personnage en particulier. J’ai juste trouvé James mystérieux, mais sans plus. Je n’ai pas particulièrement apprécié Sarah, ni même Polly ou une des filles Bennet, trouvant qu’on ne s’arrête pas vraiment sur chacun des personnages. Certes, nous suivons leurs idées, leurs envies, leur vie, mais que savons-nous de plus, si ce n’est que Mr. Bennet m’a laissé l’impression d’être radin et associable, sa femme un peu folle et leurs filles qui se laissent tomber dans les bras du premier homme riche venu. Côté domestiques, Mr. Hills est vieux, croulant, porté sur la bouteille, sa femme, minutieuse et complètement lourde, Polly, jeune et trop naïve, tout comme Sarah, qui rêve de liberté et de richesse alors qu’elle n’est que servante?

La révélation que l’on attendait durant cette lecture m’a parue un peu fade, compte tenu du reste de l’histoire, et j’en reste un peu déçue, je m’attendais à quelque chose d’autre…

En bref, je ne peux pas tellement dire que j’ai aimé, j’ai laissé cette lecture traîner en longueur et c’est à reculons que je reprenais ma lecture, n’ayant pas vraiment trouvé un élément assez accrocheur dans l’histoire pour me donner envie de continuer. Je réserverais ce roman pour les fans de Jane Austen, d’Orgueil et préjugés et de Downton Abbey. Cependant, merci aux éditions Stock et à Libfly pour ce partenariat.