[Chronique] Cinquante nuances de Grey – E.L. James

[Chronique] Cinquante nuances de Grey – E.L. James

cinquante nuance de grey


Anastasia Steele, étudiante en littérature, a accepté la proposition de son amie journaliste de prendre sa place pour interviewer Christian Grey, un jeune et richissime chef d’entreprise de Seattle. Dès le premier regard, elle est à la fois séduite et intimidée. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle tente de l’oublier, jusqu’à ce qu’il débarque dans le magasin où elle travaille à mi-temps et lui propose un rendez-vous. Ana est follement attirée par cet homme. Lorsqu’ils entament une liaison passionnée, elle découvre son pouvoir érotique, ainsi que la part obscure qu’il tient à dissimuler… Romantique, libératrice et totalement addictive, la trilogie Fifty Shades, dont Cinquante nuances de Grey est le premier volume, vous obsédera, vous possédera et vous marquera à jamais.

Mon avis

Je l’avais toujours dit : jamais je n’achèterais Fifty Shades, jamais. Mais j’ai des amis géniaux. Une amie géniale qui m’offre cinquante nuances de Grey pour mon anniversaire. Et à qui j’ai promis de lire ce bouquin jusqu’au bout, d’en faire une critique, malgré son style, malgré que l’on sache toute les deux que ce livre est vraiment nul. Alors pour rendre ça un peu plus intéressant, j’ai dis que je mettrais un post-it dans le livre à chaque fois que Ana rougissait, qu’elle se mordait la lèvre, qu’elle trouvait Christian beau (et un autre ami génial m’a gentiment offert des post-it, parce qu’avant la fin de ma lecture, je me suis retrouvée à court tellement ça revient toutes les 2 phrases. To-pho à voir en fin d’article).

Je vous préviens, je ne vais pas me retenir de spoiler l’histoire ni même la fin, parce qu’entre nous ça vaut pas deux sesterces et soit vous l’avez déjà lu, soit vous tenez une distance respectable entre ce bouquin et vous. Et pour le coup, je vous comprends.

Tout d’abord, reprenons le résumé, et tournons-le comment il aurait du être écrit :

Anastasia Steele, étudiante en littérature qui ne connaît que Tess d’Urberville, a accepté la proposition de son amie et coloc’ Kate, étudiante elle aussi mais également journaliste pour le journal de leur fac, de prendre sa place pour interviewer Christian Grey, un jeune et richissime PDG d’une grande société spécialisée dans on-ne-sais-quoi de Seattle. Dès le premier regard, elle est à la fois séduite (il lui en faut peu…) et intimidée. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle ne tente pas de l’oublier et pense à lui très régulièrement, jusqu’à ce qu’il débarque dans le magasin où elle travaille à mi-temps et qu’elle lui propose pour Kate, une séance photo pour illustrer leur article (il n’y a pas de photos de lui sur google ? L’histoire nous apprends que si, au moins 500 pages plus loin. Mais ne cherchez pas de logique). Ana est follement attirée par cet homme. Lorsqu’ils entament une liaison basée uniquement sur le sexe, elle découvre son pouvoir érotique, mais aussi la part obscure qu’il ne tient absolument pas à dissimuler parcequ’il finit par tout lui raconter, ou alors le lecteur, qui est loin d’être idiot, devine très facilement de quoi il en retourne…

Pas du tout romantique, ni libératrice, ni addictive, la trilogie Fifty Shades, dont Cinquante nuances de Grey est le premier volume, ne vous obsédera pas (à moins d’être frustrée sexuellement depuis des années), ne vous possédera pas et vous marquera à jamais par sa nullité excessive.

Rendons à César, ce qui appartient à César.

Commençons par le fait que ceci est une fanfics de Twilight, et qu’en dehors de la maladresse excessive de Bella et Ana, il n’y a absolument rien en rapport entre ces deux bouquins. Pas de créatures surnaturelles, pas de triangle amoureux, pas d’ennemis mortels, rien. En plus, comme toute bonne fanfiction publiée sur internet, l’histoire a du être publiée chapitres par chapitres à intervalles plus ou moins réguliers et donc pour tenir le lecteur et lui donner envie de revenir, il faut qu’il se passe tout le temps quelque chose, si bien qu’on se demande quand-est-ce que nos protagonistes se posent pour se reposer, réfléchir, vivre quoi. Bref, en 3 jours Ana tombe amoureuse et accepte un contrat sado-maso avec un parfait inconnu en qui elle a totalement confiance. Ouais ouais.

