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Tag: échangisme

[Chronique] S’occuper en t’attendant – Marion Favry

[Chronique] S’occuper en t’attendant – Marion Favry

s'occuper en t'attendant


Pour oublier son amant, homme marié, mais lâche – pour «s’occuper en attendant» –, Marion Favry explore un registre infini de plaisirs charnels en compagnie d’hommes de substitution. Aucune pratique n’échappe à sa soif d’abandon : boîtes, saunas, clubs, couples échangistes, toujours avec ce regard scrutateur d’une narratrice qui observe les réactions de ses compagnons de chair et tente d’analyser les siennes, nullement dupe du fait que peut-être tout ceci est vain. Mais que c’est, après tout, une option comme une autre pour gagner l’oubli et la liberté d’être… La crudité de ce « je » féminin a de quoi surprendre : le ton est franc, le vocabulaire explicite, proche de l’oralité parfois, mais le style maîtrisé permet d’éviter l’écueil de la vulgarité.

S’occuper en t’attendant est un récit très « brut » de la part d’une femme, contrebalancé par des harangues à l’amant qui parlent d’amour perdu et de sentiments écornés… Une juxtaposition parfaitement réussie.

Mon avis

Quand je lis un roman érotique, j’attends deux choses spécifiques pour ce genre de livre. La première, que l’histoire soit émoustillante. La deuxième, est qu’il y ait un minimum d’histoire derrière, que ce ne soit pas du sexe pour sexe uniquement. Après, je me base sur mes critères de base : que ce soit bien écrit, entre autre. Et S’occuper en t’attendant est largement en dessous de mes attentes. Et à vrai dire, j’en suis surprise ! Ce n’est pas le premier livre que je lis de La Musardine, et même si tous ne m’ont pas plu pour diverses raisons, dans l’ensemble ça restait généralement plaisant à lire et j’en sortais juste mitigée, s’en était pas au point de me forcer à lire un chapitre tous les soirs pour finir le livre. Parce que là, ça a été le cas.

Enfin bref, rentrons dans le vif du sujet.

Premier problème, il n’y a pas d’histoire derrière, pas de temps de répit entre deux scènes de sexe, on renchaîne sur une autre directement. En faite, on ne fait que ça, suivre les déboires sexuels du personnage principal. Il y a juste un petit speech comme quoi elle couche pour oublier son amant, elle râle contre lui (dans sa tête) à chaque fin de chapitres pendant un laps de temps assez court et c’est tout, ça ne va pas plus loin.

Deuxième problème, l’histoire n’est absolument pas émoustillante. Tout d’abord, parce que c’est extrêmement répétitif, les mêmes pratiques reviennent à chaque fois et dans le même ordre. Ce sont des pratiques toutes plus banales les unes que les autres, même si une fois ou deux l’auteure s’autorise une pratique un peu osée, ça ne va pas plus loin. En clair, ça manque d’originalité. Ensuite,  le vocabulaire utilisé est anti-émoustillant. Les phrases « Vu le morceau à y fourrer, c’était mieux ainsi » ou « Je me sens garnie comme un panier gastronomique du jour de l’An » sont un répulsif à plaisir, très clairement. Une, deux phrases, j’aurais fermé les yeux… Sauf qu’il y en a tout le temps !  Le problème réside aussi dans le fait que le personnage principal passe son temps à comparer ses coups d’un soir à son ancien amant, et de leur trouver tout un tas de défauts en pleine action (et comment oublier son amant si on passe son temps à le comparer aux autres, mmh?). Non, ce n’est absolument pas émoustillant.

Quant à la qualité d’écriture, je ne suis pas satisfaite également. L’écriture n’est pas fluide et les phrases sont courtes, donnant une impression d’urgence qui n’a pas lieu d’être dans ce roman. En effet, quelle urgence quand on enchaîne juste les coups d’un soir sans autre histoire à côté?

En bref, j’en ressort surprise et déçue, je m’attendais à mieux. Néanmoins, merci au forum Au coeur de l’Imaginarium et aux éditions La Musardine pour ce partenariat.

[Chronique] Les soirées de Charles – Armand Aurèle

[Chronique] Les soirées de Charles – Armand Aurèle

les soirées de charles


Charles organise des soirées échangistes avec un raffinement qu’apprécient ses invités, triés sur le volet. Ce roman relate l’une de ces soirées, mais pas n’importe laquelle. Il s’agit pour Charles, passionné de psychologie, de faire une expérience. Comment une partouze, organisée en thérapie de groupe, peut-elle transformer ses participants ?

Les six invités vivront chacun à leur tour une expérience inoubliable : œuvrer comme serviteur nu, disponible à chacun, pour cet avocat puissant ; révéler son homosexualité latente, pour celui qui se croyait strictement hétéro ; se venger d’un mari humiliant en endossant le rôle de dominatrice ; réaliser la vanité de ses conquêtes pour ce dragueur impénitent mis en présence de femmes offertes… Charles amène chacun des participants à dépasser son statut à travers un jeu de rôle, une épreuve, une performance, qui sont bien sûr autant de scènes érotiques largement détaillées.

Le temps du livre est celui de la soirée.
Le récit alterne, façon caméra subjective, les points de vue de chaque protagoniste, procédé qui vous fera vivre de l’intérieur tous les instants de cette soirée. Sensations fortes garanties !

Mon avis

Charles organise des soirées d’un genre particulier. Avec des invités triés sur le volet, il se livre a des expérimentations comportementales à travers des soirées échangistes. Que ce soit pour révéler une homosexualité latente, des désirs de dominations/soumission ou aider deux personnes à ouvrir les yeux sur leur situation. A travers diverses scènes imaginées par Charles, ses invités vont évoluer….

Alternant entre les points de vue de chaque invités, nous découvrons leur façon de voir les choses, et comment ils appréhendent la suite de la soirée. Bien au delà du simple roman érotique, nous avons là la vision de différentes personnes sur un même évènement, et ce que cela leur apporte. Sans découpage de chapitre ni de rupture, nous avons les avis tour à tour, nous restons donc vraiment dans le moment présent. Mis à part le débriefing de fin de soirée, nous ne revenons pas sur ce qui s’est passé. Il n’y a donc pas de dialogues, ou très peu. La narration se base sur les monologues intérieurs des invités, leur avis du moment, comment ils voient la scène qui se déroule sous les yeux, comment ils la vivent.

Même si on le devine pour quelques-uns des personnages, on ne comprend pas comment telle ou telle mise en scène peut les aider. Notre organisateur leur a fait remplir des questionnaires avant la soirée, il savait donc ce qu’il faisait. Mais pour le lecteur, ce n’est qu’au moment du débriefing (très studieux, au passage) que les dernières pièces du puzzle nous sont données, et on comprend tout de suite les choix de Charles.

Notre maître de soirée est au final qu’observateur et ne prend pas part aux ébats qu’il a organisé, pour pouvoir aider au mieux ses convives. Et quels ébats ! Armand Aurèle va droit au but, ne faisant pas dans la dentelle et la fioriture à ce niveau-là, mais sans tomber dans le vulgaire. Particulièrement émoustillant, ces ébats rythment notre histoire, car pour nos six participants, il faut bien contenter tout le monde… Le tout est extrêmement bien écrit.  La plume fluide de l’auteur nous transporte à travers cette soirée pour le moins particulière.

En bref, j’ai passé un excellent moment en compagnie de ce livre! On frôle presque le coup de cœur! Merci au forum Au coeur de l’Imaginarium et les éditions La Musardine pour ce service de presse.