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[Chronique] Les enfants de l’État – William Ryan

[Chronique] Les enfants de l’État – William Ryan

les enfants de l'état


Le capitaine Korolev, inspecteur de police à Moscou en 1937, savoure la visite longtemps attendue de son fils Yuri. C’est alors qu’un éminent scientifique est abattu, à proximité du Kremlin. Le soir où l’enquête est assignée à Korolev, Yuri disparaît et la mère de ce dernier n’est plus joignable. Malgré son inquiétude, Korolev poursuit ses investigations. Mais, où qu’il aille, il est devancé et les documents qu’il cherche, raflés. Korolev comprend qu’il est au cœur d’un combat entre deux factions rivales de la police secrète, le NKVD. Pour découvrir la vérité, il lui faudra suivre la piste des enfants de l’État, ceux qui disparaissent sans laisser de trace.

Mon avis

Nous sommes en 1937 et nous retrouvons le capitaine Korolev, milicien de Moscou, qui cette fois-ci attend son fils, envoyé par son ex-femme, Zhenia. Les retrouvailles ne se passent pas comme prévu, le garçon est distant, ne dis pas grand chose. Korolev se dit que comme ça fait longtemps qu’ils ne se sont pas vus, la confiance doit se ré-installer entre eux deux, tout simplement et il profitera de sa semaine de vacances pour ça. Mais ses supérieurs en ont décidé autrement, et aussitôt son fils arrivé, aussitôt il doit rejoindre La Maison des Dirigeants pour enquêter sur le meurtre du Professeur Azarov, un membre éminent du Parti. Et quand on apprend que le meurtre a été commis à deux pas du Kremlin et que l’homme en question menait des recherches secrètes pour le compte du Parti, on y dépêche aussitôt la Sécurité d’État, qui reprend l’enquête. Korolev, sentant qu’il est enfin en vacance pour de bon, part pour la Datcha de son ami écrivain Babel avec Youri. Sur le chemin, il se sent suivit, pire ses soupçons se confirment petit à petit. Vu qu’il n’arrive pas à joindre son ex-femme depuis l’arrivée de son fils, peut-être qu’il lui est arrivé des problèmes, peut-être s’est-elle faite arrêter?

L’inspecteur Korolev n’a pas le temps pour réfléchir à tout ça: le soir même, les deux personnes qui le suivait débarquent à la Datcha pour l’emmener à la Loubianka, bureaux de la Sécurité d’État. Et il n’a pas le temps de s’inquiéter non plus pourquoi on l’emmène là-bas, parce que Youri, se sentant en danger, s’est enfui et est introuvable. Pour conclure le tout, il n’a plus le temps de s’inquiéter pour son fils ou son ex-femme, il est remis sur un meurtre, celui d’un collègue d’Azarov, le camarade Shtange. Et pour finir la nuit en beauté, il apprend qu’il fait partie de la Sécurité d’État pour son enquête. Entre son fils et ces meurtres, notre capitaine ne sait plus où donner de la tête!

Entre la disparition de Youri, le fait de devoir rendre des comptes à deux colonels de deux départements différents de la Sécurité d’État qui ne veulent pas la même chose et dont l’un le fait étroitement surveillé, je me suis demandée plus d’une fois si Korolev n’allait pas tout plaquer du jour au lendemain, avec toute cette pression sur les épaules, surtout que ses découvertes sont de plus en plus inquiétantes. En effet, Azarov travaillait sur de nouvelles méthodes d’interrogatoire et comment formater le cerveau pour transformer un contre-révolutionnaire en un bon petit toutou du Parti qui restera bien dans les rangs sans faire de vagues. Et quand Korolev apprend que ces techniques sont pour la plupart testées sur des enfants, il s’inquiète dix fois plus pour son fils, toujours introuvable. Entre le suspens lié à l’enquête, la pression que l’on ressent, la peur et l’envie que tout se termine bien pour tout le monde, ce livre est un véritable ascenseur émotionnel. Et encore une fois, on ne devine pas cette fin, on ne devine rien de toute l’enquête, on découvre le tout au cas par cas avec l’inspecteur.

Encore une fois, j’applaudis la performance de William Ryan qui a réussi à retranscrire la tension de l’époque, des années 1937-1938 et la Grande Terreur qui avait lieu, étant donné que le moindre petit avis contraire, la moindre petite blague sur le Parti vous faisait gagné un aller simple dans la Zone. Les descriptions de lieu, conformes à celles de l’époque nous transportent et on s’imagine sans peine dans le Moscou de Korolev.

Les enquêtes de l’inspecteur peuvent se lire indépendamment des unes des autres, à la manière des enquêtes de Robert Langdon (Da Vinci Code) de Dan Brown. A part quelques personnages récurrents et quelques-uns de nouveaux, nous ne sommes pas perdus. Je n’ai pas lu Film noir à Odessa, le deuxième tome des enquêtes de Korolev, et malgré la venue d’un nouveau personnage que l’inspecteur aurait ramené d’Odessa, je n’ai pas perdu le fil de l’histoire et je ne me suis pas sentie embrouillée du tout. Un très bon point donc pour notre auteur.