Ana, 21 ans, est particulièrement cruche et se trouve banale, tout le monde est beau autour d’elle, sauf elle. Vive la confiance en soit. Elle a à peine rencontré Christian qu’elle est déjà amoureuse, rêve de lui, pense à lui tout le temps et rapporte tout à Mr.Grey. Oh mon Dieu je fais ça ! Et Mr. Grey lui il aurais dit/fait ça et gnagnagna. A peine rencontrés qu’on à l’impression qu’ils sont déjà en couple, vous voyez le genre ? Mais bon, Ana a une conscience ! Et une Déesse intérieure ! Sa conscience est la seule à être dotée de bon sens dans tout ce bordel, en dehors de Christian qui a des petits moments de lucidité. Quand à sa Déesse intérieur… Oh my God. Préparez-vous psychologiquement. Elle a une Déesse intérieur qui se moque d’elle, est aussi cruche qu’elle et qui « danse comme une folle en jupe hawaïenne rouge rien qu’à l’idée de lui appartenir ». Sa Déesse intervient très régulièrement et dans sa tête Ana imagine qu’elle est soit dans une chambre, soit dans un stade, se tape la discute avec, ect. Mon chéri-presque-parfait, schizophrène de son état tient à rajouter que même lui, il ne se tape pas des délires aussi profonds. C’est pour dire. Mais comment a-t-elle fait pour tomber amoureuse, me direz-vous ? Et bien j’ai eu du mal à saisir. Elle déteste le comportement de Christian, le trouve arrogant, maniaque du contrôle… Mais il est beau. Et c’est le seul argument qu’elle avancera dans ce premier tome pour se justifier : il est beau. Donc, Ana est superficielle, belle image pour les jeunes demoiselles qui ont lu ce livre. Tu as rencontré un jeune homme, mais c’est pas ce qui te convient ? Est-il beau ? Oui ? Alors FONCE MA BELLE RATE PAS TA CHANCE IL EST BEAAAAAU.

Christian est beau. Seule info sur lui. Non je rigole, il à 27 ans et est le PDG d’une grande société dans je-ne-sais-quoi et a un énorme problème avec la nourriture, parce qu’il a connu la faim étant jeune et donc ne supporte pas le gâchis ni même que Ana saute un repas de temps en temps. C’est un véritable maniaque du contrôle, quand la situation lui échappe, vaut mieux pas se trouver dans les parages. Il est riche et aime le montrer en offrant des cadeaux hors de prix à Ana. Quand celle-ci lui demande pourquoi il lui offre des cadeaux aussi chers (Blackberry, MacBook Pro, Audi, ect…), il lui répond toujours que c’est parce qu’il en a les moyens. D’ailleurs Ana refusera tous ses cadeaux, pour au final les accepter. En gros, à chaque fois c’est comme ça :

« -Oh, un cadeau de Christian ! Mais ça a du lui coûté cher ! Je ne peux pas accepter !
-Mais ça me fait plaisir, accepte ce cadeau et tais-toi, je suis riche et j’ai plein de sous à dépenser, donc tu acceptes et tu te tais s’il te plaît, et vient on va baiser. (parce que Christian le dit lui-même, il ne fait pas l’amour, il baise. Romance, hein).
-Ok j’accepte :coeurcoeurlove: »

Passons au contrat SM qu’il veut lui faire signer et au sexe. Je vous prévient, c’est lol.

Le contrat est barbant à lire, style contrat d’ouverture de compte bancaire. Le contrat nous promet de belles choses si ce n’est Ana, qui négocie le tout pour presque rien avoir de tout ce qu’il lui propose, en remettant en cause qu’elle serait soumise, alors que c’est la base même du contrat et qu’elle a quand même accepté, sinon il ne lui aurait pas filé. J’ai tiqué sur certains point du contrat comme le fait qu’il lui offre un coach sportif, des séances en institut de beauté et des vêtements, alors que c’est lui le dominant. Il suffit de chercher des vrais contrats SM sur google pour comprendre que celui de l’auteur ne tient pas la route, et que c’est plutôt à Miss soumise-mais-pas-trop de lui offrir des cadeaux de ce style. Je tient à le préciser maintenant, il y a les auteurs qui font des recherches pour paraître plus convaincant, et il y a E.L. James.

Les limites à ne pas franchir données par Christian sont pour la plupart légitimes, comme aucun actes impliquant des enfants et des animaux, mais l’autre moitié est un peu monnaie courante dans le milieu SM (je vous renvois à votre recherche google), comme la suffocation et laisser des marques permanentes. Bref, pour moi ça ne tient pas la route.

Ana et le sexe, c’est illogique en toute part. D’ailleurs, la première chose qui l’excite dans l’histoire, c’est quand elle utilise la brosse à dent de Grey avant de partir le matin, elle a l’impression d’être une mauvaise fille. Si ça c’est excitant, je ne veux pas voir la suite. Ana comprend que son amant aime la douleur, et nous sort cette petite phrase toute mignonne que je vais démonter juste après : « Il aime faire mal aux femmes, cette idée me consterne ». Se renseigner avant d’écrire un bouquin tu dois. Pendant un rapport sexuel, notre cerveau relâche une substance appelée l’endorphine, merveilleuse substance qui transforme l’information « douleur » en plaisir. En bref, ce qu’il lui promet ne lui fera absolument pas mal, au contraire. Mais bon, passons. Enfin non, ne passons pas.

