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[Chronique] Dis-moi si tu souris – Eric Lindstrom

[Chronique] Dis-moi si tu souris – Eric Lindstrom

dis-moi si tu souris


Je suis Parker, j’ai 16 ans et je suis aveugle. Bon j’y vois rien, mais remettez-vous : je suis pareille que vous, juste plus intelligente. D’ailleurs j’ai établi Les Règles :
– Ne me touchez pas sans me prévenir ;
– Ne me traitez pas comme si j’étais idiote ;
– Ne me parlez pas super fort (je ne suis pas sourde) ;
– Ne cherchez jamais à me duper.
Depuis la trahison de Scott, mon meilleur pote et petit ami, j’en ai même rajouté une dernière. Alors quand il débarque à nouveau dans ma vie, tout est chamboulé. Parce que la dernière règle est claire : Il n’y a AUCUNE seconde chance. La trahison est impardonnable.

Merci aux éditions Nathan pour cette lecture !

Mon avis

Parker est une adolescente aveugle, suite à un accident de la route, qui a causé la vie de sa mère. Venant tout juste de perdre son père, elle se retrouve à habiter avec sa tante, son oncle et leurs enfants, qui envahissent son espace vital et bousculent ses habitudes. Et rajoutons à cela Scott qui réapparait dans sa vie après avoir perdu sa confiance à jamais il y a plusieurs années de cela…

C’est la première fois que je lis un roman dont le personnage principal est totalement aveugle, et Eric Lindstrom a réussi un sacré tour de force. Car on oublie bien vite que Parker est aveugle, ce n’est pas ce qui est le plus mis en avant. Mais surtout, l’auteur ne résume pas son personnage principal à sa cécité. C’est avant tout un être humain – une adolescente – qui, comme tous les ados de son âge, apprend la vie, que ce soit au niveau de l’amitié, que de l’amour.

Eric Lindstrom approche plusieurs sujets. Nous avons déjà l’amitié et l’amour, comme dit plus haut, mais aussi la confiance, le deuil, le pardon… Et enfin, saisir les nuances de la vie : tout n’est pas blanc ou noir. Ce qui amène, bien sur, des moments forts en émotions, toujours plus justes car l’on ne tombe pas dans le mélodramatique.

Cela vient aussi du personnage de Parker. Elle est franche, directe, voir un peu froide. Mais l’on voit petit à petit qu’elle se cache derrière ce comportement pour ne pas montrer combien elle est devenue fragile suite à la mort de son père. Et c’est là que ça devient intéressant, car nous ne sommes pas devant un énième personnage féminin handicapée qui vit tout comme une battante : Parker est humaine, et je me suis sentie beaucoup plus proche d’elle que des autres persos principaux des derniers Young Adult mettant en scène ces adolescentes amochées par la vie.

Bien que Parker vive des moments tristes, c’est un roman qui se veut feel good malgré tout, l’auteur montrant qu’il y a du positif en tout, même dans les situations qui nous paraissent très ennuyantes au départ. Comme dirait Dumbledore :

Mais vous savez, on peut trouver du bonheur même dans les endroits les plus sombres. Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière.

Bref, ouvrir les yeux au lieu de se morfondre (enfin… métaphoriquement parlant 😛 )

Dis-mois si tu souris est un roman que j’ai lu d’une traite, seulement quatre petites heures n’ont pas été de trop pour en venir à bout, grâce à l’écriture fluide de l’auteur !

En bref, un roman prenant, qui ne nous lâche pas avant que l’on arrive au point final. Des émotions fortes, beaucoup de belles choses et de jolies petites leçons qui ne font pas de mal !

