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[Chronique] Des vacances de rêve – Grand Petit Plus

[Chronique] Des vacances de rêve – Grand Petit Plus

des vacances de rêve

  • Auto-édition (2014)
  • Pages : 43
  • Genre : Fantastique, horreur
  • Plus édité

La respiration de Mélanie devint plus régulière, plus lente : elle se rendormait déjà. Compte tenu de sa fatigue, Jack aurait bien aimé suivre le même chemin : se jeter, sans frein, dans le gouffre du sommeil après avoir dévalé, tel un parapente, sa conscience en trois quatre foulées. Sauf qu’il y avait un frein. Une question. Une drôle de question qui faisait comme une rallonge à la piste d’envol. Une sacrée rallonge puisqu’il n’en voyait même pas le bout. Et qu’y avait-il à son extrémité ? Quelque chose ? Rien du tout ? Quoi d’autre ? Une main ? Tranchée net alors, et au niveau du poignet encore ? En train de faire de l’auto-stop sur le bas-côté ? Avec la ferme intention de monter en route ? Histoire d’accompagner Jack sur le long, le très long chemin qui mène au repos ? Et que poserait-elle comme question, cette main ? Une question simple : pourquoi cette angoisse Jack ? Pourquoi regardes-tu comme ça dans le rétroviseur ? Comme si j’étais là, sur la banquette arrière, en train de te parler ? Je pourrais t’agripper la nuque et te griffer avec mes ongles crochus ? Mais ce n’est pas possible Jack ! Ton esprit dérape ! Tu perds le contrôle ! Ta grosse poubelle qui te sert à penser est en train de quitter la route Jack ! Tu sais où ça conduit une direction assistée par la PEUR ?

Mon avis

Jack est en vacance à Saint-Malo avec sa femme, Mélanie. Le soir venu, Jack rejoint sa femme dans son lit, qui dort déjà. Soudain, elle s’agite, crie, se débat, hurle. Mélanie est en plein cauchemar. Une fois que Jack a réussi à la réveiller, elle lui explique ce qu’elle a vu : une main décharnée lui griffait le dos, une main de cadavre. Avant de se recoucher, Mélanie lui demande de regarder sous le lit, Jack s’exécute et croit y voir la forme d’une main. Choisissant de ne rien dire à sa femme, il se recouche. Le lendemain, au moment de lui passer de la crème solaire sur le dos, il remarque de longues griffures le long de sa colonne vertébrale… Et si ce n’était pas seulement un rêve ?

Jack voit déjà des signes avant-coureur d’un quelconque esprit qui cherche à rentrer en contact avec les êtres vivants au stade où il a réveillé Mélanie. Bon. Quand il rentre chez lui et voit une lettre de l’ancien locataire qui a vécu la même chose et qui pense comme lui, il y croit également, mais pas une seule inquiétude sur le fait qu’un homme qu‘il ne connait pas est rentré dans son appartement pour lui laisser une lettre dans laquelle il avoue avoir le double des clés. En bref, notre personnage principal est naïf.

La découverte des cadavres me laisse perplexe, avec un sentiment de « comment c’est trop pas possible ». Disons que si je dormais sur un matelas dans lequel il y a deux corps, niveau confort, ça se sentirait. Et puis des corps frais de trois mois, ça m’étonnerait que ça sente la rose là dedans… Des détails, mais des détails hyper flagrants.

Côté fluidité, ce n’est pas trop ça. Le résumé (qui est en faite un extrait du livre) en est un parfait exemple. Un autre exemple est que dans la première moitié, l’auteur nous colles des parenthèses à toutes les sauces :

C’est un peu étroit (Jack était très grand), un peu bas de plafond (c’était un ancien basketteur), limite oppressant (avec ses 1m95, tout plafond qui ne faisait pas 3 mètres de hauteur le rendait nerveux), mais très dépaysant.

C’est vraiment dommage, car derrière tout ça on sent une volonté de l’auteur de bien faire, les passages de terreur font peur, les personnages ont leur caractère propre, le speech de départ est original (du moins pour moi, c’est ma première lecture de ce style). Chaque passage n’est pas assez poussé, ce qui mériterait que l’on s’attarde dessus est juste résumé en quelques phrases. D’accord, c’est une nouvelle, mais ce n’est pas une raison pour ne pas étayer son récit quand même. J’ai aussi tiqué sur le langage un peu trop familier, avec ses « un chiotte, merde, pisse, putain » à toutes les sauces dans la première partie de la nouvelle, qui ne font pas parti des dialogues, mais de la narration de l’auteur.

En bref, une petite lecture qui se laisse lire en même pas 30 minutes, une bonne idée de départ qui aurait pu me séduire sans tous ces petits défauts, que l’on pardonne à l’auteur étant donné que c’est son tout premier livre. C’est en forgeant que l’on devient forgeron, de ce fait je souhaite bonne chance et bon courage à l’auteur et le remercie pour ce partenariat, ainsi que le forum Have a Break, Have a Book.