Archives de
Tag: résistance

[Chronique] Lady Mensonges – Marie-Laure Le Foulon

[Chronique] Lady Mensonges – Marie-Laure Le Foulon

lady mensonges


Hollywood vit en Mary Lindell une héroïne de la Résistance. Lorsqu’elle mourut , en 1986, le portrait était parfait. L’infirmière anglaise, devenue comtesse de Milleville par son mariage, aurait fait passer en Angleterre des milliers de personnes et pris la tête d’un réseau basé à Ruffec, dans les Charentes, avant d’être arrêtée puis déportée… Histoire trop bien fabriquée, mémoire très sélective. Dès la fin des années 1940, Mary Lindell entreprend de se fabriquer une légende. Alertée par Anise Postel-Vinay – qui fut déportée à Ravensbrück avec Germaine Tillion – la journaliste Marie-Laure Le Foulon décide de mener l’enquête. Elle consulte les archives en France, en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Au lieu d’une héroïque comtesse, elle découvre une affabulatrice flanquée d’une bien étrange famille et une déportée dont l’attitude à Ravensbrück pose bien des questions. Lady Mensonges démonte, pièce à pièce, l’imposture. Cette plongée dans les années noires met ainsi d’autant mieux en valeur la trajectoire de celles et ceux qui n’ont pas transigé. Et dont on entend ici la voix, à commencer par celle d’Anise Postel-Vinay.

Merci à Alma éditeur et Babelio pour cette lecture !

Mon avis

Mary Lindell, une femme pleine de courage si on en croit sa biographie. Si on l’écoute, c’est une figure de la résistance, un élément incontournable. Alertée par Anise Postel-Vinay, Marie-Laure Le Foulon mène l’enquête et le résultat est sans appel : Mary Lindell ment. L’auteure, s’appuyant sur des documents et témoignages d’anciens déportés encore vivants, nous démontre l’imposture dans toute sa splendeur. Mais qu’est-ce qui a motivé cette femme à mentir ? La reconnaissance, une quelconque forme de gloire et être reconnue officiellement en France comme déportée et résistante.

Et elle n’est pas la seule à faire ça. Son fils, Maurice, marche dans les traces de sa mère et ment tout autant. Sa fille et son mari sont suspectés d’intelligence avec l’ennemi, mais aussi d’avoir arnaqué des familles de déportés, leur promettant contre de grosses sommes, de faire revenir leurs proches. Et son autre fils, Oky, a filé tout droit en Allemagne en pleine guerre pour y faire sa vie. Une charmante petite famille

Marie-Laure Le Foulon argumente, prouve, a des témoignages, des documents officiels. Et démonte pièce par pièce l’histoire de l’anglaise. La guerre est tellement horrible que moi-même j’ai du mal à saisir comment l’on peut mentir sur un tel sujet, maquiller des faits aussi graves pour une quelconque reconnaissance, sans en éprouver le moindre remord.

Le travail de l’auteure est remarquable, c’est le point fort de ce livre. Mais le point faible, c’est le manque d’organisation. Même si le livre est divisé en plusieurs parties, c’est très fouillis. Des noms ou informations sont données au début du livre, on ne comprend pas leur intérêt ni leur place dans cette partie du livre et on les retrouve tout à la fin avec l’explication qui va avec.
Une bonne partie des argumentaires partent dans tous les sens, on se retrouve avec telle ou telle personne qui aurait pu rencontrer Mary, ou alors toute une partie sur l’explication de la situation d’un hôpital face à la guerre et ses blessés qui est long, fastidieux, pas forcément utile et surtout déjà abordé au moins une fois dans le parcours scolaire. Alors que, par exemple, l’explication du fonctionnement du Revier est plus intéressant car le lecteur lambda n’aura jamais croisé un seul texte dessus avant et voudra comprendre son fonctionnement pour saisir toute l’ampleur du pourquoi le mensonge de Mary ne fonctionne pas dans ce cas là. Sincèrement, le plus souvent j’arrivais à la fin d’un argumentaire en me disant « tout ça pour en arriver à une telle conclusion ? ». Une meilleure organisation, une synthèse des idées de l’auteure et un vide des informations pas forcément utiles ferait gagner 150 pages grand maximum au lecteur.

Bref, un bon livre pour rétablir la vérité, mais il faut s’accrocher pour le finir.

[Chronique] Insaisissable, tome 1 : Ne me touche pas – Tahereh Mafi

[Chronique] Insaisissable, tome 1 : Ne me touche pas – Tahereh Mafi

insaisissable 1


“Ne me touche pas” je lui murmure. Je mens mais ne lui dis pas. J’aimerai qu’il me touche mais ne lui dirais jamais. Des choses arrivent quand on me touche. Des choses étranges. De mauvaises choses. Des choses mortelles.
Juliette est enfermée depuis 264 jours dans une forteresse pour un accident. Un crime. 264 jours sans parler ni toucher personne. Jusqu’au moment où un gardien vient partager sa cellule. Derrière sa nouvelle apparence, elle le reconnaît : c’est Adam, celui qu’elle aime en secret depuis toujours.

Mon avis

Juliette est enfermée depuis 264 jours depuis qu’elle a commis l’irréparable. Il se passe des choses étranges avec elle, personne ne peut la toucher sans en subir les conséquences. Ça fait presque un an qu’elle vit seule, dans un asile, avec aucun contact extérieur, jusqu’au jour où Adam, un ancien camarade de classe, partage sa cellule avec elle…

L’univers est particulièrement bien amené, le Rétablissement également, on est pas perdu une seule seconde. Cependant, on en sait encore trop rien de la hiérarchie du Rétablissement, si ce n’est que deux personnes, dont un que nous ne croisons pas une seule fois de tout ce premier tome. Et, nous en savons un peu plus sur la résistance mise en place, le Point Oméga.

La romance mise en avant dans le résumé, résume à peu près l’ambiance du livre: pleurs de Juliette, Juliette dit non à tout, Juliette tombe amoureuse, Juliette coeurcoeurlove jusqu’à la fin du livre. Je suis très peu habituée à la dystopie pour pouvoir être clairement objective sur le sujet, mais du peu que j’ai lu jusqu’ici, la romance était moins mise en avant, ce qui m’a énormément gênée. De plus, pour quelqu’un qui ne veut pas être touchée, je trouve qu’elle se fait beaucoup trop peloter à mon goût. Pour tout vous dire, j’ai eu beaucoup de mal avec Juliette en général. Tant qu’elle n’a pas rejoint Castle (promis, no spoil), je la trouve trop naïve, trop nunuche et trop dégoulinante d’amour fou pour moi.

Le tout se laisse lire agréablement bien, l’écriture de l’auteure étant fluide et nous transporte avec facilité. Avec les nombreuses descriptions, on imagine sans peine les lieux où se trouve Juliette, et certains dialogues m’ont faite sourire. Cependant, au début de l’histoire, Tahereh Mafi à la fâcheuse habitude de rayer pas mal de phrases de Juliette, ce qui se révèle assez énervant au final. Mais plus nous avançons dans l’histoire, moins les phrases sont rayées.

En bref, malgré un personnage principal que je n’ai pas trop apprécié, j’ai plutôt bien aimé ce premier tome de la saga Insaisissable, et je lirais très certainement la suite.