[Chronique] Morwenna – Jo Walton

[Chronique] Morwenna – Jo Walton

Morwenna

  • Éditeur : Folio (2016)
  • Pages : 417
  • Genre : Fantasy
  • Prix : 8.20€
  • Acheter Morwenna

Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghust, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privé à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Loin de son pays de Galles natal, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres, notamment des livres de science-fiction. Samuel Delany, Roger Zelazny, James Tiptree Jr, Ursula K. Le Guin et Robert Silverberg peuplent ses journées, la passionnent. Alors qu’elle commence à reprendre du poil de la bête, elle reçoit une lettre de sa folle de mère : une photo sur laquelle Morganna est visible et sa silhouette à elle brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de se battre.

Merci aux éditions Folio et à Livraddict pour cette lecture !

Mon avis

Morwenna – qui préfère qu’on l’appelle Mori – est une jeune galloise très loin de son pays. Fuyant sa mère, et tentant de faire le deuil de sa sœur jumelle, elle tente de faire sa petite vie dans l’école privée d’Arlinghust. Mais entre son père qu’elle n’avait jamais vu, les sœurs de ce dernier, son handicap et les fées, est-ce qu’elle pourra retrouver une vie calme pour finir ses études ?

C’est difficile de résumer ce livre sans en dire trop. L’ambiance y est particulière, c’est un récit à la fois beau et étrange.  Mais en tout cas, il ne m’a pas laissée indifférente. On suit Mori à travers son journal intime, où elle raconte sans détours ses journées, ses théories, la magie,  ses liens avec les gens qui l’entoure… On commence avec son arrivée à Arlinghust, pour finir là où tout a commencé, ses racines : Le pays de Galles.

Car il faut savoir qu’il n’y a pas tellement d’action ni de rebondissements, c’est juste la vie d’une jeune fille scolarisée, dotée de pouvoirs, bien qu’avec la magie on pourrait y voir une métaphore du passage à la vie adulte. Au final, le côté fantasy est très peu présent dans ce one shot. Tout dépend si l’on est plus terre à terre et que l’on part sur l’idée de la métaphore, où si on accepte pleinement la magie présente.

Comme l’indique le résumé, il y a énormément de références à des titres majeurs de la science-fiction des années 60-80 (pour faire large), mais il n’y a pas besoin d’être lecteur de SF pour les saisir, Mori expliquant assez souvent pourquoi elle en vient à ce livre, ce passage, ce personnage, cet auteur… En tout cas, c’est un roman qui se lit vite, c’est assez fluide et Jo Walton a un vocabulaire riche.

Le roman est parsemé de jolies citations sur les lecteurs, les livres et les bibliothèques qui ont fait chavirer mon coeur de lectrice, dont en voici une en particulier :

Bibliotropes, a dit Hugh. Comme les tournesols sont héliotropes, nous sommes naturellement attirés par la librairie.

En bref, Morwenna est une jolie fantasy assez soft pour ceux qui ne seraient pas habitués par ce genre. Un roman que l’on peut lire pour son côté magique, ou alors se contenter d’y voir une métaphore sur le passage de la vie adulte. Dans tous les cas, ce n’est pas un roman qui vous laissera indifférent !

[Chronique] Cet été-là – Sarah Ockler

[Chronique] Cet été-là – Sarah Ockler

Cet été-là


D’après Frankie, la meilleure amie d’Anna, rien ne vaut les plages de Californie pour tomber amoureuse. Et si elles rencontrent au moins un garçon par jour, Anna a toutes les chances d’en trouver un qui lui plaise. En théorie … Dans la réalité, Anna n’a aucune envie de passer l’été à flirter en bikini. Parce qu’elle a déjà vécu une première, et secrète, histoire d’amour : avec le grand frère de Frankie, un an plus tôt, juste avant qu’il ne meure brutalement, laissant Frankie et Anna Anéanties derrière lui…

Merci aux éditions Nathan pour cette lecture !