En bref, j’ai beaucoup aimé cette enquête. Le suspens, l’action et l’avalanche d’émotions étaient au rendez-vous. Définitivement, je suis tombée amoureuse du style de l’auteur et il me faut absolument Film noir à Odessa pour compléter ma petite collection. Je conseillerais sans hésiter Les enquêtes de l’inspecteur Korolev à toute personne qui aime lire des romans policiers!

Merci au forum Have a Break, Have a Book et aux éditions des deux terres pour ce partenariat 🙂

[Chronique] Le royaume des voleurs – William Ryan

[Chronique] Le royaume des voleurs – William Ryan

le royaume des voleurs


1936, début de la terreur stalinienne. Le cadavre mutilé d’une jeune femme est retrouvé sur l’autel d’une église désaffectée. L’inspecteur Korolev, chef de la section criminelle de la Milice de Moscou, est chargé d’enquêter. Comme la victime est une citoyenne américaine, l’organisation la plus redoutée de toute la Russie, appelée NKVD, s’en mêle. Les moindres faits et gestes de Korolev sont observés. Bien décidé malgré tout à découvrir ce qui se cache derrière ce crime effroyable, il pénètre dans le royaume des Voleurs, ces individus qui règnent sur la pègre moscovite. À mesure que d’autres corps sont découverts et que la pression venue d’en haut augmente, Korolev se demande qui sont les vrais criminels dans cette Russie où prédominent la peur, la faim, et l’incertitude.

Mon avis

Nous sommes en ex-URSS, sous les ordres de Staline, en 1936. La révolution est finie, mais elle n’est pas encore complètement oubliée par les moscovites, qui vivent de façon précaire, connaissent la faim et vivent en colocation à cause du manque de logements. Dans un état où tout est contrôlé, surveillé et hiérarchisé, une nonne américaine est retrouvée morte sur l’autel de l’église proche du Kremlin et aurait été torturée. Le capitaine Korolev et son collègue de la milice, Semoniov, se retrouvent chargés de l’enquête. Alors qu’ils peinent à trouver des indices, un autre corps est trouvé, celui d’un Voleur (organisation qui règne sur la pègre moscovite), torturé également. De son côté, Korolev reçoit de l’aide de la part du colonel Gregorine, un membre du NKVD. Mais chaque indice récolté laisse penser qu’il y a un traître dans leurs rangs… L’inspecteur Korolev fera tout son possible pour aller au bout de l’enquête, coûte que coûte!

Wow, c’est tout ce que j’ai réussi à dire une fois que j’avais fini ce livre. William Ryan a réussi à me transporter jusqu’au bout de ce roman, dans lequel j’ai réussi à m’immerger très vite, j’avais vraiment l’impression de me trouver dans le Moscou de 1936, sous les ordres de Staline. Les lieux comme les conditions de vie de l’époque sont très bien décrites, l’auteur ne lésine pas sur les descriptions et les explications, mais qui ne gênent pas plus que ça. On sent bien la terreur que le régime politique de l’époque inspirait, incitant les voisins à dénoncer quiconque aurait dit quelque chose contre le parti, ou aurait comploté, voir pas du tout, car tout est bon pour vendre ses amis, sa famille ou son voisin. L’auteur n’hésite pas non plus à utiliser des mots qui viennent tout droit du jargon russe. Je me suis un peu perdue avec les noms à rallonge comme Alexeï Dimitrievitch Korolev ou Ivan Ivanovitch Semionov.  Heureusement, l’auteur n’utilise que le dernier nom, ce qui est bien plus simple.

L’inspecteur Korolev est un homme d’une quarantaine d’année, divorcé et papa d’un petit Youri, membre de la milice, ancien footballeur, mais aussi un ancien soldat qui a fait la guerre de 14-18, contre les allemands et les polonais. C’est un homme simple, dévoué au Parti et qui est réputé pour mener les enquêtes jusqu’au bout, en faisant attention aux petits détails, remettant tout en question pour trouver le bon coupable, et non comme certains de ses collègues qui ne s’embêtent pas avec ça, du moment qu’ils donnent un résultat à leurs supérieurs. Il est également réputé pour sa non-violence pendant les interrogatoires, il n’a pas besoin de cette méthode pour décrocher des aveux.

L’intrigue policière est extrêmement bien menée, on ne devine pas un seul instant qui est derrière les meurtres, toutes les informations nous viennent en même temps que l’inspecteur Korolev les découvre. Derrière nous avons aussi une intrigue politique, discrète, mais que l’on regarde se dessiner au fil des pages en même temps que l’enquête. La résolution de l’enquête tient la route et est en parfaite cohérence avec les évènements antérieurs. Le suspens est à son comble jusqu’au bout, je ne m’attendais vraiment pas à cette fin.

– C’est l’autre chose que m’a dite le général : que j’ai besoin d’acquérir de l’expérience et que vous me la donneriez. Ou alors ce serait un coup de pied au cul. D’après lui j’ai besoin des deux.

-Le général est un homme de bon sens, répondit Korolev en essayant de garder un visage sévère.

En bref, j’ai passé un excellent moment en compagnie de l’inspecteur Korolev, l’auteur a réussi à me transporter dans son histoire jusqu’au bout, les intrigues sont bien menées. Je compte me prendre ce livre en version papier, et m’intéresser de plus près des autres ouvrages de William Ryan.

Merci au forum Have a Break, Have a Book et aux Éditions des Deux-Terres pour ce partenariat.