Je pensais que les scènes de sexe relèverais le niveau, et j’en attendais beaucoup de la « chambre rouge de la douleur » (que l’on appellera la Red room of Pain, parce que ça fait 125416 fois plus classe qu’en français). A l’intérieur de cette pièce on y trouve l’attirail parfait de l’apprenti SM : croix de St André (que l’auteure appellera « La croix en forme de X » parce que « se renseigner avant d’écrire tu dois »), multiples fouets, cravaches, martinets, grand lit, menottes, mousqueton et corde pour le bondage, divers autres objets BREF on s’attend à du lourd, du très très lourd. Et au final Christian ne se servira que des menottes, un bandeau pour les yeux, le lit, une cravache et un martinet. C’est SM pour vous ? Pas pour moi. Je ne suis pas convaincue du tout.

Ana à la merveilleuse chance de se taper des orgasmes multiples, mais entre ce qui se passe réellement dans notre corps à ce moment là et dans celui de notre « héroïne », il se passe des tas de choses différentes. Revenons sur une chose que toutes les femmes connaissent :
L’orgasme multiple est une chose rare et qui arrive qu’à la moitié des femmes. Pour que ça arrive, après le tout premier orgasme, il faut que le partenaire continue de s’occuper de nous pour que le tout s’enchaîne. Dans ce cas-là, les orgasmes ne sont que des échos du premier, une copie si vous préférez. Plus il y en a, moins ils sont intenses, et ils mettent trois fois plus de temps à arriver. L’autre moyen d’en avoir plusieurs, c’est d’attendre 20 à 30 minutes après le premier, le temps que le corps récupère pour pouvoir remettre le couvert. Mais chez Ana, ça ne se passe pas comme ça. Ses orgasmes sont de plus en plus intenses et surtout, il se passe toujours minimum 5 min avant que Christian recommence à s’occuper d’elle, et ils viennent super rapidement. Je ne le dirais jamais assez, mais ON SE RENSEIGNE AVANT D’ÉCRIRE SURTOUT SI ON EST UNE FEMME. Bordel.

Moment cruchitude pour Ana, quand Christian lui demande si elle veut bien coucher avec, elle dit oui.
Donc il l’emmène dans sa chambre et lui demande si elle veut qu’il baisse les stores.
Elle lui demande pourquoi, parce que à la base, Grey refuse que quelqu’un dorme dans son lit. Mr.Beau lui dit: qui vous parle de dormir?
ET LÀ Ana réalise seulement qu’elle va y passer.
Il lui demande, l’emmène dans la chambre, lui demande si elle prend la pilule et sort une boîte de préservatif, commence à se déshabiller et elle réagit seulement 63782291010 ans après qu’elle va coucher avec. :applaudie à défaut de se frapper la tête contre le mur :

Quand à la fin, c’est le summum du débile. Tout se passe pour le mieux entre Ana et Christian, mais elle demande qu’il la frappe plus fort que d’habitude dans la Red room of Pain pour voir ce que ça fait quand il se lâche. Grey s’exécute, lui donne 6 coups de ceinture tout en sachant qu’elle a les moyens de tout arrêter grâce à des mots d’alerte. Elle ne l’arrête pas, se barre en courant et le largue parce que « oh mon dieu, il aime faire du mal » . MAIS BORDEL ANA C’EST QU’A LA FIN QUE TU RÉAGIS ? Le mec, quand même, commençait à tomber amoureux et commençait aussi à revoir l’éventualité de rendre le contrat caduc et elle gâche tout. La fin est une énorme déception et ne donne absolument pas envie de lire la suite, mais j’aurais quand même les autres bouquins pour mes prochains anniversaires.

Le livre est affreusement mal écrit et question fluidité, on repassera. Fautes d’orthographes majeures et de syntaxe seront au rendez-vous. Des fanfics, j’en ai lu pas mal pendant un temps et j’en ai lu des plus belles, des mieux écrites et surtout où les auteurs en herbe se renseignaient avant d’écrire une ligne. Les scènes de sexe sont tout aussi mal écrites, et l’auteur ne s’embarrasse pas de synonymes pour décrire l’acte en lui-même (comme dans le reste du livre…), si bien que par moment j’ai l’impression d’avoir déjà lu un passage. Les descriptions de lieu sont hyper longues, genre, comme ça :

« Nous habitons dans un lotissement près du campus de la Washington State University à Vancouver, petite ville reliée part un pont à Portland, dans l’état de l’Oregon »

C’est comme si je décrivais où j’habite comme ça :

« J’habite dans un immeuble d’un quartier bien connu à Caen pour son Stade Malherbe qui se trouve à 50mètres de chez moi, immeuble qui se trouve également à 50mètres d’une des prisons de cette grande ville se trouvant dans la région de la basse-normandie, en France, pays membre de l’union européenne. » Bref, on s’en tape, quoi.

Et j’en parlais au début, mes post-its. Avant de lire Fifty Shades, j’ai lu pas mal d’avis sur le bouquin, dont certains m’ont faite éclatée de rire et je pensais qu’ils exagéraient quand ils disaient que Ana rougissait tout le temps, se mordait la lèvre tout le temps où qu’elle disait que Christian est beau. Bah en faite non, je vous laisse voir par vous même :

Rose (et rose à pois blancs) (OUI, j’avais plus de post-its) : Ana rougis
Jaune : elle se mord la lèvre
Orange : Christian est beau
Blanc (mais on voit pas des masses) : Scène de sexe

fifty illu

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