Mon avis

Matt est le grand frère de Frankie. Tous les deux sont les meilleurs amis de Anna depuis… Toujours. C’est un trio inséparable, les filles allant même s’habiller pareil. Le soir de l’anniversaire d’Anna, Matt lui avoue ses sentiments, qui sont réciproques. Alors ils commencent à sortir ensemble, mais en cachette. Quand Matt est enfin prêt à mettre sa petite sœur au courant, il meurt au volant de sa voiture. Un an après, Frankie n’est toujours pas au courant et Anna doit vivre avec ce lourd secret. Mais l’été risque d’être fort en révélations quand les filles partent ensemble en vacance, avec les parents de Frankie

C’est le deuxième roman de Sarah Ockler que je lis, et j’ai bien plus adoré Cet été-là que #Scandale. En effet, ce petit dernier est plus vivant, plus prenant, on ressent enfin quelque chose pendant la lecture. Les relations sont plus réalistes, les dialogues sonnent plus vrais. Et en plus, il se lit aussi bien et aussi vite que son grand frère, alors que demander de plus ?

Frankie était, avant l’accident, une jeune fille tout à fait normale, sans histoire. Aujourd’hui, elle porte des tenues courtes, fume, se maquille à outrance et s’invente une vie délurée pour que ses parents la remarque, pour qu’elle ne soit plus seulement « la sœur du gars qui est mort » aux yeux des autres. On ne peut pas la blâmer pour son égoïsme, chacun vit le deuil à sa façon, mais elle n’a plus les pieds sur terre. A côté, Anna était et reste quant elle la même qu’avant, le poids de la perte de Matt en plus, qu’elle aimait secrètement depuis des années, tandis qu’elle doit vivre son deuil presque en secret, puisque personne ne savait quelle était sa relation avec son meilleur ami.

Plusieurs thèmes sont abordés ici. Entre entretenir un secret sur une longue durée, le deuil, le premier amour, comment tomber amoureux sans avoir l’impression de trahir celui que l’on a toujours aimé et qui est mort, l’amitié qui évolue pas forcément comme on le voudrait, et la fameuse première fois, un sujet qui revient très souvent entre les deux filles. Tous les sujets sont très bien traités, sans tomber dans l’excès. Pour le coup, Sarah Ockler a su doser et faire entrer en scène ces thèmes aux bons moments, ce qui rend l’histoire harmonieuse et cohérente.

En bref, bien loin de #Scandale, Cet été-là est un second roman très intéressant, où l’on ressent tout un panel d’émotions. Les thèmes abordés sont très bien traités, et ces vacances au soleil donnent envie d’aller lire sur les plages. Alors, pourquoi se priver ?

[Chronique] Love Letters to the Dead – Ava Delleira

[Chronique] Love Letters to the Dead – Ava Delleira

love letters to the dead


Au commencement, c’était un simple devoir. Ecrire une lettre à un mort. Laurel a choisi Kurt Cobain, parce que sa grande soeur May l’adorait. Et qu’il est mort jeune, comme May. Très vite, le carnet de Laurel se remplit de lettres où elle dresse son propre portrait de lycéenne, celui de ses nouveaux amis, de son premier amour… Mais pour faire son deuil, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente, et faire face à ce qui s’est réellement passé, la nuit où May est décédée.

Mon avis

La prof d’anglais de Laurel donne un devoir à sa classe : écrire à une personne décédée. La jeune fille décide tout d’abord d’écrire à Kurt Cobain, parce que sa sœur May l’adorait. Mais May est morte, et plus rien n’est comme avant. Là où cela ne devait être qu’un simple devoir, Laurel va écrire et raconter sa vie à une dizaine de célébrités disparues, à la manière d’un journal intime…

C’est ma période romans épistolaires, je crois bien. Peut-être parce que j’aime moi-même correspondre ou parce que je trouve que l’on se dévoile plus dans une lettre que n’importe comment, j’aime les romans épistolaires car je m’attends à retrouver ce genre de choses. Et comme j’habite enfin près d’une bibliothèque avec un fond récent, je n’ai pas pu m’empêcher d’emprunter ce roman. Et donc.

Love Letters to the Dead n’a pas été la lecture enthousiasmante à laquelle je m’attendais, malgré le stickers délavé en forme de cœur que ma bibliothécaire a apposé sur sa couverture. Car l’on reste majoritairement en surface et que le contenu manque de profondeur. Ceci est expliqué par le fait que le rythme se retrouve tout d’abord cassé par le passé de chacune des personnalités à qui Laurel écrit. Elle leur parle de leur enfance, leurs exploits, leur disparition… Bref on est vite coupés dans notre élan. Je vous avoue que je me suis accrochée pour ne pas sauter ces passages, parce qu’entre nous je me fiche que telle star ai fait une overdose, qu’une autre se soit suicidée ou qu’untel ai disparu, ce n’est pas pour cela que je me suis lancée dans cette lecture.

Beaucoup moins de destinataires aurait aidé aussi, puisque l’histoire est décousue entre chaque personnalités. Alors qu’à côté de cela, une seule et unique lettre est destinée à May, alors que plus de lettres pour sa sœur auraient donné plus de poids, plus de profondeur à cette histoire et au drame vécu, et surtout cela aurait justifié le lien que l’on nous décris dans chacune des lettres. Se mettre en colère contre May au lieu de Kurt aurait donné plus d’impact, par exemple. Mais on ne va pas réécrire l’histoire !

Mais ce livre est sacrément humain. Les filles ne sont pas toutes l’archétype de la blondasse populaire et les garçons ont des sentiments, les expriment, pleurent en public, ils font des erreurs. Et ça c’est beau. Et ce qui est beau aussi, c’est que toutes les relations ne sont pas 100% hétéros : il y a aussi des relations homosexuelles, les jeunes se cherchent et se découvrent à cette période. Aussi, les familles ne sont pas toutes calquées sur le modèle papa-maman-un ou deux enfants-happy. Elles sont composées, séparées, en deuil, tristes. On pourrait presque reprocher qu’il n’y ai pas une seule famille avec les deux parents encore présents, en faite.

En bref, Love Letters to the Dead est une plongée dans le deuil d’une adolescente qui a beaucoup de mal à accepter la perte de sa sœur. Malheureusement, on regrettera le manque de profondeur et les passages sur la vie des célébrités disparues qui cassent le rythme. Sois l’auteur en fait trop (les destinataires nombreux, aucune famille avec deux parents, …) ou pas assez (il aurait été plus intéressant de découvrir la famille de Laurel que les familles de ses amies et qu’elle écrive plus de lettres à May, …), il manque ce juste milieu qui aurait équilibré ce roman à la perfection.

[Chronique] Autour de Kate – Cric & Efix

[Chronique] Autour de Kate – Cric & Efix

autour de kate

  • Éditeur : Petit à Petit (2009)
  • Genre : Drame
  • Plus édité !

“K, une jolie comète”, c’est la véritable histoire de Kate et de Flip. Flip, le scénariste approche les quarante balais, marié, père de famille. Casé. Rangé des bagnoles. Kate a vingt deux ans. Ils se rencontrent. C’est la passion. Kate se tue quelques semaines après dans un accident de voiture. Flip est laminé. Il doit vivre ce deuil terrible en secret. Il a un pote qui dessine. Il s’appelle Efix. Il lui raconte l’histoire. Efix est touché et pour sauver son pote, il lui propose de dessiner leur passion. Le temps a passé. Les deux amis ont voulu prolonger la vie de K en en faisant un personnage de bandes dessinées. Elle s’appellera Lieutenant Kate et le premier album de la série “Les amis de Josy” sortira en Janvier 2004. Flip en profite pour reprendre son vrai pseudo “Cric”. C’est toute cette histoire que Efix et Cric ont souhaité raconter dans “Autour de Kate”. Une histoire d’amitié.

 

Mon avis

Kate, 22 ans, rencontre Flip, le scénariste de cette bande-dessinée. Flip, la quarantaine, marié, papa… Et c’est le coup de foudre. Sauf que quelques semaines après, Kate se tue dans un accident de voiture. Leur histoire n’étaient pas connue, pour des raisons évidentes. Alors Flip doit faire son deuil en secret. Quand un de ses amis dessinateur, Efix, lui propose de tout vider dans une BD pour l’aider à passer à autre chose. Quelques temps après, ils continuent de faire vivre Kate dans « Les amis de Josy », sous les traits d’une femme flic, avec le personnage du père d’Efix, mort suite à un cancer dans la même période… Flip reprend ici son pseudo « Cric ».

Autour de Kate regroupe ces deux BDs, mais aussi comment ils en sont venu là, qui les a aidés à ce que leur projet sois publié chez Petit à Petit, le bien que leur a fait de coucher cette histoire sur papier, comment ils ont vécu « l’après Kate », qui leur a laissé un grand vide.

La première BD, « K, une jolie comète », est très touchante et remonte au début de sa relation avec Flip, puis son accident. On ressent toute la douleur des deux amis qui perdent une amante, une amie. Faire son deuil n’est pas chose aisée, mais ces deux-là on trouvé une manière de rendre ça plus simple pour eux.

La deuxième, « Les amis de Josy », nous entraine dans une enquête policière : en effet, un meurtrier sévit et le seul lien qui relie ces hommes est leur passion du foot. Une histoire sordide digne d’un roman noir qui plaira aux amateurs du genre ! Une belle façon que de faire vivre encore des personnes qui ont beaucoup compté dans leur vie…

Niveau graphismes, il y a eu une véritable recherche au niveau des designs, que ce soit au niveau des personnages fictifs que des lieux. Efix utilise un jeu d’ombre, de clair-obscur très marqué. Ce jeu de clair-obscur se poursuit également dans les pages, séparant les histoires (blanc : moment présent, noir : Kate et le père d’Efix). Toute la BD étant en noir et blanc, c’est rendu assez plaisant qui nous est présenté là.

Pour conclure, je dirais qu’Autour de Kate est un travail, le fruit d’une amitié très forte entre le dessinateur et le scénariste qui auront réussi à continuer à faire vivre des personnes à qui ils tenaient beaucoup.

[Chronique] Le chant du troll – Pierre Bottero & Gilles Francescano

[Chronique] Le chant du troll – Pierre Bottero & Gilles Francescano

le chant du troll


– Psssst ! Est-ce que tu es prête ?
– Je ne sais pas de quoi tu parles. Prête pour quoi ?
– Le basculement a débuté…

Mon avis

Léna est une jeune fille que personne ne remarque. Que ce soit ses parents, ses camarades d’école, sa prof… C’est comme si personne ne la voyait. Mais rien ne va, chez Léna : ses parents se disputent, sa mère s’en va car son père passe beaucoup trop de temps (jour et nuit) sur son ordinateur à écrire une histoire, et la nature reprend ses droits sur la ville, des créatures imaginaires remplacent les êtres humains… Le basculement a commencé…
Il va être dur d’en dire plus sur Léna sans spoiler, vous devrez donc vous contenter d’un résumé assez vague sur le basculement et Léna pour cette fois-ci !

Qu’il est agréable de retrouver la plume de Pierre Bottero dans ce roman graphique ! Un titre posthume pour cette fois-ci également, car Bottero a laissé pas mal de ses écrits derrière lui. Le chant du troll ressemble sur certains points à l’histoire d’Ewilan, de La quête d’Ewilan : le basculement et le pas de côté se ressemblent et certaines créatures viennent tout droit du monde de Gwendalavir, entre autres.  Mais ce n’est pas déplaisant, et ce one-shot peut se lire indépendamment des aventures d’Ewilan.

C’est une histoire assez métaphorique, qui tourne autour de la maladie et de la mort et de comment il est perçu par les différentes personnes. L’histoire n’est pas complexe, et peut se lire dès 10 ans sans problème, les sujets comme la mort et la maladie étant traités en douceur et non brutalement, le lecteur a le temps d’absorber les informations et de se rendre compte ce qu’il en est.

Qui dit roman graphique, dit dessins, qui sont magnifiques ! Gilles Francescano a réussi à adapter l’histoire de Bottero dans des graphismes justes, très colorés avec des tons pastels par moments. Les dessins s’harmonisent avec le texte, et donnent une ambiance très onirique au livre. La végétation qui empiète sur la ville est extrêmement bien rendue et chaque planche a bénéficié d’un travail de haute qualité. Les personnages sont très bien travaillés et sont magnifiques.

En bref, c’est un coup de cœur pour moi !

[Chronique] Confidences d’une fille en colère – Louise Rozett

[Chronique] Confidences d’une fille en colère – Louise Rozett

confidences d'une fille en colère


Bienvenue dans ma vie !
1. Ma famille a explosé,
2. Mon lycée est une jungle,
3. Mes « camarades » de classe n’ont que deux mots de vocabulaire : cool et fuck,
4. Ma meilleure amie ne pense qu’à perdre sa virginité,
Et moi, je me sens comme au milieu des Aliens et j’ai constamment la rage.
Je donnerais tout pour remettre les compteurs à zéro : ramener papa à la maison, entendre de nouveau rire maman, me chamailler avec mon petit frère — comme avant.
Seulement plus rien n’est comme avant, même pas MOI. La preuve, je viens de recevoir mon premier baiser…

Mon avis

Confidences d’une fille en colère… Voilà bien un livre qui porte mal son nom. Je l’aurais plutôt appelé Confidences d’une adolescente de 14 ans qui a ses hormones qui la travaillent, en plus du fait que son père est mort. C’est plus long, mais un peu plus logique quand on arrive au bout des 379 pages et qu’on s’est ennuyé ferme.

Parce que c’est ça en faite : Rosie fait son entrée au lycée, découvre qu’elle peut tomber amoureuse d’un garçon, même si celui-ci est en couple et que sa copine la menace de lui arracher les yeux si elle approche le fameux gars… Sans compter à côté que son père et mort, que son frère va à l’université et que sa mère est toujours en plein deuil. Que Rosie est égoïste avec tout son entourage, et qu’elle ne le remarque pas… Bref, rien de bien transcendant. C’est… la vie!

Je me suis donc ennuyée et c’est bien dommage, parce que le roman est quand même bien écrit dans l’ensemble, c’est fluide, ça se laisse lire quoi. Le gros problème réside dans cette histoire plate, ultra-prévisible d’où aucune émotion ne ressort.

Je n’ai pas particulièrement aimé le personnage de Rosie – en plus – , je l’ai trouvé exagérément trop mature pour son âge (14 ans, rappelons-le), elle en paraît vingt. Ce qui m’a surtout énervée, c’est que l’auteur, à travers le personnage, nous gratifie à chaque mot « compliqué »(/plus de trois syllabes) d’un renvoi au dictionnaire avec des phrases du style « Si vous ne savez pas ça les incultes, consultez un dictionnaire », et ça tout le long du roman… C’est franchement agréable de se sentir prise pour une demeurée quand je lis un livre, vraiment ! J’ai fini par survoler le roman pour le finir, parce que ce n’était plus possible.

En bref, Confidences est un livre à oublier. Très vite.

[Chronique] Cercles – Sylvain Matoré

[Chronique] Cercles – Sylvain Matoré

cercles

  • Éditeur : Alma (2014)
  • Pages : 207
  • Genre : Drame
  • Prix : 17€
  • Acheter Cercles

«Quels que soient les hasards heureux ou les embûches, le cercle se refermera inévitablement.»
Paris. Avec leur grosse voiture, deux malfrats en fuite propulsent un jeune homme ad patres. Ils appartiennent à la mafia serbe qui les exfiltre de l’autre côté des Pyrénées au service du boss local. Leur mission : augmenter le rendement de trois prostituées. L’une d’elle s’appelle Irina.
Pendant ce temps, à Paris, Camilla, la sœur du jeune tué, reste anéantie par la mort de ce frère qui donnait un peu de couleur à son existence. Elle vivotait, elle ne vit plus. Elle se lance dans la nuit, boit, se shoote…
Irina et Camilla ne se rencontreront pas. Chacune affronte un cercle de la violence déchaînée par les autres. Leur communauté de destin s’arrête là. Car chaque cercle impose sa trajectoire et ses épreuves.
Poste d’observation du déclin, Cercles se joue sur deux scènes, en alternance. Et voit sept personnages – presque mercenaires – sombrer dans une spirale dantesque. Tantôt affûtée, clinique ; tantôt adoucie, arrondie, l’écriture de Sylvain Matoré puise son rythme dans son expérience musicale. Un premier roman qui s’inscrit résolument dans la lignée de l’école réaliste américaine. Réinventée.

Mon avis

Cercles, c’est l’histoire de sept personnes qui ne se connaissent pas. Certaines passent dans la vie d’un autre, mais pas très longtemps. Cercles, c’est aussi l’histoire de Camilla et Irina. Elles ne se rencontreront jamais, mais leur histoire est liée. Camilla vient de perdre son frère, mort dans un accident de la route, fauché par deux hommes de la mafia Serbe. Elle est détruite, et tombe dans l’alcool et la drogue. Irina est une prostituée en Espagne. Elle et ses collègues ne sont pas très rentables, leur mac est trop doux avec eux, estime le boss. Pour faire avancer les affaires, leur boss, Sergio, leur envoie les deux Serbes, le temps que la police et les médias les oublient. Un peu comme des consultants extérieurs, ils vont apprendre à Andrès, le mac qui travaille pour Sergio, à diriger d’une main de fer les trois prostituées qu’il a sous ses ordres…

Nous passons un chapitre sur deux avec Camilla à Paris, et le reste avec Irina et les Serbes en Espagne. La partie avec Camilla est une longue descente dans le monde de l’alcool et de la drogue, sur la pente de la folie suite à la mort de son frère. Dépression, tristesse, hallucinations visuelles et auditives, Camilla est perdue, seule, sans rien pour l’aider à remonter, si ce n’est que le sachet de poudre qui traîne dans son sac. Avec Irina, nous découvrons sa vie de prostituée Russe, subissant jours après jours les menaces et les violences des Serbes, qui ne sont pas là pour faire dans le sentimental. Autant Andrès la protégeait, autant ces deux là ne sont là uniquement pour qu’elle ramène de l’argent. Nous découvrons avec Irina une battante, qui ne se laissera pas abattre par ce qui lui arrive, quoi qu’il lui en coûte.

On peut tenter de l’oublier, l’ennui, de passer à autre chose, on s’assomme chaque soir d’alcool et de drogues pour tenter de s’en débarrasser. Mais le lendemain matin il revient de plus belle, il vous guette dès votre réveil et ne vous quitte plus. Alors le soir suivant on augmente les doses, puisque la quantité de la veille ne suffit plus pour l’oublier aujourd’hui.

Cercles se lit très vite (lu en une journée). Fluide, nous sentons tout de suite où l’auteur veut en venir avec ses deux personnages qui sont aux antipodes l’une de l’autre: l’une combattante, l’autre qui baisse les bras, Sylvain Matoré nous décris avec brio dans quel état d’âme se trouvent ces deux jeunes femmes, ont ressent la détresse qui les animent. C’est un roman coup de poing, qui mène à réfléchir, qui donne envie d’aider ces femmes, détruites par la vie. C’est un récit qui se veut mature, avec quelques touches d’humour bien placées. On peut noter une touche poétique dans les descriptions de lieux, qui donne envie d’en savoir plus sur l’endroit où nos deux personnages principaux se trouvent.

En bref, j’ai passé un bon moment avec ce livre, Sylvain Matoré est un auteur que je vais dorénavant suivre. Merci à Alma éditeur et au forum Have a Break, Have a Book pour ce partenariat.